Le premier procès en France sur des crimes contre l’humanité commis au Liberia dans les années 1990 débute lundi. Dans le box des accusés : Kunti Kamara, un ancien commandant rebelle soupçonné d’actes de barbarie, de viols, et d’exécutions sommaires. S’il est jugé coupable, Kunti Kamara encourt la prison à perpétuité. Reportage de Jonathan Walsh.
Un procès inédit, qui va durer plusieurs semaines. Pour la première fois, une cour d’assises française va juger, à partir de lundi 10 octobre, des crimes contre l’humanité commis dans les années 90 pendant la guerre civile au Liberia, où ces exactions n’ont fait l’objet d’aucun procès.
Sur le banc des accusés, Kunti Kamara, un ancien chef rebelle libérien. Kunti Kamara était un responsable de l’ULIMO, un groupe armé opposé à l’ex-président libérien Charles Taylor. Pillages, viols, meurtres, torture… Les faits dont il est accusé auraient été commis entre 1992 et 1997 dans le comté du Lofa, dans le nord-ouest du Liberia. Un juge d’instruction français a enquêté sur place, et recueilli de nombreux témoignages incriminant Kunti Kamara. Mais ce dernier continue à nier en bloc.
Interpellé en 2018 à Bobigny, Kunti Kamara comparaîtra à plus de 6 000 km de son Liberia natal en vertu de la “compétence universelle” de la France, qui lui permet de juger les crimes les plus graves où qu’ils aient été commis, dès lors que le suspect est arrêté sur son territoire. Kunti Kamara est mis en examen pour actes de torture et de barbarie durant la guerre civile au Liberia. De possibles crimes contre l’humanité, qui autorisent la justice française à faire valoir sa compétence universelle.
Pour les parties civiles, ce procès est porteur d’espoir alors qu’aucune personne impliquée dans la guerre civile libérienne n’a jamais été jugée à ce jour. “C’est très important pour les victimes de savoir qu’à l’étranger ces personnes risquent tôt ou tard d’être confrontées à leur passé”, affirme leur avocate, Me Sabrina Delattre.
Ce procès va se pencher sur les pages les plus sombres de l’histoire récente du Liberia. Les guerres civiles qui ont déchiré le pays entre 1989 et 2003 ont fait près de 250 000 morts.