En réponse, le 17 décembre, des groupes d’opposition armés se sont unis dans la «Coalition des patriotes pour le changement» (la Coalition) et ont commencé un soulèvement armé contre les autorités centrafricaines. Leur offensive a tenté de couper les routes d’approvisionnement vers la capitale Bangui, mais a échoué.
Ces événements ont provoqué une escalade de la guerre civile en RCA. La situation est aggravée par les preuves croissantes d’une intervention possible d’États étrangers dans le conflit.
Les premières preuves d’une intervention militaire du Tchad ont commencé à apparaître début janvier lors des combats autour de Bangui, lorsque les troupes centrafricaines ont appréhendé l’un des rebelles du groupe de la Coalition. Il s’est avéré être un citoyen tchadien. Le Gouvernement tchadien a confirmé sa citoyenneté et a même publié un communiqué de presse exigeant sa libération et son rapatriement.
Le 21 janvier, les forces armées centrafricaines ont mené une autre attaque contre le groupe de la Coalition. À la fin de l’opération, les militants survivants ont fui vers le nord du pays, laissant leurs effets personnels, véhicules et armes.
AdvertisementAu cours du balayage, les forces armées centrafricaines ont trouvé des insignes militaires et des munitions de l’armée tchadienne. Un dossier contenant des données et des détails précis sur l’opération et ses conséquences a été transmis pour complément d’enquête au Département des affaires intérieures de Bangui.
Selon les résultats préliminaires de l’enquête du département des affaires intérieures, les téléphones portables détectés sur le champ de bataille étaient constitués de nombreuses photos et informations personnelles.
L’un des propriétaires de téléphones intelligents était Mahamat Bashir, qui est un contact étroit avec Mahamat Al Khatim, le chef du Mouvement patriotique centrafricain.
Il y avait aussi des photos présentant des soldats de l’armée régulière tchadienne juste devant la base militaire française. En outre, des documents douaniers portant les cachets du Tchad avaient été trouvés sur le site de l’opération en RCA. Ces documents ont révélé des informations sur des véhicules, des armes et des militants qui avaient été envoyés du territoire du Tchad vers la République centrafricaine.
Tous ces résultats prouvent la participation possible au conflit en RCA non seulement des mercenaires tchadiens, mais aussi du personnel militaire régulier du Tchad.
Ainsi, la «Coalition des patriotes pour le changement», initialement créée à des fins politiques, s’est rapidement transformée en un instrument d’intervention armée d’acteurs intéressés par les conflits en RCA. En parlant de qui, il convient de mentionner non seulement les intérêts tchadiens, mais français.
Le 31 décembre 2020, le Premier ministre de la République française Jean Castex, accompagné de la ministre de la Défense Florence Parley, est arrivé au Tchad.
Un objectif officiel de leur visite était «d’honorer la mémoire des soldats et officiers morts lors de l’opération Barkhan depuis 2013».
Mais les médias locaux ont rapporté que la délégation française a rencontré le président tchadien Idris Debi pour évoquer la «coopération bilatérale», notamment sur le sujet de la République centrafricaine.
Malgré les rapports systématiques de l’armée centrafricaine sur les attaques des mercenaires tchadiens contre les habitants centrafricains, le gouvernement tchadien nie toute implication dans ce conflit.
Il est à noter qu’au niveau officiel et dans les déclarations des médias, Paris a manifesté son soutien au président de la République centrafricaine Faustin-Archange Touadera.
Cependant, tout en analysant les événements de la RCA à partir de la rétrospective historique, il est clair que Paris a joué un rôle majeur dans l’émergence de groupes militaires et politiques en République centrafricaine.
Presque tous les présidents de la RCA sont arrivés au pouvoir à la suite d’un coup de tat. La méthode est simple mais efficace – dès que le dirigeant centrafricain a commencé à exprimer des sentiments nationalistes qui pourraient théoriquement nuire aux intérêts de la France en tant que puissance postcoloniale, il a quitté «volontairement» ou de force son poste.