Les affrontements meurtriers dans l’une des plus grandes prisons d’Équateur se sont poursuivies mardi. Onze nouveaux détenus ont été blessés au cours de la matinée. Le dernier bilan fait état de 16 morts, dont un baron présumé de la drogue.
De sanglants affrontements se sont poursuivis mardi 4 octobre dans une des plus grandes prisons d’Équateur, au lendemain de violences entre détenus qui ont fait au moins 16 morts, dont un baron présumé de la drogue, et plusieurs dizaines de blessés.
Un précédent bilan faisait état de quinze morts. Le 16e mort est un détenu décédé des suites de ses blessures, a précisé l’administration pénitentiaire (SNAI). Depuis février 2021, le système pénitentiaire équatorien a connu huit massacres entre détenus, ayant fait au total plus de 400 morts.
“Il y a de nouveaux affrontements” au sein du centre pénitentiaire de Latacunga, à une centaine de kilomètres au sud-est de Quito, a indiqué mardi la SNAI.
Onze nouveaux détenus ont été blessés au cours de la matinée, selon le gouverneur de la province de Cotopaxi, Oswaldo Coronel. Selon l’administration pénitentiaire, des détonations ont été entendues dans l’aile de sécurité moyenne de la prison et le personnel administratif a été évacué.
Actes de barbarie
Le centre pénitentiaire de Latacunga compte quelque 4 300 détenus et est l’un des plus vastes du pays.
Quinze prisonniers y ont été tués lundi et 33 autres blessés dans des affrontements à l’arme blanche et par arme à feu, avec une nouvelle fois des actes de barbarie et de mutilations sur les victimes. Selon un responsable de l’administration pénitentiaire, un chef de bande et leader des détenus, surnommé “El Patron”, figure parmi les tués.
“C’est très triste à dire, mais la majorité des cadavres ont été démembrés”, a déclaré un responsable provincial, Franklin Poveda. Selon les comptes rendus officiels, les détenus se sont surtout battus à l’arme blanche.
Quelque 600 militaires et policiers avaient été appelés en renfort lundi pour reprendre le contrôle de la prison. Des grilles métalliques ont été installées devant le centre pénitentiaire, au milieu d’un ballet incessant d’ambulances fonçant sirènes hurlantes.
Oscar ! David ! Byron !
Comme à chacun des affrontements qui secouent régulièrement les prisons équatoriennes, des familles de détenus, en larmes ou paniquées, se pressaient pour avoir des nouvelles de leurs proches, a constaté l’AFP. “Oscar !”, “David !”, “Byron !”… les familles éplorées s’époumonaient en criant le nom de leur frère, père ou fils emprisonnés.
La “boule au ventre”, Roberto, 43 ans, raconte une interminable attente, jusqu’au moment où il a pu enfin entendre son neveu “Chucho” lui répondre “me voilà”, depuis derrière le mur de la prison.
“Je cherche mon frère Carlos Bravo. Je suis arrivée à six heures du matin. Ils m’ont appelé pour me dire de venir chercher mon frère. Je ne sais rien, il n’y a pas de liste, personne ne m’a rien dit”, a déclaré à l’AFP une femme aux yeux gonflés par les pleurs, qui n’a pas souhaité s’identifier.
Le président équatorien, Guillermo Lasso, a envoyé lundi soir un “message de condoléances et de solidarité” aux proches des victimes.
“El Patron” parmi les victimes
Dans ce dernier massacre en date, la violence aurait été déclenchée par le meurtre de Leandro Norero, un trafiquant de drogue de 36 ans connu sous le nom de “El Patron”. “D’après ce que nous savons, à titre préliminaire, Leandro Norero fait partie des victimes”, a déclaré Jorge Flores, directeur adjoint de la prison.
Leandro Norero avait été arrêté en mai pour trafic de drogue et blanchiment d’argent lors d’une opération à Guayaquil, le principal port équatorien par lequel transite une grande partie de la cocaïne à destination de l’Europe et des États-Unis.
Selon le site internet GK, spécialiste de la violence dans les prisons, “El Patron” a été tué “le jour même” où il devait être accusé de trafic de drogue. Il “a un casier judiciaire chargé et a été le leader de Los Ñetas, puis a fondé Los Chone Killers avec l’alias Trompudo”, selon le site.
Des gangs tels que Los Chone Killers, Los Choneros, Los Lobos ou encore Los Tiguerones gèrent souvent le trafic de drogue depuis les centres de détention et se font la guerre à l’intérieur et à l’extérieur pour dominer le marché.
Avec AFP