Les Bulgares ont voté dimanche pour élire leurs députés sans conviction, avec un taux de participation historiquement faible. En tête, le conservateur Boïko Borissov, va avoir du mal à gouverner sans une alliance avec son rival Kiril Petkov.
Retour à la case départ en Bulgarie. Le parti de l’ex-Premier ministre bulgare Boïko Borissov est arrivé en tête des élections législatives dimanche 2 octobre. Mais l’espoir est mince d’une sortie de l’impasse politique.
Sa formation conservatrice Gerb a recueilli de 23 à 25 % des suffrages, devant “Continuons le changement” de son rival centriste Kiril Petkov (19 à 20 %), selon les projections publiées dans la soirée par deux instituts de sondage sur la base des premiers dépouillements. Dans un Parlement fragmenté, aucune coalition franche ne se dessine.
C’est la quatrième fois en dix-huit mois que les Bulgares étaient appelés à élire leur parlement. Le pays traverse une période d’instabilité politique sans précédent depuis la fin du communisme en 1989.
Un vote sans conviction
L’élection a eu lieu dans un climat morose, à l’approche d’un hiver assombri par la flambée des prix et la guerre en Ukraine, ce qui peut également expliqué le taux de participation historiquement bas : 25 % à 16 h, comme en novembre 2021.
Si la corruption endémique occupait les débats des derniers scrutins, l’insécurité économique a cette fois dominé la campagne. L’inflation frôle les 20 % dans ce pays des Balkans, le plus pauvre de l’Union européenne.
Boïko Borissov isolé
Dans ce contexte anxiogène, Boïko Borissov, 63 ans, a brandi son expérience d’une décennie au pouvoir et promis tout au long de la campagne de vaincre “le chaos”.
“Il faut des gens qui ont de la bouteille en ces temps troublés. Père Boïko, on peut lui reprocher des choses mais c’est un moindre mal”, estime Bogomil Grouev, garagiste de 62 ans.
Une autre électrice, Rada Mintcheva, dit apprécier le fait qu’il sait ménager à la fois les intérêts russes et occidentaux. “La guerre est tout près de chez nous, il vaut mieux ne provoquer personne”, explique cette infirmière de 47 ans.
Mais l’image du colosse Borissov est ternie. Malmené à l’été 2020 par des manifestations massives contre la corruption, il est isolé et risque d’avoir du mal à trouver un partenaire politique, soulignent les analystes.
Dimanche, l’ex-dirigeant a de nouveau appelé les autres politiciens “à la raison”, se disant “ouvert” à tous ceux qui défendent “la place de la Bulgarie dans l’UE et l’Otan”.
Un alliance avec le parti de la minorité turque ou les prorusses ?
Son rival Kiril Petkov lui a aussitôt opposé une fin de non-recevoir. “Nous avons promis de ne pas nous allier à Gerb et nous tiendrons notre parole”, a-t-il déclaré en prenant acte de sa défaite.
L’ancien entrepreneur de 42 ans formé à Harvard (États-Unis), qui a débarqué en 2021 sur la scène politique bulgare, avait été renversé en juin dernier par une motion de censure. Il a gouverné sept mois au total à la tête d’une coalition hétéroclite.
Reste pour Gerb la possibilité de s’allier avec le parti de la minorité turque MDL (15 %), voire avec des mouvements prorusses montés en puissance depuis le lancement de l’offensive du Kremlin en Ukraine, dans un pays aux liens historiques, économiques et culturels forts avec Moscou.
Avec AFP