Le groupe français de minéraux industriels Imerys a annoncé, lundi, la mise en exploitation minière d’ici 2027 d’un gisement de lithium dans l’Allier, dans le centre de la France. Il s’agira de “l’un des plus grands” d’Europe, et servira à accélérer la transition énergétique en alimentant l’industrie des voitures électriques.
L’une des plus grandes mines européennes de lithium, poudre blanche qui enivre l’industrie des batteries électriques et devrait permettre aux voitures de se sevrer du pétrole émetteur de CO2, verra le jour d’ici 2027 dans le Massif central en France.
Le projet “Emili”, annoncé lundi 24 octobre par le groupe français de minéraux industriels Imerys, aidera l’Europe à se défaire de sa dépendance quasi-complète à l’égard de la Chine pour le lithium nécessaire aux batteries des voitures électriques, censées être les seuls véhicules neufs à pouvoir être vendus dans l’Union européenne à partir de 2035.
Il a fallu 18 mois de sondages et d’études menés par des spécialistes de l’extraction minière dans le sous-sol d’une carrière de kaolin détenue depuis 2005 par le groupe à Beauvoir dans l’Allier, dans le centre du pays, pour confirmer l’intérêt économique de la mine.
Avec l’exploitation de ce gisement, “nous allons aider l’Europe à se décarboner”, a déclaré lundi à la presse Alessandro Dazza, directeur général d’Imerys, qui devait recevoir des élus locaux sur place. “Ce projet, exemplaire sur le plan environnemental et climatique, réduira drastiquement nos besoins d’importation de lithium”, a salué le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, dans le communiqué du groupe. Il ajoute qu’il sera soutenu par le gouvernement français.
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Équiper l’équivalent de 700 000 véhicules
Sur la dizaine de projets européens d’exploitation de lithium, celui d’Imerys est le deuxième plus important, depuis l’abandon du projet de Rio Tinto en Serbie en janvier, et derrière celui de la start-up Vulcan en Allemagne, basé sur l’exploitation de saumures de la vallée rhénanne.
Les “concentrations et quantités” de lithium ont été jugées “très attractives” à Beauvoir, qui accueille depuis 1850 une carrière produisant 30 000 tonnes de kaolin par an destiné à la porcelaine ou au carrelage.
Depuis les années 1960, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) avait bien identifié la présence de lithium dans ce sous-sol. Mais Imerys ignorait jusqu’à récemment la teneur et donc si le site pouvait être rentable. “Nous estimons le gisement autour d’un million de tonnes d’oxyde de lithium”, a assuré Alessandro Dazza. Soit “beaucoup plus que ce que pensait le BRGM” initialement (320 000 tonnes).
De quoi produire “34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an à partir de 2028 pour une durée d’au moins 25 ans”, et “équiper l’équivalent de 700 000 véhicules électriques en batteries lithium-ion” par an, selon Imerys. Ce qui est loin d’être négligeable : la production mondiale actuelle de carbonate ou hydroxyde de lithium, les deux éléments utilisés dans les batteries, ne dépasse pas les 450 000 tonnes dans le monde, selon Imerys.
Et d’ici 2040, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit qu’elle soit multipliée par 40. À Beauvoir, “il pourrait y avoir plus que ce que nous avons estimé, nous allons continuer les études pour voir si on pouvait avoir 30 ou 35 ans d’exploitation”, a ajouté Alessando Dazza.
La concentration est de l’ordre de 0,9 à 1 %, c’est-à-dire qu’il faut extraire près de 100 tonnes de roche pour extraire une tonne de lithium. Le groupe estime ses coûts de production “entre 7 et 9 euros le kilo hors investissement initial, ce qui garantirait “un retour sur investissement intéressant”.
Et il promet à terme 1 000 emplois directs et indirects en Auvergne-Rhône-Alpes, sur deux sites : la mine d’extraction souterraine du mica contenant le lithium, entre 75 et 350 mètres de profondeur; et une usine de purification des minéraux et de transformation en hydroxyde de lithium, à moins de 100 kilomètres de la mine.
Impact environnemental
Restent les probables critiques environnementales contre ce nouveau projet minier au cœur de la France. Imerys a annoncé que la mine adopterait un standard international en cours d’élaboration, “IRMA”, qui vise à réduire les rejets toxiques et à minimiser la consommation d’eau.
L’exploitation se fera en souterrain, ce qui minimisera les poussières, et le transport des roches se fera par canalisation et voie ferrée pour éviter les camions entre la mine et le site industriel. Quant aux émissions générées par l’exploitation, le groupe les estime à 8 kg de C02 par tonne de lithium, contre 16 à 20 kg en Australie et Chine, selon lui.
Avec AFP