Dans un rapport très documenté de 160 pages, Amnesty international qualifie de “crime contre l’humanité” le traitement infligé aux Ouïghours et à d’autres minorités musulmanes en Chine. L’organisation de défense des droits humains réclame commission d’enquête des Nations unies.
Torture, emprisonnement de masse, persécutions, internement dans des camps de travail… Le traitement infligé par la Chine aux Ouïghours et d’autres minorités musulmanes constitue des crimes contre l’humanité, conclut un rapport d’Amnesty international publié jeudi 10 juin.
“Les autorités chinoises ont créé un paysage d’enfer dystopique à une échelle stupéfiante dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang“, a déclaré dans un communiqué Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty international.
“Ouïghours, Kazakhs et autres minorités musulmanes sont confrontés à des crimes contre l’humanité et à d’autres graves violations des droits humains qui menacent d’effacer leurs identités religieuse et culturelle”, a-t-elle ajouté.
Emprisonnements, tortures et persécutions à grande échelle des minorités musulmanes au Xinjiang : non pas une “transformation par l’éducation” mais des crimes contre l’humanité !
Voici ce qui se passe dans les camps d’internement. 👇https://t.co/LCjais4PEM
— Amnesty France (@amnestyfrance) June 10, 2021
Dans un rapport de 160 pages, l’ONG a dévoilé des dizaines de nouveaux témoignages d’anciens détenus détaillant les “mesures extrêmes prises par les autorités chinoises depuis 2017 pour déraciner traditions religieuses, pratiques culturelles et langues locales” des minorités musulmanes de la région.
Le rapport détaille les incarcérations de masse depuis 2017, qui se chiffreraient en centaines de milliers, auxquelles s’ajoutent les internements dans des camps, qui atteindraient le million.
“Travail forcé”
Les témoignages recueillis évoquent l’éducation forcée infligée dans ces camps, pour contraindre les victimes à désavouer l’islam et abandonner dialecte et pratiques culturelles, et à apprendre le mandarin et la propagande du parti communiste chinois.
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Tous les anciens détenus interrogés par l’ONG racontent torture et mauvais traitements, coups, privations de sommeil et de nourriture, électrocution.
Amnesty évoque la mort d’un détenu resté attaché pendant 72 heures sur une chaise spéciale, devant ses codétenus.
“Le gouvernement chinois a déployé des efforts extraordinaires pour dissimuler ses violations du droit international relatif aux droits humains dans le Xinjiang”, estime Amnesty, dont la secrétaire générale a appelé au démantèlement “immédiat” des camps et à la mise sur pied d’une enquête des Nations unies.
Les États-Unis ont qualifié de “génocide” le traitement infligé par Pékin au Ouïghours, qualificatif que Londres s’est refusé à employer.
Selon des experts étrangers, plus d’un million de Ouïghours, principal groupe ethnique du Xinjiang, sont détenus dans des camps de rééducation et certains sont soumis à du “travail forcé”.
Pékin conteste et affirme qu’il s’agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils par des Ouïghours.
Avec AFP