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En Cisjordanie occupée, le casse-tête des restrictions de séjour pour les étrangers

De nouvelles restrictions d’entrée et de séjour pour les étrangers entrent en vigueur jeudi en Cisjordanie occupée, dans un contexte particulièrement tendu. Critiquées par les organisations de défense des droits humains, ces mesures israéliennes inquiètent également l’administration américaine.

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C’est une nouvelle procédure administrative particulièrement controversée qui entre en vigueur jeudi 20 octobre pour les étrangers souhaitant résider, travailler, étudier ou encore faire du bénévolat en Cisjordanie occupée. Pour faire simple : tout sera plus compliqué pour ces demandeurs de visas.

Désormais, les étrangers devront impérativement passer par la Jordanie voisine et n’auront plus la possibilité d’atterrir à l’aéroport de Tel Aviv pour se rendre en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et déjà soumis à de nombreuses restrictions de circulation.

Par ailleurs, il n’est plus possible d’obtenir un visa à l’arrivée. La demande devra être faite au moins 45 jours avant. Les autorités israéliennes se réservent aussi la possibilité de demander une caution pouvant aller jusqu’à 20 000 euros. Ces mesures ne s’appliquent pas aux personnes souhaitant se rendre dans les colonies de Cisjordanie.

“Rendre impossible” la vie des familles

La nouvelle procédure impose également des restrictions sur la durée et le renouvellement des permis de résidence des étrangers mariés à une Palestinienne ou à un Palestinien.

Jessica Montell, la directrice d’HaMoked, une organisation israélienne de défense des droits humains, a averti mercredi que cette procédure allait “rendre impossible une vie commune pour des milliers de familles en Cisjordanie”, rapporte le Jerusalem Post. Selon elle, ces restrictions vont aussi “créer des difficultés supplémentaires pour les universités palestiniennes et les institutions qui comptent sur les bénévoles étrangers”.

En Palestine, ces restrictions sont largement perçues comme une attaque dirigée contre la diaspora et un moyen pour Israël d’accroître la surveillance de la population. “Avec cette nouvelle législation, les autorités israéliennes veulent cartographier les cercles sociaux et les biens des Palestiniens qui vivent à l’étranger”, estimait auprès d’Al-Jazira Marwa Fatafta, une militante palestinienne des droits numériques, à propos d’une version antérieure du texte.

>> À lire aussi : “Comment Israël utilise la reconnaissance faciale pour surveiller les Palestiniens”

Très dépendante de l’aide internationale, la Cisjordanie pourrait pâtir économiquement de cette nouvelle procédure qui concerne aussi les investisseurs et les entrepreneurs. Les Palestiniens sont déjà soumis à de nombreuses restrictions de circulation qui pèsent sur le développement de la Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza. Selon l’ONU, ces limitations imposées par Israël à la circulation des biens et des personnes ont coûté 58 milliards de dollars en 20 ans à l’économie palestinienne.

Flambée de violences en Cisjordanie

Contestée devant la Cour suprême israélienne et déjà reportée à deux reprises, cette procédure est aussi critiquée par l’Union européenne et les États-Unis. “Nous restons préoccupés par les effets potentiellement négatifs de ces procédures sur la société civile, le tourisme, les services de santé et les établissements d’enseignement”, a déclaré mardi le porte-parole du département d’État américain, Vedant Patel.

Pour répondre aux préoccupations américaines, la Cogat, l’administration militaire israélienne gérant la sécurité et les affaires civiles en Cisjordanie, avait consenti début septembre à amender une première mouture encore plus restrictive.

Cette dernière obligeait notamment les ressortissants étrangers à déclarer aux autorités israéliennes s’ils entretenaient des relations amoureuses avec des Palestiniens. À cette mesure particulièrement intrusive s’ajoutait un ensemble de quotas draconiens pour les étudiants et les enseignants.

Malgré la suppression de ces points sous la pression internationale, l’essentiel du texte n’a pas changé et reste immensément impopulaire auprès des Palestiniens.

D’autant que ces nouvelles règles entrent en vigueur dans un contexte déjà explosif en Cisjordanie. Les violences se sont accrues ces derniers mois dans le Nord, notamment dans les secteurs de Naplouse et Jénine, bastions de groupes armés où l’armée israélienne a multiplié les opérations à la suite d’attaques anti-israéliennes.

Selon l’ONU, les raids israéliens ont fait plus d’une centaine de morts côté palestinien, soit le bilan le plus lourd en Cisjordanie depuis près de sept ans.

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