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Ce qu’il faut savoir de la formation par l’UE de soldats ukrainiens

Réunis à Luxembourg, les ministres européens des Affaires étrangères lancent lundi un programme de formation pour 15 000 militaires ukrainiens, répartis entre l’Allemagne, la Pologne et la France. Il s’agit de la première initiative de ce type à l’échelle européenne. Explications.

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C’est une première pour l’UE. Le soutien européen à l’Ukraine franchit une nouvelle étape, lundi 17 octobre, avec le lancement d’une mission pour former sur son territoire 15 000 soldats ukrainiens, ainsi que le financement supplémentaire de 500 millions d’euros pour des livraisons d’armes à Kiev.

“Moralement, politiquement, et même militairement, la Russie est en train de perdre cette guerre. Nous devons donc continuer à soutenir l’Ukraine”, a déclaré le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, depuis la réunion des 27 à Luxembourg, saluant la mise en place d’une “puissante mission de formation déployée hors des frontières de l’Ukraine”. Ce projet, avalisé par les ministres des Affaires étrangères de l’UE, devrait débuter mi-novembre.

>> À lire aussi : “Derrière les bombardements en Ukraine, des stocks de missiles russes qui s’amenuisent”

Premier programme européen

Plusieurs formations sont déjà dispensées par des États membres, notamment par l’Allemagne et la France, pour se servir des canons, lance-missiles et systèmes de défense antiaérienne fournis par les Européens. Ce programme est néanmoins le premier de ce type à voir le jour à l’échelle européenne.

Une formation de base doit être promulguée à 12 000 soldats alors que quelque 3 000 autres se verront attribuer des formations spécialisées.

Celles-ci doivent répondre aux nombreux besoins exprimés par l’état-major des forces armées ukrainiennes, notamment dans les domaines du déminage, des opérations tactiques, de la défense antiaérienne, de l’artillerie ou bien de la médecine de guerre. La mission européenne va compléter les formations dispensées par les Britanniques et les Américains.

En parallèle, les pays fournisseurs d’armes continueront à dispenser des formations spécifiques sur le matériel fourni : les blindés Marder pour l’Allemagne, les canons Caesar et le nouveau système de défense antiaérienne Crotale pour la France.

La direction de cette mission se trouve à Bruxelles, dans une sous-division de l’état-major, explique Bilal Tarabey, journaliste à France 24. Il y aura à ce stade deux QG principaux, l’un en Allemagne sans que l’on sache encore où, l’autre sur la base de Nowa Deba, en Pologne, sur la route stratégique qui rejoint la ville ukrainienne de Lviv.

Formations réparties entre la Pologne, l’Allemagne et la France

La Pologne, premier refuge des Ukrainiens fuyant la guerre, va servir de plaque tournante pour la mission. L’Allemagne veut pour sa part former une brigade ukrainienne.

La France va former “jusqu’à 2 000 soldats ukrainiens” sur son sol, a annoncé samedi dans le quotidien Le Parisien le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.

Il s’agit de dispenser une “formation généraliste” de combattant, de répondre à “des besoins spécifiques signalés par les Ukrainiens, comme la logistique”, et de les former “sur les matériels fournis”, a-t-il expliqué.

Ces formations pourront bénéficier des financements alloués par la Facilité européenne pour la paix (FEP), le fonds constitué hors du budget européen pour aider militairement l’Ukraine.

Un budget de 50 à 60 millions d’euros par an est prévu pour la phase de lancement de la mission, a-t-on précisé à Bruxelles. Il doit être confirmé lundi en même temps que l’octroi d’un nouveau financement de 500 millions d’euros pour les armements.


Un pas de plus vers la cobelligérance ?

Pour Sébastien Lecornu, le programme de formation européen correspond à la recherche de l’équilibre défendu par la France sur le dossier ukrainien. “Nous faisons cela en respectant les règles de droit, sans jamais être dans la cobelligérance, car nous ne sommes pas en guerre”, a-t-il déclaré lors de son entretien ce week-end.

D’autres jugent au contraire que le gouvernement joue avec le feu. “Aujourd’hui, nous n’avons plus de politique étrangère française sur le dossier ukrainien mais une politique européenne. On est aujourd’hui entraînés par certains pays dans une escalade ! Ce n’est pas l’intérêt de la France !”, dénonçait le député d’extrême droite Thierry Mariani le 14 octobre sur BFMTV.


“La cobelligérance n’est pas une notion juridique, elle n’a aucun fondement dans les lois de la guerre”, souligne pour sa part Bilal Tarabey. “C’est une notion politique, décidée par celui qui se sent attaqué et qui veut en tirer les bénéfices, c’est-à-dire attirer des acteurs dans le conflit”, poursuit-il, rappelant que le Royaume-Uni forme déjà des milliers de soldats depuis le mois de juin par le biais de l’opération Interflex.

“Ce programme est avant tout un message adressé au gouvernement ukrainien qui reproche à l’Europe de ne pas en faire assez”, analyse Pascal Boniface, fondateur et directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). “Il convient de rappeler qu’au-delà même des formations dispensées par les États européens, l’Otan forme les militaires ukrainiens depuis 2014. Du côté de la Russie, ce nouveau programme ne change pas fondamentalement la donne, tout simplement parce qu’elle n’a pas les moyens de se lancer dans un conflit ouvert. Ni Moscou ni les Occidentaux n’ont intérêt à déclencher la troisième guerre mondiale.”

Avec AFP et Reuters

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