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L’étau judiciaire se resserre autour d’Allen Weisselberg, discret comptable de Donald Trump

Le directeur financier de la Trump Organisation, Allen Weisselberg, a été inculpé, jeudi, pour délits financiers. L’homme qui gère les comptes de Donald Trump depuis près de 40 ans est la priorité de tous les enquêteurs qui s’intéressent aux affaires du l’ex-président américain.

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D’un côté, il y a la Trump Organisation, entité sans visage et tentaculaire qui chapeaute l’empire immobilier de l’ex-président américain. De l’autre, il y a Allen Weisselberg, un petit homme de 73 ans au crâne dégarni qui porte des lunettes, une moustache et tient les comptes de Donald Trump depuis près d’un demi-siècle.

Les deux ont été inculpés, jeudi 1er juillet, pour délits fiscaux par le procureur de New York, Cyrus Vance. Allen Weisselberg, directeur financier de la Trump Org., devient ainsi la seule personne physique a être poursuivie nommément par les autorités new-yorkaises dans le cadre de cette procédure débutée il y a trois ans.

Relation symbiotique

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C’est dire si ce comptable est important aux yeux des enquêteurs qui veulent en savoir plus sur les affaires de Donald Trump. Allen Weisselberg a beau être peu connu du grand public, savoir se faire discret et avoir adopté un look de simple gratte-papier de bureau anonyme, il est un rouage central de la Trump Inc.

Il est l’un des employés en qui l’ex-président américain a le plus confiance… et depuis le plus longtemps. Lorsque Donald Trump est entré à la Maison Blanche, en novembre 2016, il a confié les clefs de son empire à ses deux fils et à Allen Weisselberg.

Il a été surnommé le “Mr Loyal” du patron, son bon petit soldat toujours prêt à exécuter les ordres et les anticiper. Donald Trump et lui “sont comme Batman et Robin. Ils forment une équipe qui fonctionne parfaitement”, avait expliqué Jenny Weisselberg, l’ex-femme du fils d’Allen Weisselberg, interrogée par le New York Times. “Si Donald avait attrapé froid, c’est Allen qui éternuait”, a raconté au Wall Street Journal un ancien employé de la Trump Organization sous couvert d’anonymat.

Une relation symbiotique qui ne s’est pas faite du jour au lendemain. Allen Weisselberg est entré au service de la famille Trump au début des années 1970 à l’époque où le grand chef était Fred Trump, le très redouté patriarche familial. 

Allen Weisselberg a commencé en bas de l’échelle, comme simple comptable. Dès le début des années 1980, il se fait remarquer par Donald Trump, alors en train d’essayer de mettre en place son propre empire immobilier.

Sur son temps libre, le comptable se met au service du fils du patron. Il passe ses soirées et ses week-ends à mettre les comptes de Junior en ordre, raconte le New Yorker dans un article publié en 2018, consacré à Allen Weisselberg.

Un dévouement récompensé en 1986 lorsque Donald Trump lui propose de travailler à temps plein pour lui. Allen Weisselberg va alors gravir les échelons de l’empire immobilier naissant, s’impliquant corps et âme dans son travail. C’est ainsi qu’il a construit sa légende professionnelle : celle de l’employé qui arrive toujours le premier au bureau, et part le dernier. Il s’est aussi souvent vanté de ne jamais prendre de vacances, raconte ProRepublica, un site américain de journalisme d’investigation.

L’homme de tous les secrets….

En 2000, il obtient enfin le poste de directeur financier. D’abord seulement des casinos de Donald Trump, puis de l’ensemble des activités du groupe.

Il devient alors la personne au sein de l’empire Trump à avoir la vue la plus complète de toutes les affaires du groupe. Surtout qu’il est connu pour vouloir tout superviser dans le moindre détail, raconte le Washington Post.

À partir de là, il commence à devenir célèbre parmi ceux qui suivent de près l’ascension du magnat de l’immobilier devenu président des États-Unis. “Les journalistes qui couvrent les affaires de Donald Trump ont tous déjà entendu un de leurs interlocuteurs dire sous une forme ou une autre la phrase : ‘Je ne sais pas, Allen, lui, est au courant’”, affirme Adam Davidson, journaliste au New Yorker, interrogé par le Washington Post.

Allen Weisselberg est aux premières loges lorsque les casinos de Donald Trump à Atlantic City font faillite, en 2002. Il s’occupe des comptes de la controversée Fondation Trump, qui a longtemps servi de caisse noire pour Donald Trump. C’est lui aussi qui s’occupe de l’aspect financier de l’expansion de l’empire Trump à l’international.

Enfin, il a aussi géré des questions plus sensibles… comme trouver un arrangement financier avec Stormy Daniels, une ancienne star du X qui menace de révéler sa liaison avec Donald Trump alors que ce dernier s’apprête à lancer sa campagne pour devenir président des États-Unis. 

Ce dossier vaudra à Allen Weisselberg ses premiers déboires avec la justice. C’est Michael Cohen, l’ex-avocat personnel de Donald Trump, qui va impliquer la directeur financier de la Trump Org. dans cette affaire en 2018. Il affirme aux enquêteurs qu’Allen Weisselberg est celui qui détient toutes les réponses quant à l’argent versé à la star du porno.

… va-t-il se mettre à table ?

Lorsque le ministère américain de la Justice annonce qu’Allen Weisselberg va bénéficier d’une immunité en échange de son témoignage dans ce dossier, la planète Trump retient son souffle. L’homme qui sait où se cache le moindre centime de la fortune de l’ex-président va-t-il se mettre à table ?

Finalement, le “Mr Loyal” ne semblait alors pas avoir été prêt à tout déballer. Les proches de Donald Trump en sont d’autant plus ravis que l’immunité garantit à Allen Weisselberg de ne plus être interrogé dans le cadre des enquêtes fédérales concernant son patron.

Mais le directeur financier de Trump n’est pas à l’abri au niveau des États. Et le procureur de New York s’intéresse à sa rémunération. Pas à son salaire officiel – environ 400 000 dollars par an plus des primes pouvant aller jusqu’à 500 000 dollars – mais aux avantages qu’Allen Weisselberg aurait oublié de déclarer au fisc. Il est notamment question d’un logement gratuit dans l’un des complexes de luxe de Donald Trump, d’une voiture offerte, d’une bourse pour qu’un de ses enfants aille dans l’une des meilleures écoles privées de la Côte Est, etc.

Pour le New York Times, ces accusations de délits fiscaux sont une manière “d’accentuer la pression sur Allen Weisselberg, afin qu’il apporte des informations pour nourrir l’enquête en cours” sur les affaires de Donald Trump. Il n’a peut-être pas craqué dans la dossier Stormy Daniels, mais “la perspective de faire jusqu’à dix ans de prison [pour ces délits fiscaux, NDLR] pourrait le convaincre”, note le quotidien new-yorkais.

Donald Trump ne veut pas y croire. Il a déjà dit, dans la passé, faire confiance “à 100 %” à Allen Weisselberg. Et après l’annonce de l’inculpation de son directeur financier, il a dénoncé une “chasse aux sorcières” contre un véritable “homme d’honneur”. Un choix terminologique intéressant, puisque c’est aussi l’un des surnoms donnés aux mafieux qui jurent de ne pas briser l’omerta.

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