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“Vive les femmes” : malgré les risques, un engagement sans faille des footballeurs iraniens

Au risque d’être privés de disputer la prochaine Coupe du monde de football au Qatar par le pouvoir, les joueurs iraniens ont manifesté leur solidarité avec les victimes des manifestations, mardi, lors d’un match amical contre le Sénégal. Une initiative qui rappelle celle de la révolte de 2009.

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Les Iraniens, qui manifestent pour la douzième nuit successive dans tout le pays et qui tentent de faire passer leurs appels à l’aide à l’étranger, peuvent compter sur la mobilisation de la Team Melli, leur sélection nationale de football.

Les joueurs iraniens, adulés dans un pays fou du ballon rond, ont profité de la rencontre amicale disputée face au Sénégal, mardi 27 septembre, en Autriche, pour protester sobrement et symboliquement contre la campagne de répression envers les manifestants, mobilisés depuis la mort de Mahsa Amini.

Au moment des traditionnels hymnes nationaux, les joueurs se sont en effet présentés sur la pelouse avec une parka opaque noire masquant le drapeau iranien et l’écusson qui ornent le maillot de la Team Melli.

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Cette initiative hautement politique a eu un grand retentissement et intervient quelques jours après la prise de position publique de plusieurs joueurs phares de la sélection qui ont ouvertement affiché leur soutien aux manifestants.

“Vive les femmes d’Iran”

Très offensif et en première ligne, comme sur le terrain, Sardar Azmoun a publié, le 26 septembre, un message sans équivoque dans une story sur son compte Instagram. “La [punition] ultime est d’être expulsé de l’équipe nationale, ce qui est un petit prix à payer pour même une seule mèche de cheveux d’une Iranienne, a écrit l’attaquant qui a évolué en Bundesliga, dans les rangs du Bayer Leverkusen. Ça ne sera jamais effacé de notre conscience. Je n’ai pas peur d’être évincé. Honte à vous d’avoir si facilement tué le peuple et vive les femmes d’Iran.”

Pour l’anecdote, c’est lui, la star de l’équipe, qui a inscrit le but de l’égalisation iranienne face au Sénégal (1-1), hier, lors de ce match de préparation pour la Coupe du monde au Qatar, le 3e mondial consécutif que la sélection va disputer.


Ce n’est pas la première fois que la sélection nationale prend fait et cause pour des contestataires du régime théocratique. Le 17 juin 2009, lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde 2010 entre la Corée du Sud et l’Iran, une poignée de joueurs iraniens s’étaient noués au poignet un bracelet vert, couleur des opposants à la réélection très contestée de Mahmoud Ahmadinejad. Une initiative qui avait valu à quatre d’entre eux une exclusion définitive de l’équipe nationale, alors que le pouvoir réprimait massivement la contestation.

>> À lire aussi : “La machine répressive du pouvoir est bien rodée”

À l’époque, parmi les joueurs exclus, se trouvait la grande star du football iranien : Ali Karimi. Il n’est pas donc étonnant de voir, cette fois aussi, cet ancien joueur du Bayern Munich, surnommé le “Maradona asiatique”, prendre la parole d’une manière quasi-quotidienne pour exprimer sa solidarité avec les Iraniennes via les réseaux sociaux.

Très engagé et connu pour sa liberté de ton, il a même appelé l’armée iranienne à ne pas “laisser couler le sang des innocents”.

Un sport populaire sous haute surveillance

C’est à cause de cette liberté de ton que la République islamique regarde toujours avec une grande méfiance ces footballeurs guère effrayés par le risque de représailles et, d’une manière générale, ce sport capable de faire chavirer des millions de passionnés à travers le pays et entraîner des scènes de liesse dans les rues.

Les autorités savent que si la ferveur autour des clubs locaux, comme le FC Persépolis et Esteghlal FC, n’est plus à démontrer, la vénération des supporteurs de la Team Melli, trait d’union entre les Iraniens et leur diaspora, surpasse tout.

Ironie de l’histoire, le tout premier titre international remporté par cette sélection qui fait la fierté du pays est la Coupe d’Asie des nations de 1968, au terme d’une victoire en finale disputée à Téhéran face à… Israël. À l’époque, le Shah était encore au pouvoir, et les sélections israéliennes membres des confédérations asiatiques, avant de basculer dans la sphère européenne pour des raisons sécuritaires.

Des tensions avec la Fifa

Le pouvoir actuel, qui a un temps cherché à empêcher le développement du football dans le pays, a essayé d’exploiter sa popularité en tentant d’interférer dans les affaires d’une sélection qui peut parfois lui servir à envoyer des messages diplomatiques : comme lors du fameux match de 1998, lorsque les joueurs iraniens avaient offert, en signe de paix, un bouquet de fleurs à leurs adversaires américains.

Voire à polir son image, avec le tweet publié par le compte de celui qui était alors encore président, le religieux modéré Hassan Rohani, assis sur un canapé devant un écran de télévision, troquant sa tenue traditionnelle pour un maillot de la Team Melli, devant le match Iran-Nigeria du Mondial-2018.

Une cohabitation entre politique et sport qui a entraîné de fortes tensions avec la Fifa. La Fédération fait fréquemment pression sur l’Iran pour que les stades ouvrent leurs portes aux femmes. Les religieux, au pouvoir à Téhéran, n’avaient, jusqu’en 2019, autorisé qu’un nombre limité de femmes, officiellement pour les protéger de la grossièreté masculine.

En mars 2022, près de 2 000 Iraniennes, pourtant munies de billets pour assister au match Iran – Liban, n’ont pas pu entrer dans un stade de Téhéran, déclenchant un nouveau scandale.

Alireza Jahanbakhsh, un cadre de la Team Melli, avait alors fait part de sa désapprobation. “Je ne pense pas que quelque chose se serait passé si les femmes étaient venues au stade, et cela peut au contraire favoriser notre culture”, avait-il déclaré, selon des propos rapportés par la télévision publique iranienne Irib.

Quelques années plus tôt, en novembre 2006, la Fifa avait décidé de suspendre l’Iran de “toute activité internationale relative au football” en raison de “l’interférence du gouvernement” et de la violation des statuts de l’instance internationale. À l’époque, le président de la Fédération iranienne, Mohammed Dadkan, avait été limogé à la suite des critiques de dirigeants du pays après l’échec au Mondial-2006.

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