La décision prise par les Émirats Arabes Unis (EAU) de retirer une partie de leurs forces du Yémen a suscité, au cours des dernières semaines, une importante couverture médiatique et de nombreuses spéculations, écrit Graham Paul.
Alors que de nombreux journalistes et observateurs ont tiré des conclusions hâtives quant à la décision émirienne, un facteur déterminant semble avoir été négligé : la volonté de faire progresser les négociations de paix soutenues par l’ONU et dirigées par son envoyé spécial Martin Griffiths.
En effet, tout au long du conflit, les responsables émiriens n’ont eu de cesse d’appeler à un règlement politique pour mettre fin aux combats. Un argument repris récemment par un haut responsable, qui soulignait la nécessité de passer d’une « priorité militaire » à une « priorité de paix ».
Il est également important de considérer que bien que l’initiative des responsables émiriens ait été jugée à l’aune des préoccupations géopolitiques actuelles, et considérée comme impulsive ; elle s’inscrit dans une logique impulsée depuis un an déjà.
Certes, l’accord de Stockholm est loin d’être parfait, comme en témoigne la violation de nombre de ses clauses par les Houthis. Il est toutefois reconnu par tous comme le cadre le plus prometteur pour mettre fin au conflit. Et si la décision émirienne incite les Houthis à participer au processus de paix, alors l’histoire la saluera.
Par ailleurs, il me semble important de rappeler la détermination qu’ont les EAU de poursuivre leurs efforts de lutte contre le terrorisme, et notamment contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) au Yémen. Au cours des dernières années, les opérations militaires émiriennes ont sérieusement affaibli AQPA, entravant la capacité du groupe à lancer des attaques et à s’exporter.
Les forces entrainées et dirigées par les EAU ont chassé le groupe terroriste des vastes étendus de terres qu’il contrôlait auparavant, le privant ainsi d’une base arrière indispensable à la planification d’attaques et à la collecte de revenus.
En effet, celui-ci jouissait d’importantes ressources financières, en plus du contrôle de ports stratégiques. À Mukalla, par exemple, AQPA aurait perçu environ 2 millions de dollars par jour de recettes provenant des taxes portuaires, de la contrebande de carburant et du chantage.
Finalement, l’espoir est que le retrait d’une partie des troupes émiriennes marque le début d’un règlement politique du conflit, un but partagé par toute la communauté internationale. Il appartient désormais aux Houthis et à leurs parrains iraniens d’emboiter le pas.