Quatre-vingts paysans cambodgiens de l’ethnie Bunong ont été déboutés, vendredi, par le tribunal judiciaire de Nanterre. Ils estimaient avoir été spoliés de leur forêt ancestrale par le groupe Bolloré, remplacée par des plantations de caoutchouc. L’avocat des paysans a fait appel de ce jugement.
Victoire judiciaire pour le groupe Bolloré. Quatre-vingt paysans cambodgiens de l’ethnie Bunong qui attaquaient le groupe français pour s’être accaparé illégalement leurs terres ont été déboutés, vendredi 2 juillet, par le tribunal judiciaire de Nanterre, près de Paris, selon la décision consultée par l’AFP.
Les Bunongs, une communauté itinérante et animiste de l’est du Cambodge, reprochent à Bolloré la destruction de lieux de culte et d’arbres centenaires considérés comme des divinités. Ils s’estiment spoliés de leur forêt ancestrale, remplacée en 2008 par des plantations de caoutchouc.
En réponse, ils avaient lancé, en 2015, une série d’actions de protestation contre la société Bolloré et la Compagnie du Cambodge.
L’action jugée irrecevable
Les demandeurs affirment notamment que “leur expropriation a entraîné à la fois une perte de revenus et les a privés des moyens de subsistance”.
Dans le jugement rendu vendredi, “il résulte qu’aucun des 80 demandeurs et intervenants volontaires ne justifie d’un droit réel ou personnel pour exploiter les terres litigieuses”. “L’action engagée par chacun d’eux sera dès lors déclarée irrecevable pour défaut de qualité et d’intérêt à agir”, précise la décision.
En novembre 2019, le tribunal de Nanterre avait invité les paysans à produire des preuves établissant l’existence des terres et un document justifiant l’état civil de chacun.
“Ce jugement est stupéfiant et en décalage avec le droit international pour les peuples indigènes, car le tribunal a rejeté les documents permettant d’établir l’identité et la relation avec les terres de mes clients” a réagi auprès de l’AFP l’avocat des paysans Me Fiodor Rilov, qui a fait appel de ce rejet devant la cour d’appel de Versailles, près de Paris.
Ils doivent payer une “indemnité de procédure” à Bolloré ainsi qu’à la société Compagnie du Cambodge de 20 000 euros, selon le jugement de vendredi.
Avec AFP