Le ministère de la Communication algérien a annoncé, dimanche, que l’accréditation de France 24 en Algérie serait retirée en raison de son “hostilité manifeste”. La chaine d’information internationale a réagi en soulignant que sa couverture de l’actualité algérienne se faisait “dans la transparence, l’indépendance et l’honnêteté”.
Les autorités algériennes ont annoncé, dimanche 13 juin, le retrait de l’accréditation de la chaîne d’information en continue France 24. Une décision motivée officiellement par l'”hostilité manifeste et répétée”, de la chaîne, qui avait déjà été mise en garde en mars pour sa couverture du Hirak.
Ce retrait est aussi motivé par “le non respect des règles de la déontologie professionnelle, la désinformation et la manipulation ainsi qu’une agressivité avérée à l’égard de l’Algérie”, a affirmé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Ammar Belhimer, cité par l’agence de presse officielle APS.
Cette décision s’inscrit dans le contexte d’un raidissement des autorités algériennes vis à vis des médias indépendants, en particulier depuis les grandes manifestations populaires du printemps 2019 – le Hirak – qui réclamaient le démantèlement du régime.
L’annonce du retrait de l’accréditation de France 24 intervient au lendemain d’élections législatives anticipées, dont l’objectif avoué de relégitimer le pouvoir en place se heurte à un fort taux d’abstention.
La chaîne d’informations, qui a couvert ce week-end les législatives depuis Alger en anglais, en arabe et en français, a réagi, dimanche 13 juin, en se disant étonnée “de ne pas avoir reçu d’explication” sur ce retrait des accréditions de ses correspondants.
“Nous avons appris en fin de journée que l’Algérie avait décidé de retirer les accréditations des correspondants de France 24 dans le pays. Notre chaîne s’étonne de ne pas avoir reçu d’explications et rappelle que notre couverture de l’actualité algérienne se fait dans la transparence, l’indépendance et l’honnêteté. Comme c’est le cas partout dans le monde”, a affirmé la chaîne dans un communiqué.
Procédure opaque et aléatoire
Depuis des années, les médias étrangers travaillant en Algérie sont soumis à une procédure d’accréditation bureaucratique, opaque et aléatoire.
Le directeur de l’Agence France-Presse (AFP) pour l’Algérie, Philippe Agret, nommé en octobre 2019, n’a jamais obtenu d’accréditation des autorités. Aucun motif n’a été fourni à ce sujet.
Les conditions de travail sont difficiles pour les journalistes algériens, sur fond de répression du Hirak par les autorités.
Né en février 2019 d’un rejet d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, président aphasique, ce mouvement de protestation s’est poursuivi malgré l’éviction de M. Bouteflika et de son clan, puis l’élection d’un nouveau chef de l’État, Abdelmajdid Tebboune.
Le Hirak réclame le démantèlement du système de gouvernance en place depuis l’indépendance en 1962.
Le pouvoir algérien affirme que les principales revendications du mouvement ont été satisfaites. Au lendemain des législatives algériennes du 12 juin, un scrutin rejeté par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l’opposition, les autorités ont annoncé un taux de participation national de 30,20 % – le score le plus faible depuis au moins 20 ans pour ce type de d’élection.
Avec AFP