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Brésil : les supporters de Lula et de Bolsonaro ont suivi le dernier débat présidentiel avec ferveur

Au Brésil, dernière ligne droite avant le second tour de ce dimanche 30 octobre. Lula et Jair Bolsonaro ont participé à leur dernier et décisif face à face retransmis à la télévision. À Rio de Janeiro, leurs électeurs respectifs se sont réunis aux quatre coins de la ville. 

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“Père, pardonne aux ignorants” : lorsque ces mots sont prononcés par Luiz Inacio Lula da Silva, la salle de cinéma de l’Armazem do Campo s’enflamme. En plein cœur de Lapa, le quartier le plus festif de Rio, les partisans de Lula n’ont pas choisi ce lieu au hasard. Il s’agit d’une coopérative du mouvement des sans-terre (MST), l’organisation paysanne brésilienne militante qui œuvre pour une répartition plus équitable des terres depuis plus de 40 ans et qui soutient Lula.

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Lorsque l’on entre dans l’épicerie au rez-de-chaussée, chaque recoin de la pièce est utilisé pour faire l’apologie de l’ex-président : affiches, stickers, livres… aucun doute n’est possible quant au positionnement politique. À l’étage, la salle est pleine à craquer. Des centaines de personnes se sont agglutinées, sticker Lula sur le torse et bière à la main pour suivre le débat retransmis sur un écran de cinéma. Les spectateurs le suivent comme un véritable match de foot, hurlant, applaudissant, riant, s’exaspérant.

Dans ce quartier de Rio acquis à la gauche, le président sortant et sa politique populiste ne comptent aucun fan. “Le gouvernement de Jair Bolsonaro nous opprime, il a autorisé les propriétaires à nous tirer dessus,” s’insurge Renato Souza, grande taille, cheveux grisonnant et sourire en coin, membre du mouvement des sans-terre, venu assister au débat. Pendant le mandat de Jair Bolsonaro, les militants du MST ont fait l’objet de menaces, d’attaques répétées voire d’assassinats. Les militants sans-terre ont même été qualifiés de “terroristes” par Jair Bolsonaro en personne.

Dans la salle, lorsque Lula défend sa politique de répartition des terres, la “petite agriculture familiale” et assume ses liens avec le MST, les spectateurs s’emballent comme si leur équipe de foot venait de marquer un but.

”Je ne rate aucune intervention de notre président”

Loin de l’agitation du centre-ville, les électeurs de Jair Bolsonaro se retrouvent ce soir à Copacabana. Le quartier traditionnellement acquis à la droite, accueille depuis quatre ans les plus grandes manifestations en faveur du président sortant.

L’ambiance est festive, certains électeurs sont venus en famille et d’autres accoudés au comptoir, portent fièrement le drapeau du pays autour du cou. 

Sofia Pina et Junior Oliveira Souza ont les yeux rivés sur l’écran qui diffuse le débat. Ils commentent tout haut et échangent avec leurs voisins de table : “très bien dit ça ! bravo capitaine !”. Lors du premier débat de l’entre-deux-tours, les deux amis étaient assis à la même table : “je ne rate aucune intervention de notre président” assure Sofia.

Des clients regardent avec attention le débat entre Lula et Jair Bolsonaro.
Des clients regardent avec attention le débat entre Lula et Jair Bolsonaro. © Julia Courtois, France 24

Et lorsqu’au cours du débat, des sujets sensibles tels que l’environnement ou le Covid sont mis sur la table, les deux amis réfutent catégoriquement la responsabilité de leur candidat : “Bolsonaro a été le premier à acheter des vaccins, il n’a rien à voir avec les morts du Covid” lance Junior la tête haute. Ici, tout le monde semble d’accord pour dire que la performance de Jair Bolsonaro est excellente.

Un débat au ton très agressif sans réelles propositions

Ce débat s’est une nouvelle fois illustré par la violence de ton entre les deux candidats qui se sont mutuellement traités de menteurs et ont mené une véritable guerre idéologique.

Peu de propositions ont émergé, les candidats n’ayant pas réellement défendu leur programme, préférant rappeler leurs bilans respectifs et s’attaquer l’un l’autre, se traitant mutuellement de “menteurs”. “Ce type est le plus grand menteur de l’histoire du Brésil”, lance Lula dès les premières minutes du débat diffusé sur TV Globo, la chaîne la plus regardée du pays. “Est-ce qu’il va falloir l’exorciser pour qu’il s’arrête de mentir ?”, rétorque Jair Bolsonaro avant de traiter Lula de “bandit”.

Pourtant, pour Larissa Santos, une publicitaire de 35 ans venu assister au débat à Lapa dans le centre ville : “Lula tente de parler de son programme. Il a dit vouloir faciliter l’accès aux choses qui éduquent plutôt qu’aux armes”. Pourtant Lula, habituellement fin orateur, a passé beaucoup de temps derrière son pupitre à lister les accomplissements de son mandat. Une mauvaise gestion de son temps, qui a plusieurs fois permis à son rival de réaliser de longs monologues.

Une méfiance envers les médias traditionnels

Dans cet autre bar de Copacabana, le Pato Louco, une forte lumière blanche illumine les t-shirts verts et jaunes des clients. Au mur, il y a de vieux carreaux jaunis, décor typique de ces restaurants de quartiers cariocas.

C’est ici que Fabricio Nunes est venu seul, regarder le débat. Entre deux gorgées de bière bon marché, l’entrepreneur de 42 ans lance : il a bien du courage d’être allé chez ces manipulateurs de la Globo”. Car pour beaucoup ce soir, la première chaîne brésilienne, organisatrice du débat, n’est qu’un instrument médiatique utilisé par la gauche. Une femme, l’air discrète, lance pourtant en hurlant : “Bolsonaro a été un président formidable, regardez comme il est bon ce soir ! Écoutez-le !”.

Fabricio a été rejoint à sa table par d’autres électeurs. Lui qui est originaire du Pernambouc, État majoritairement pro-Lula, se dit convaincu par l’actuel président : “je dis toujours qu’il est le candidat de la vérité. Il ne ment pas, il est toujours très transparent”.

Découvrez le webdoc consacré à l'élection présidentielle au Brésil
Découvrez le webdoc consacré à l’élection présidentielle au Brésil © Studio graphique France Médias Monde

Du côté des partisans de Lula, le ton agressif de Jair Bolsonaro le discrédite. “Ce débat est décisif à l’approche du second tour. Bolsonaro ne dit que des fake news, il n’évoque aucun fait, que des suppositions. Lula lui, présente des données et des chiffres concrets”, expose fièrement Larissa Santos.

Alors que Lula paraît fatigué, moins à l’offensive que lors du précédent débat, restant en retrait derrière son pupitre, évitant les attaques et contacts avec Bolsonaro, presque fuyant, il a su convaincre ce soir Camila Laricchia, une professeure de 32 ans : “Lula s’en sort très bien, il va directement aux points qui préoccupent la société brésilienne”. Lula a légèrement augmenté son avance dans le dernier sondage de l’institut de référence Datafolha, publié jeudi, avec 53 % des intentions de vote exprimées, contre 47 % pour le président sortant. Un écart de six points, qui n’était que de quatre points la semaine dernière.

Mais lors du premier tour, le score du président d’extrême droite s’est révélé bien plus élevé que ce que prédisaient les sondages. Alors que tous les regards sont tournés vers le scrutin de dimanche, les enjeux et le suspense autour de cette élection historique au Brésil sont désormais très élevés.

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