Sous le feu des critiques démocrates, le ministre américain de la Justice, Bill Barr, a vigoureusement défendu mardi au Congrès l’intervention d’agents fédéraux à Portland où, selon lui, les “émeutes” n’ont plus rien à voir avec la mort de George Floyd.
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Bill Barr, ministre américain de la Justice et pilier du gouvernement de Donald Trump, a été auditionné mardi 28 juillet par la commission judiciaire des Affaires étrangères, contrôlée par les démocrates. Le chef de cette commission, Jerry Nadler, l’a d’emblée accusé “d’avoir aidé et soutenu les pires errements du président” républicain.
“Sous votre direction”, le ministère a “inondé les rues des villes américaines avec des agents fédéraux” pour “offrir des images pour les clips de campagne de Donald Trump”, a asséné l’élu démocrate. “Honte sur vous, M. le procureur général”, a-t-il ajouté.
Sans se départir du sang-froid qui le caractérise, Bill Barr s’est présenté en défenseur de “l’État de Droit”, se faisant l’écho du président républicain qui espère décrocher un second mandat le 3 novembre prochain avec un message axé sur “la loi et l’ordre”.
“Des émeutiers violents et des anarchistes ont détourné des manifestations légitimes pour causer des dégâts insensés et semer la destruction”, a-t-il assuré, en dressant un tableau apocalyptique de la situation à Portland, la plus grande ville de l’Oregon dans le Nord-Ouest.
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Selon lui, “des centaines d’émeutiers” équipés “de lance-pierres, tasers, marteaux, scies, couteaux, fusils, explosifs…” s’y livrent chaque nuit à “une attaque contre le gouvernement fédéral” et n’essaient, “même pas de manière superficielle, de lier leurs actions à la mort de George Floyd ou à des appels légitimes à des réformes”.
Bill Barr prêt à envoyer davantage de renforts
La mort de ce quadragénaire noir, asphyxié le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc, a déclenché dans tous les États-Unis d’énormes manifestations antiracistes. La mobilisation s’est considérablement affaiblie, mais des poches de contestation ont persisté, notamment à Portland, une ville nettement marquée à gauche.
Le déploiement d’agents fédéraux vêtus de tenues paramilitaires a durci le mouvement et, chaque nuit, des heurts ont lieu entre les policiers et les protestataires. Ce week-end, 22 personnes ont encore été arrêtées.
Au total, 124 agents ont été dépêchés sur place depuis le 4 juillet, a confirmé Bill Barr, se disant prêt à envoyer d’autres renforts, malgré l’opposition des élus locaux. Cent agents des Marshals, une unité fédérale, ont été “identifiés au cas où il y aurait besoin de remplacer ou seconder les agents stationnés sur place”, a fait savoir à l’AFP une de leurs porte-parole.
Cette situation donne lieu à des lectures politiques aux antipodes, qui se sont exprimées avec force lors des débats devant la commission.
Les élus démocrates ont accusé les agents fédéraux d’attaquer “des manifestants pacifiques” et d’avoir jeté de l’huile sur le feu sur une situation en train de s’apaiser. Les républicains ont, avec un long montage vidéo, insisté sur les violences des protestataires et ont accusé les leaders démocrates d’être des “gauchistes radicaux”.
Des forces de l’ordre “diabolisées”
Lors de son audition, Bill Barr a également défendu la police, niant qu’elle abrite du “racisme systématique”.
Les forces de l’ordre ont été “diabolisées” par les manifestants antiracistes, au point de devenir “réticentes au risque”, a-t-il déploré. Selon lui, cela a conduit à une hausse de la criminalité dans plusieurs villes, dont Chicago, justifiant là aussi l’intervention de forces fédérales.
Quant à ses interventions contestées dans les dossiers judiciaires de proches du président Trump, Bill Barr a juré avoir exercé “son jugement en toute indépendance”.
Évoquant “le scandale bidon du Russiagate”, le ministre a toutefois repris à son compte la thèse de Donald Trump qui a toujours parlé de “chasse aux sorcières” au sujet des investigations sur une possible collusion entre Moscou et son équipe de campagne en 2016. Cette enquête a empoisonné la première moitié de son mandat avant de conclure sur une absence de preuves.
Avec AFP