Les Danois sont appelés à voter, mardi, pour des législatives anticipées aux résultats incertains. Le scrutin oppose le bloc de gauche, mené par la Première ministre Mette Frederiksen, à une coalition regroupant la droite et l’extrême droite. Le gouvernement social-démocrate espère reconquérir la confiance des Danois, après le scandale de l’abattage de visons qui avait tourné au cauchemar politique pour l’exécutif.
Le Danemark vote, mardi 1er novembre, pour des législatives à suspense où le maintien de la Première ministre sociale-démocrate sortante Mette Frederiksen, face à un bloc regroupant la droite et l’extrême droite, pourrait dépendre d’un outsider centriste.
Les bureaux seront ouverts de 8 h à 20 h (7 h à 19 h GMT) et les premiers résultats attendus vers 21 h 30 dans ce scrutin provoqué par la “crise des visons” qui a maintenu le pays en haleine plus d’un an.
Un parti soutien du gouvernement minoritaire avait menacé de le faire tomber s’il ne convoquait pas des élections pour s’assurer la confiance des électeurs après la décision, ensuite déclarée illégale, d’abattre l’immense cheptel de visons du pays pour lutter contre le coronavirus.
Les derniers sondages créditent le “bloc rouge” (gauche) mené par Mette Frederiksen de 47,1 à 49,1 % contre 40,9 à 43,6 % pour les “bleus”, une alliance informelle des partis libéraux et conservateurs avec trois formations populistes.
Selon ces études d’opinion, aucun bloc ne pourra gouverner sans les Modérés, parti centriste créé cette année par l’ancien leader libéral Lars Løkke Rasmussen, par deux fois Premier ministre dans le passé, qui rassemblerait jusqu’à 10 % des suffrages.
“S’il n’y a pas de majorité, ce qui semble se profiler, les Modérés sont indispensables pour former un gouvernement”, a résumé auprès de l’AFP Rune Stubager, professeur de sciences politiques à l’Université d’Aarhus.
Les Modérés dans le viseur de la droite et la gauche
Les deux camps ont donc multiplié les appels du pied. L’actuelle Première ministre a repris l’idée d’un gouvernement de coalition entre gauche et droite, dirigé par elle-même, et s’est dite prête à réformer le système de santé pour accommoder les Modérés.
De son côté, le chef de file des libéraux a appelé au retour de Lars Løkke Rasmussen dans son ancien parti. “Si vous voulez (réaliser) les choses dont vous rêvez, et qui ont été cultivées dans notre ancien jardin commun, alors revenez à la maison”, a dit Jakob Ellemann-Jensen lors de l’un derniers débats télévisés.
Après une campagne dominée par le climat, l’inflation et le système de santé, près d’un quart des électeurs sont encore indécis. “Il y a une grande volatilité chez les électeurs danois, environ 40 % change de parti”, a relevé le politologue, Rune Stubager.
Antesa Jensen vote, elle, pour la première fois mais est hésitante. “Je ne sais pas encore pour qui je vais voter, probablement Alternative ou les Radicaux”, deux formations de gauche, a-t-elle dit.
Dans les programmes, “la question de l’immigration est rédhibitoire pour moi”, explique la quadragénaire.
Américaine, elle vient d’obtenir la nationalité danoise après un exténuant processus, symbole de la politique restrictive du pays scandinave en matière d’accueil des étrangers.
Jaloux de sa prospérité et de sa cohésion, le Danemark est un champion de la rigueur migratoire depuis plus de 20 ans, quel que soit le bloc au pouvoir.
Apôtre d’une politique “zéro réfugié”, l’actuel gouvernement social-démocrate travaille à la mise en place au Rwanda d’un centre de gestion des demandeurs d’asile sur le modèle britannique.
Le climat, un axe majeur de la campagne
Les 5,9 millions de Danois semblent plus vivement préoccupés pour le climat. L’objectif du pays nordique est de réduire de 70 % ses émissions d’ici 2030, contre 55 % dans l’ensemble de l’UE, et d’atteindre la neutralité climatique en 2050, comme l’ensemble des pays européens.
Dimanche, quelque 50 000 personnes, dont la Première ministre, se sont rassemblées pour la “Marche du Climat”. “Cette élection est très importante pour ce qui va se passer avec la Terre dans le futur. Et je pense qu’il est important que le climat soit la priorité numéro un des politiciens et des électeurs”, a rappelé l’une des manifestantes, Esther Ronn, étudiante de 23 ans.
La gauche a promis une loi sur la biodiversité et les sociaux-démocrates entendent introduire une taxe carbone sur l’agriculture, une mesure soutenue par la majorité des autres formations.
À droite, le parti libéral mise sur le développement des solutions vertes tandis que “Nouvelle Droite” (extrême droite) est ouverte à la construction de centrales nucléaires.
Au total, pas moins de 14 partis ont présenté des listes pour les 179 sièges du Folketinget, dont quatre sont réservés aux territoires ultra-marins : le Groenland et les îles Féroé.
La participation électorale est traditionnellement élevée au Danemark. En 2019, 84,6 % des quelque 4,2 millions d’électeurs s’étaient déplacés pour aller voter.
Avec AFP