Le président brésilien, Jair Bolsonaro, est accusé d’avoir fermé les yeux sur des soupçons de corruption autour de l’achat d’un vaccin indien. Le parquet a ouvert, vendredi, une enquête sur les accusations portées contre lui.
Le parquet brésilien a annoncé, vendredi 2 juillet, “l’ouverture d’une enquête” sur des accusations portées contre le président Jair Bolsonaro, soupçonné d’avoir omis de signaler une tentative de corruption dans son gouvernement à l’occasion d’achats de vaccins contre le Covid-19.
“Dans un avis publié ce vendredi matin, le bureau du procureur général a informé la Cour suprême de l’ouverture d’une enquête sur les événements rapportés” par trois sénateurs, qui ont accusé lundi Jair Bolsonaro de “prévarication”, explique le parquet dans un communiqué.
Parmi ces sénateurs, le vice-président d’une commission d’enquête du Sénat (CPI) épingle le gouvernement Bolsonaro sur la façon dont la crise sanitaire a été gérée. Randolfe Rodrigues, lui, avait estimé que le chef de l’État n’avait “pris aucune mesure après avoir été prévenu d’un gigantesque réseau de corruption au sein du ministère de la Santé”.
“La prévarication est un délit prévu par le code pénal”, avait-il rappelé.
Des poursuites “peu probables”
La semaine dernière, un fonctionnaire du ministère de la Santé, Luis Ricardo Miranda, le responsable des importations dans le domaine médical au ministère, a dit devant la CPI avoir subi des “pressions atypiques” pour approuver l’achat de doses du vaccin indien Covaxin – qu’il jugeait surfacturées.
Ce fonctionnaire et son frère, le député Luis Miranda, ont révélé avoir fait part de leurs soupçons à Jair Bolsonaro mais aucune mesure n’aurait été prise par le président.
Désormais, le procureur général adjoint, Humberto Jacques de Medeiros, a demandé à la juge de la Cour suprême Rosa Weber l’autorisation de réclamer des éléments sur l’affaire “et la présentation éventuelle de preuves” recueillies par d’autres organes judiciaires et législatifs.
Si les preuves rassemblées sont suffisantes, le bureau du procureur demandera à la Cour suprême d’entamer des poursuites contre le chef de l’État. Mais la Cour suprême doit pour cela obtenir l’approbation des deux tiers des membres de la Chambre des députés et Jair Bolsonaro serait démis de ses fonctions pendant six mois, le temps qu’aboutissent les poursuites.
Ce scénario semble toutefois peu probable étant donné le soutien dont dispose le président d’extrême droite à la chambre basse du parlement.
“L’ouverture d’une enquête (sur l’accusation de prévarication) est une défaite pour le président mais je ne vois aucun élément qui garantisse des poursuites”, a déclaré à l’AFP l’analyste politique Creomar de Souza, du cabinet de conseil Dharma.
Parallèlement à la CPI et à l’enquête en cours du parquet, l’opposition fait pression pour que le président de la Chambre des députés accepte d’ouvrir une procédure de destitution contre Jair Bolsonaro. De nouvelles manifestations seront organisées samedi à Rio pour réclamer sa destitution.
Avec AFP