Le ministère des Armées a annoncé, vendredi, que les forces militaires françaises ont repris les opérations conjointes avec les troupes maliennes dans le pays d’Afrique de l’Ouest. Le président Emmanuel Macron avait suspendu les opérations au Mali depuis le 3 juin.
La France fait marche arrière au Mali. Les militaires français vont reprendre leurs opérations conjointes avec les forces armées maliennes dans le pays d’Afrique de l’Ouest, après avoir suspendu leur coopération bilatérale à la suite d’un second coup d’État dans le pays en mai, a annoncé vendredi 2 juillet au soir le ministère des Armées.
“À l’issue de consultations avec les autorités maliennes de transition et les pays de la région, la France prend acte des engagements des autorités maliennes de transition” endossés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), et a “décidé la reprise des opérations militaires conjointes ainsi que des missions nationales de conseil, qui étaient suspendues depuis le 3 juin dernier”, annonce Paris dans un communiqué.
“La France reste pleinement engagée, avec ses alliés européens et américains, aux côtés des pays sahéliens et des missions internationales”, pour combattre les groupes jihadistes qui sévissent au Sahel, a conclu le ministère des Armées.
Des consultations pour remplacer l’opération Barkhane
Un groupe de colonels avait poussé à la démission en août 2020 le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Les putschistes s’étaient ensuite engagés sous la pression internationale à une période de transition limitée à 18 mois et conduite par des civils. Mais le 24 mai dernier, le colonel Goïta, resté le véritable homme fort de la transition, avait foulé aux pieds cet engagement en faisant arrêter le président et le Premier ministre. Il s’est depuis fait proclamer président de la transition par la Cour constitutionnelle.
Après ce deuxième putsch en neuf mois, le président Emmanuel Macron avait déclaré le mois dernier que l’opération de la France contre les militants islamistes dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest prendrait fin.
Emmanuel Macron avait alors expliqué que des consultations concernant la poursuite de l’engagement français au Sahel devaient être menées avec les États-Unis et les partenaires européens de la France, ainsi qu’avec les pays du G5 Sahel (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie).
La force antijihadiste française Barkhane (5 100 hommes actuellement) va donc disparaître au profit d’un dispositif resserré, focalisé sur la lutte antiterroriste et l’accompagnement au combat des armées locales.
Mais “cette transformation ne signifie pas le départ du Sahel, ni que nous allons ralentir nos opérations de contre-terrorisme” dans la région, a souligné plus tôt vendredi la ministre française des Armées, Florence Parly.
La montée en puissance de Takuba espérée
“Nous avons collectivement, (nous) Européens, une responsabilité de sécuriser le flanc sud de l’Europe. Il est essentiel de ne pas permettre que le Sahel et plus largement l’Afrique deviennent une zone refuge et d’expansion pour ces groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique”, a-t-elle jugé.
Pour réduire la voilure au Sahel, la France compte beaucoup sur la montée en puissance du groupement de forces spéciales européennes Takuba, créé à l’initiative de Paris pour accompagner les unités maliennes au combat.
“Aujourd’hui, nous ne voyons pas d’inflexions, de réticences ou de remise en cause liées à la situation” politique au Mali, a assuré Mme Parly, estimant “d’autant plus important que nous consolidions Takuba que nous lui voyions un rôle majeur dans les prochaines années”.
Takuba rassemble aujourd’hui au Mali 600 hommes : la moitié sont des Français, les autres des Estoniens, des Tchèques, des Suédois et des Italiens. La Roumanie s’est également engagée à y participer.
Avec AFP et Reuters