C’est le premier grand salon à se tenir en partie en présentiel en France depuis plus d’un an. L’édition 2021 de VivaTech, la grand-messe parisienne de l’innovation technologique, s’est ouverte mercredi sous un format “hybride”, avec des start-up qui hésitent entre tirer un trait sur la parenthèse du Covid-19 et profiter des tendances que la pandémie a fait émerger.
Il est toujours possible de tester les immuables casques de réalité virtuelle… mais avec des masques de protection. Les visiteurs peuvent aussi de nouveau tapoter sur les 1001 écrans tactiles les abreuvant d’informations sur le salon – mais à charge pour eux ensuite de se nettoyer les mains avec du gel hydroalcoolique. Le président Emmanuel Macron a ainsi pu fêter – “en présentiel” – ses retrouvailles avec sa “start-up nation”. Mais cette année, la foule d’entrepreneurs, mélangée à l’armée de journalistes, n’a pas rendu les travées infranchissables en ce premier jour, mercredi 16 juin, de la cinquième édition du salon Viva Tech.
C’est la nouvelle réalité de cette grande foire parisienne à l’innovation qui, depuis ses débuts en 2016, a réussi à s’imposer comme l’un des principaux rendez-vous tech en Europe, attirant cette année encore des pointures comme Tim Cook, le PDG d’Apple, ou Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. Ces deux icônes du secteur répondront par vidéo aux questions posées par un interlocuteur présent, lui, en chair et en os, au Parc des expositions de la Porte de Versailles.
“Hybride” et “déroutant”
Des discussions mi-virtuelles, mi-réelles qui sont un condensé de ce que les organisateurs ont appelé un VivaTech “hybride”. Mais c’est surtout un salon qui hésite. Il a accepté de ne recevoir que 5 000 visiteurs, tous devant montrer patte blanche en présentant un test PCR négatif ou un justificatif de vaccination contre le Covid-19. C’est la dure loi de la situation sanitaire qui n’a, pourtant, pas seulement de mauvais côtés. “Cette année, on peut vraiment tout essayer”, s’enthousiasme ainsi un visiteur qui a réussi à monter dans le prototype de taxi volant qui constitue l’une des principales curiosités du salon.
Pour autant, les organisateurs n’ont pas abandonné leur ambition de rester dans les clous de la fréquentation de l’édition 2019 (125 000 visiteurs en trois jours) – grâce à une chaîne diffusant en direct les principaux rendez-vous du salon, précise le quotidien Les Échos, l’un des principaux partenaires de Viva Tech. Avec 40 % du salon “en digital”, le cru 2021 pourrait même devenir le précurseur des “salons du futur”. “Je suis convaincu que les prochains salons seront eux aussi hybrides, car ils touchent dix fois plus de personnes en mobilisant le même nombre d’employés”, prédit Matthieu Beucher, PDG de Klaxoon, une entreprise spécialisée dans l’organisation de réunions en entreprise, interrogé par Le Parisien.
En attendant, cela reste un peu déroutant pour les visiteurs. “Un événement comme Viva Tech doit aussi permettre de nouer des relations d’affaires, mais dans ces conditions, il est difficile de fixer des rendez-vous quand on ne sait pas qui pourra venir”, résume un investisseur qui a préféré gardé l’anonymat, interrogé par France 24. “J’ai appris que j’étais cas contact il y a quelques jours, et on a décidé à la dernière minute d’annuler ma venue”, explique une porte-parole d’une entreprise américaine qui avait pourtant un agenda chargé à Paris.
Une innovation sous influence du Covid-19 ?
Le salon hésite aussi à se positionner par rapport à la pandémie sur les thèmes mis en avant. À bien des égards, faire la tournée des start-up présentes ne donne pas l’impression de traverser une crise sanitaire historique. Il est toujours question de moyens de transport du futur, de robots à tout faire, “d’améliorer l’expérience client” grâce à la technologie ou de trouver des solutions tech pour rendre le monde plus respectueux de l’environnement.
Rien de neuf sous le soleil de VivaTech ? En réalité, derrière les apparences d’un salon voulant tourner la page de la pandémie, il apparaît qu’un grand nombre d’innovations a été influencé par la crise sanitaire. Beaucoup de start-up présentes veulent en effet apporter leur pierre à l’édifice des relations professionnelles 2.0, avec des solutions de bureaux virtuels à la pelle. Le salon fait aussi la part belle à la “deep tech”, c’est-à-dire l’innovation fondamentale sans application immédiate et évidente pour rentabiliser la découverte technologique.
Et ce n’est pas un hasard si les grands centres de recherche français, comme le CNRS ou l’Inserm, ont une forte présence au salon, insistant sur l’aspect “Deep Tech” des start-up qu’ils soutiennent. Le président Emmanuel Macron a aussi pris cette recherche fondamentale en exemple pour souligner l’importance de soutenir l’innovation en France comme en Europe.
C’est en effet cette recherche qui a permis de faire émerger des technologies qui se sont révélées décisives durant la pandémie. C’est le cas notamment des vaccins à ARN Messager qui, de celui mis au point par le groupe allemand Biontech pour Pfizer ou par le laboratoire américain Moderna, ont été parmi les plus efficaces pour protéger contre la maladie.