Après avoir joué tous ses matches de l’a compétition à Londres, la sélection anglaise se déplace à Rome, en Italie, pour se mesurer à l’Ukraine samedi, en quarts de finale. Bien que loin de leur cocon, les Three Lions s’avancent en confiance. Mais gare aux Ukrainiens emmenés par leur sélectionneur Andreï Chevchenko, en terrain connu dans la capitale italienne.
C’est une tradition depuis 25 ans, à chaque fois que l’équipe d’Angleterre semble en mesure d’aller chercher un titre majeur. Le tube “Three Lions” et son refrain “It’s coming home” (“Elle rentre à la maison”) reviennent à la mode de l’autre côté de la Manche. Encore plus après la victoire des Anglais face à l’Allemagne en huitièmes de finale de l’Euro-2021 (2-0).
Changement de décor pour le quart de finale face à l’Ukraine, samedi 3 juillet. Exit le stade Wembley de Londres, théâtre du premier tour et du choc remporté face à la Nationalmannschaft. Pour espérer jouer la demi-finale et la finale dans l’écrin de la capitale anglaise, il faut remporter ce quart au stade olympique de Rome, en Italie. Du coup, la presse britannique innove : “It’s coming Rome”, clame-t-elle.
Une chance unique pour les Anglais
Alors que 40 000 spectateurs garnissaient les tribunes de Wembley face à l’Allemagne, ils seront bien moins nombreux pour la rencontre face aux Ukrainiens. Le stade romain est limité à 16 000 spectateurs maximum, en raison de la pandémie de Covid-19. Et le contexte sanitaire a poussé la Fédération anglaise de football a renoncé aux 2 500 places qui lui étaient allouées. Par ailleurs, l’Italie a annulé les billets récemment vendus à des résidents du Royaume-Uni pour éviter un afflux de supporters. Le variant Delta, qui représente 95% des cas de contamination en Grande-Bretagne, inquiète les autorités italiennes.
Loin de chez elle, privée de soutien et affublée de l’étiquette de favori, l’Angleterre sera-t-elle aussi performante ? Pour Roy Keane, les Three Lions se doivent de réussir ce match à l’extérieur. L’ex-milieu de terrain de Nottingham Forrest et de Manchester United, reconverti consultant pour la BBC, estime que “l’Angleterre n’aura jamais, jamais, jamais une meilleure opportunité de gagner l’Euro”. “S’ils ont la chance d’aller en finale, ils auront joué six de leurs sept rencontres à Wembley. On ne peut pas espérer beaucoup mieux”, insiste l’Irlandais.
Outre ses attaquants Raheem Sterling et Harry Kane, auteur des quatre buts anglais dans la compétition, le sélectionneur Gareth Southgate peut compter sur une défense solide. Le trio défensif Kyle Walker-Harry Maguire-John Stones a brillé au tour précédent. Le gardien Jordan Pickford, lui, n’a toujours pas encaissé le moindre de but depuis le début de l’Euro. Ses prouesses ont écœuré les attaquants allemands. Méfiance tout de même, car les Ukrainiens sont dirigés par une ancienne terreur des surfaces.
Chevchenko comme chez lui en Italie
Sélectionneur de la “Zbirna” depuis cinq ans, Andreï Chevchenko connaît bien le stade olympique. Pas autant que San Siro, certes, mais en huit années passées en Italie, l’ancien attaquant a souvent joué et marqué à Rome. Auteur de 175 buts en 324 matches sous les couleurs de l’AC Milan (1999-2006 et 2008-2009), vainqueur de la Ligue des champions 2003, champion d’Italie 2004, meilleur buteur de Serie A à deux reprises (2000 et 2004), Ballon d’Or 2004… “Cheva” a construit sa légende en Italie.
Son parcours de joueur s’est effrité à partir de 2006, quand il quitta Milan pour… l’Angleterre et le club de Chelsea. Chez les Blues (2006-2008), le chasseur ne trouva pas sa place et ne déploya jamais les qualités qui en avaient fait l’un des meilleurs footballeurs du monde. Si sa cote d’amour en Italie est restée au beau fixe, en Angleterre, son passage est resté comme un fiasco onéreux, fruit d’un souhait personnel du propriétaire russe Roman Abramovitch. Ce dernier voulait absolument s’offrir Andreï Chevchenko, en dépit d’une ligne offensive déjà rodée (Didier Drogba, Arjen Robben, Hernan Crespo, Eidur Gudjohnsen…). Mal lui en a pris.
De quoi laisser au coach âgé de 44 ans une certaine aigreur vis-à-vis de l’Angleterre ? Pas vraiment. Andreï Chevchenko vit toujours à Londres, malgré ses déboires passés à Chelsea. Et aujourd’hui, il pense avant tout à envoyer sa sélection en demi-finale. Ce serait historique, l’Ukraine n’ayant jamais atteint ce niveau en compétition internationale (quart-de-finaliste du Mondial-2006 et donc de l’Euro-2021). La fatigue due à la prolongation face à la Suède en huitièmes de finale (2-1) et la confiance des Anglais n’ébranlent pas les convictions de Shevchenko. “Les forces de l’Angleterre ne doivent pas nous faire peur. (…) Tout est possible en football”, martèle-t-il.