Après un procès qualifié d'”inique” par Amnesty international, Mustafa al-Darwish, appartenant à la minorité chiite, a été mis à mort mardi à Dammam, en Arabie saoudite, pour sa participation à des manifestations antigouvernementales lorsqu’il était adolescent.
Un homme de 26 ans appartenant à la minorité chiite a été exécuté, mardi 15 juin, à Dammam, en Arabie saoudite. Mustafa al-Darwish est accusé d’avoir lancé une “révolte armée” contre les dirigeants saoudiens et pour “déstabilisation de la sécurité” du royaume en raison de sa participation à des manifestations antigouvernementales lorsqu’il était adolescent, a rapporté l’agence de presse officielle saoudienne SPA.
Il avait été arrêté en mai 2015 pour participation présumée à des manifestations lors des soulèvements du Printemps arabe entre 2011 et 2012, ont relevé plusieurs ONG dont Amnesty international, qui a souligné qu’il n’avait à l’époque que 17 ou 18 ans.
“En procédant à cette exécution, les autorités saoudiennes ont fait preuve d’un mépris déplorable pour le droit à la vie”, a relevé Amnesty dans un communiqué. “Mustafa al-Darwish est la dernière victime en date d’une justice saoudienne grandement déficiente, qui condamne régulièrement à mort des personnes à l’issue de procès iniques se fondant sur des aveux obtenus sous la torture.”
Selon l’ONG britannique Reprieve, sa famille a appris son exécution en “lisant les actualités sur Internet”. Reprieve a également affirmé que le jeune homme avait été placé à l’isolement et torturé pendant son incarcération.
Des promesses “vides” de réforme
L’Arabie saoudite a annoncé en avril 2020 que la peine de mort ne serait plus prononcée à l’encontre de personnes condamnées pour des crimes commis lorsqu’ils avaient moins de 18 ans. Faisant référence à un décret royal, la Commission des droits humains (HRC) du pays avait précisé qu’elles écoperaient d’un maximum de dix ans d’emprisonnement dans un centre pour jeunes délinquants.
“Une fois de plus, les autorités saoudiennes ont démontré que leurs affirmations concernant l’abolition de la peine de mort pour les enfants ne valaient rien”, a constaté Ali al-Dubaisi, directeur de l’Organisation européenne-saoudienne des droits de l’Homme (ESOHR).
“La cruauté de cette exécution, sans information préalable, pour le crime d’avoir participé à des manifestations en tant qu’adolescent, illustre le vrai visage du (prince héritier) d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane“, a-t-il relevé, déplorant ”les continuelles promesses vides de réforme”.
Le prince, de facto dirigeant du pays, cherche à éteindre les critiques internationales concernant la situation des droits humains en Arabie et l’opacité de son système judiciaire pour pouvoir attirer investissements internationaux et touristes étrangers.
Le royaume affiche l’un des taux d’exécution les plus élevés au monde. Le HRC a fait état de vingt-sept exécutions en 2020, soit une baisse de 85 % par rapport à l’année précédente grâce notamment au moratoire sur les condamnations liées aux stupéfiants. D’après l’ESOHR, vingt-six personnes ont été exécutées depuis début 2021.
Avec AFP