Le président libanais Michel Aoun doit quitter le palais présidentiel dimanche, avant l’expiration lundi de son mandat de six ans, dans un contexte de crise politique. Malgré quatre tentatives, le Parlement n’a pas été capable d’élire son successeur.
Le chef de l’État libanais Michel Aoun quitte, dimanche 30 octobre, le palais présidentiel au terme de son mandat, sans successeur désigné, lors d’une cérémonie populaire organisée par ses partisans.
Des centaines de fidèles du président, fondateur du Courant patriotique libre (CPL), allié au Hezbollah pro-iranien, ont afflué dans la matinée au palais présidentiel sur les hauteurs surplombant Beyrouth, pour l’accompagner jusqu’à son domicile.
“Nous sommes venus escorter le président à la fin de son mandat, pour lui dire que nous sommes avec lui et que poursuivrons la lutte à ses côtés”, a affirmé Joumana Nahed, une institutrice.
Le mandat de six ans de Michel Aoun s’achève lundi sans que les députés n’arrivent à élire son successeur en raison de leurs divergences politiques, dans un pays en plein effondrement économique.
Cette perspective inquiète la communauté internationale, d’autant plus que le pays sera géré par un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, les divisions politiques ayant également empêché la formation d’un nouveau cabinet depuis les législatives du printemps.
Le Parlement s’est déjà réuni à quatre reprises depuis un mois en vain, ni le camp du Hezbollah musulman chiite, le puissant mouvement armé qui domine la vie politique au Liban, ni celui de ses opposants ne disposant d’une claire majorité pour imposer un candidat.
Le chef de l’Église maronite Béchara Raï a exhorté, dimanche, les députés au “dialogue et à préserver le quorum” lors des prochaines séances électorales.
Le patriarche a estimé que les députés “contribuent indirectement aux crises politique, financière, sociale et économique dans le pays”. “La vacance politique n’est pas un destin mais un complot contre le Liban”, a-t-il tancé.
Une présidence marquée par l’effondrement économique du pays
Brandissant des portraits du président Aoun, 87 ans, habillés pour beaucoup en orange, la couleur du CPL, des dizaines de partisans de l’ancien commandant en chef de l’armée, qu’ils surnomment “général”, ont passé la nuit dans des tentes aux abords du palais de Baabda.
Parmi eux, Nabil Rahbani, 59 ans, souligne qu’il a déjà campé aux abords du palais présidentiel une première fois “entre 1989 et 1990, avant que l’aviation syrienne ne déloge le général du palais de Baabda”.
À la fin de la guerre civile, des milliers de partisans de Michel Aoun, alors chef d’un gouvernement de militaires et qui refusait de remettre le pouvoir à un président élu, avaient campé aux abords du palais pour le soutenir, avant qu’il en soit délogé par une opération militaire syrienne en octobre 1990 .
Le mandat de Michel Aoun a été marqué par l’effondrement économique, une explosion cataclysmique qui a ravagé Beyrouth, le 4 août 2020, et un soulèvement populaire inédit.
Par le passé, l’élection d’un président a déjà débouché sur des violences ou des crises politiques, dans un pays régi par un partage communautaire du pouvoir, la présidence de la République étant réservée à un chrétien maronite. Deux partis, le CPL et les Forces Libanaises, se disputent le leadership de la communauté chrétienne.
Avec AFP