L’armée birmane a tué 25 opposants lors d’affrontements avec un “groupe local de défense” dans le centre du pays, ont rapporté dimanche des villageois. Ces groupes sont composés de militants opposés au putsch du 1er février, dotés de fusils de chasse et d’armes artisanales.
La spirale de la violence s’aggrave en Birmanie, où des groupes d’opposants à la junte ont pris les armes pour en découdre avec les forces militaires. C’est lors d’un affrontement de ce type que 25 combattants et civils opposés au coup d’État ont été tués par l’armée, ont rapporté des villageois, dimanche 4 juillet.
Depuis le coup d’État militaire qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi, le pays est en proie à des troubles qui ont entraîné la mort de 890 personnes, selon une ONG locale.
Dans certaines zones, les civils se sont organisés en “groupes de défense” pour lutter contre la junte, utilisant le plus souvent des fusils de chasse ou des armes artisanales.
La région autour de Saigaing (centre) connaît en particulier une multiplication d’escarmouches entre ces groupes et des militaires. Vendredi, des combats ont éclaté dans le canton de Depayin.
Selon des habitants interrogés par l’AFP, des militaires arrivés à bord de camions ont ouvert le feu sur un village près de la jungle pour tenter d’en déloger des membres du groupe local de défense.
“On avons entendu à 26 reprises des tirs d’artillerie”, a assuré un villageois. “Ils ont tiré sur tout ce qui bougeait sur la route et dans le village”, a-t-il ajouté, précisant que des civils figurent parmi les victimes.
Les villageois ont attendu le lendemain pour quitter leur maison et compter les victimes, selon un autre témoin, qui a aidé à ramasser les corps autour de Depayin. “Nous avons d’abord trouvé neuf corps que nous avons enterrés” dès samedi, a-t-il déclaré, ajoutant que huit victimes supplémentaires avaient été retrouvées par une autre équipe. Dimanche, huit nouveaux corps ont été découverts.
“J’ai remarqué que la plupart ont été abattus d’une balle dans la tête”, a-t-il assuré, une observation confirmée à l’AFP par une autre personne ayant participé aux inhumations.
Manifestations quotidiennes
Selon cette même source, la présence militaire s’intensifie dans la région, entraînant le déplacement des milliers d’habitants qui craignent une nouvelle attaque.
La BBC, dans sa version en langue birmane, a fait état d’un bilan similaire.
Les médias d’État ont assuré que des militaires en patrouille avaient été pris dans une embuscade. Selon le quotidien Global New Light of Myanmar, les soldats ont repoussé des “terroristes armés” et retrouvé par la suite “quatre mortiers et six armes à feu”.
Lors d’une autre attaque dans la région de Sagaing, un membre des forces de sécurité a été tué et les autorités “travaillent à assurer la stabilisation de la région”, selon le journal.
Malgré les menaces de répression, des manifestants descendent toujours quotidiennement dans les rues pour défier le régime militaire. Dimanche à Sagaing, des habitants ont organisé de courts rassemblements, faisant le salut à trois doigts, symbole de résistance.
Avec AFP