Les pays de l’Opep+ réunis mercredi à Vienne ont décidé d’une coupe draconienne de leurs quotas de production de deux millions de barils par jour pour le mois de novembre.
L’Opep+, de retour à Vienne mercredi 5 octobre pour la première fois depuis mars 2020, a voulu marquer le coup : elle a décidé d’une coupe drastique des quotas de production de pétrole pour soutenir les prix au risque de froisser la Maison Blanche.
Les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l’Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie ont convenu d’une baisse de “deux millions” de barils par jour pour le mois de novembre, a annoncé l’alliance dans un communiqué.
“C’est la réduction la plus importante depuis le début de la pandémie”, a réagi dans une note Srijan Katyal, de la société de courtage ADSS. Elle va probablement “doper les prix”, a-t-il ajouté, à l’encontre des efforts des Occidentaux pour enrayer la flambée des coûts de l’énergie pesant sur la croissance mondiale.
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Vers une nouvelle flambée des prix ?
Cette décision intervient “juste au moment où les consommateurs poussaient un soupir de soulagement”, les prix à la pompe ayant fortement reculé depuis cet été, rappelle Craig Erlam, d’Oanda.
Les deux références mondiales du brut ont perdu du terrain ces dernières semaines, évoluant autour de 90 dollars le baril, bien loin des sommets enregistrés en mars au début de la guerre en Ukraine (près de 140 dollars).
Le président américain Joe Biden a rapidement réagi exprimant sa déception “de la décision à courte vue de l’Opep+, selon un communiqué de la Maison Blanche. “Au vu de la décision du jour, l’administration Biden va consulter le Congrès sur les outils et mécanismes supplémentaires permettant de réduire le contrôle (du cartel de pays producteurs d’or noir, ndlr) sur les prix de l’énergie”, a fait savoir l’exécutif américain. Le président américain Joe Biden s’échine depuis des mois à tenter d’endiguer l’envolée des prix qui érode le pouvoir d’achat des ménages, allant même jusqu’à se rendre à Riyad en juillet lors d’une visite très controversée.
Une mesure favorable pour Moscou
Une nette baisse des volumes de brut arrange Moscou, “et pourrait donc être perçue comme une nouvelle escalade des tensions géopolitiques”, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote.
Créée en 1960 avec le but de réguler la production et le prix du brut, en instaurant des quotas, l’Opep s’est étendue en 2006 à la Russie et d’autres partenaires pour former l’Opep+. Dans un geste historique, les membres de l’alliance avaient décidé au printemps 2020 des coupes de près de 10 millions devant l’effondrement de la demande liée à la pandémie de Covid-19. Une recette qui avait marché.
Cette fois, ils veulent “avoir une longueur d’avance sur une éventuelle récession grâce à des mesures proactives”, explique Bjarne Schieldrop, de Seb. “Ce qui leur permettrait d’éviter une éventuelle accumulation de stocks et donc des prix du pétrole bas”.
Déjà en septembre, le groupe avait légèrement abaissé son objectif (de 100 000 barils) et s’était dit prêt à faire plus. Après avoir bondi en début de semaine, les cours ont à peine réagi, mercredi vers 13H00 GMT, à 91,84 dollars le baril de Brent de la mer du Nord, et 86,36 dollars pour le baril de WTI, son homologue américain.
Avec AFP