La Première ministre britannique a promis mercredi de sortir le Royaume-Uni de “la tempête” au dernier jour du congrès du Parti conservateur, marqué par des dissensions internes, où sa politique a été critiquée.
“Sortir de la tempête.” Déjà affaiblie après seulement un mois au pouvoir, la Première ministre britannique Liz Truss a tenté de reprendre l’ascendant mercredi 5 octobre, au dernier jour d’un congrès du Parti conservateur chaotique, miné par les dissensions internes sur la politique à mener pour sortir le Royaume-Uni de la crise.
“Dans ces temps difficiles, nous devons agir. Je suis déterminée à faire avancer le Royaume-Uni pour nous sortir de la tempête”, a lancé Liz Truss, dans un discours d’un peu plus d’une demi-heure devant les élus et militants de son parti, dans lequel elle n’a fait aucune annonce.
Liz Truss défend son budget
Avec la volonté de renouveler un pouvoir conservateur à la tête du pays depuis douze ans, la Première ministre a affirmé vouloir “en finir avec le cycle de faible croissance” et martelé son objectif de faire “croître l’économie britannique”. “Le statu quo n’est pas une option”, a-t-elle insisté.
Tentant de faire taire ceux qui, même dans ses rangs, l’accusent d’être déjà hors-jeu après à peine un mois au pouvoir, elle a de nouveau insisté sur ses priorités : baisser les impôts, améliorer le service de santé et la lutte contre l’immigration illégale.
We are the only party with a clear plan to get Britain moving.
We are the only party with the determination to deliver.
Together, we can unleash the full potential of our great country.
That is how we will build a new Britain for a new era.https://t.co/La6VP8gZV9
— Liz Truss (@trussliz) October 5, 2022
Interrompue brièvement par des militants de l’ONG Greenpeace protestant contre la fin du moratoire sur la fracturation hydraulique décidée par son gouvernement, Liz Truss a aussi longuement réaffirmé le soutien du Royaume-Uni à l’Ukraine dans sa guerre face à la Russie.
La Première ministre a aussi défendu une nouvelle fois son approche budgétaire “responsable”, alors que son “mini-budget” présenté le 23 septembre pour faire face à la crise du coût de la vie a suscité une foule de critiques pour ses baisses d’impôts financées par la dette, et fait chuter la livre sterling.
Pression de toutes parts
Sous la pression de sa propre majorité, le gouvernement a renoncé lundi à supprimer la tranche d’imposition la plus élevée, une mesure qui cristallisait l’opposition car bénéficiant aux contribuables les plus riches.
Cette volte-face portée par le ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, a affaibli la Première ministre, qui s’est défendue, assurant qu'”il n’y a pas de honte pour un dirigeant à écouter”.
Son discours devant le congrès suffira-t-il à réaffirmer son autorité, quand la ministre de l’Intérieur Suella Braverman a accusé mardi les conservateurs ayant ouvertement critiqué Liz Truss d’avoir lancé un putsch contre elle ?
L’enjeu est grand au moment où l’ancien ministre des Transports Grant Shapps, qui avait soutenu l’ex-ministre des Finances Rishi Sunak face à Liz Truss dans la course à Downing Street, a évoqué mardi le danger d’un vote de défiance des parlementaires conservateurs.
“Je ne pense pas que les membres du Parlement, conservateurs, s’ils voient les sondages continuer comme ça, resteront sans rien faire”, a-t-il prévenu.
D’autant que quantité de dossiers minés attendent encore le gouvernement et pourraient alimenter la fronde, comme la levée du moratoire sur la fracturation hydraulique ou la suppression de la tranche maximale d’imposition pour les plus riches, que Liz Truss s’est refusée à abandonner définitivement, après l’avoir écartée de son “mini-budget”.
Une opposition revigorée
Mais la révolte gronde surtout sur la future revalorisation des prestations sociales, à propos de laquelle le nouveau gouvernement ne se juge pas lié par l’engagement pris par l’ancien Premier ministre Boris Johnson de les augmenter à hauteur de l’inflation.
L’avertissement est notamment venu de la secrétaire d’État chargée des relations avec le parlement, Penny Mordaunt, ancienne rivale de Liz Truss dans la course à Downing Street.
Et plusieurs autres voix se sont élevées au sein de la majorité pour rappeler à Liz Truss de ne pas trop s’éloigner du programme de Boris Johnson, qui avait valu en décembre 2019 aux conservateurs un triomphe dans les urnes inédit depuis Margaret Thatcher (Première ministre de 1979 à 1990).
Les prochaines élections sont attendues dans moins de deux ans et l’opposition travailliste, sous l’impulsion de son chef Keir Starmer, plus centriste que son prédécesseur Jeremy Corbyn, est ressortie revigorée de son congrès fin septembre, alors que 39 % des Britanniques estiment désormais que les conservateurs penchent très à droite, en hausse de 12 points en deux mois, selon un sondage YouGov publié mardi.
Un autre sondage donnait récemment 33 points d’avance aux travaillistes par rapport aux conservateurs, un écart inédit depuis la fin des années 1990 et l’arrivée au pouvoir de Tony Blair (1997-2007).
Avec AFP