La Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a jugé mardi “profondément préoccupante” l’augmentation des violations des droits humains depuis août 2020 au Mali. “L’impunité généralisée” constitue un risque grave pour la protection des civils, a-t-elle prévenu dans un communiqué.
“L’impunité généralisée” des violations des droits humains au Mali constitue un risque grave pour la protection des civils, a prévenu mardi le bureau de la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, déplorant la détérioration de la situation.
“J’exhorte à nouveau les autorités maliennes à briser le cycle de l’impunité et à mener des enquêtes rapides, approfondies, impartiales et efficaces sur toutes les allégations de violations des droits de l’Homme et atteintes à ces droits, y compris celles commises par l’armée. L’obligation de rendre des comptes doit prévaloir pour garantir la paix”, a souligné Michelle Bachelet dans un communiqué.
“Je note que le Premier ministre malien a récemment déclaré qu’il s’engageait à mettre fin à l’impunité et j’appelle donc le gouvernement à traduire cet engagement en actes sans délai”, a-t-elle ajouté.
La responsable onusienne juge “profondément préoccupante” l’augmentation des violations des droits humains depuis août 2020 au Mali. Elle souligne les victimes civiles provoquées par des attaques répétées au cours des six derniers mois de jihadistes tels que ceux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jnim en arabe), lié à Al-Qaïda, ou du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS), ainsi que par les violences intercommunautaires.
La division des droits de l’Homme et de la protection de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a ainsi enregistré 617 atteintes aux droits humains commis par des groupes armés entre janvier et juin 2021, dont 165 homicides (147 hommes, neuf femmes, sept garçons et deux filles). Cela représente une augmentation de quelque 37 % par rapport aux faits documentés d’août à décembre 2020, indique le Haut-Commissariat.
Forte augmentation des enlèvements
Le communiqué indique qu’un exemple frappant de la détérioration de la situation des droits humains est la forte augmentation des enlèvements, principalement par des groupes armés communautaires et des milices dans le centre du pays, notamment la milice dogon Dan Nan Ambassagou, mais aussi par des groupes armés tels le GSIM.
Au cours des six premiers mois de 2021, la Minusma a recensé au moins 328 enlèvements (307 hommes, 11 garçons, neuf femmes et une fille), soit nettement plus que les 187 enregistrés en 2020 et quatre fois plus qu’en 2019, rapporte le Haut-Commissariat.
En outre, la Minusma a relevé une forte augmentation des violations commises par des acteurs étatiques au cours du premier semestre 2021 – passant de 53 violations enregistrées entre août et décembre 2020 à 213 entre janvier et juin de cette année.
Parmi celles-ci, 155 violations ont été perpétrées par les Forces de défense et de sécurité maliennes, dont les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires de 44 civils. Ces 155 violations représentent environ 73 % de celles commises par des acteurs étatiques.
Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste et jihadiste dans le Nord, le Mali est plongé dans une tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, malgré le soutien de la communauté internationale et l’intervention de forces de l’ONU, françaises et africaines.
Après plus de huit ans d’engagement, le président Emmanuel Macron a annoncé en juin une réduction future de la présence militaire française au Sahel, avec la fermeture de bases et une réarticulation de la lutte antijihadiste autour d’une alliance internationale associant des pays européens.
Avec AFP