Les manifestations se sont poursuivies samedi en Iran après une semaine de protestations déclenchées par la mort d’une jeune femme arrêtée par la police des mœurs. La répression a déjà fait au moins 41 morts selon un média d’État, 50 selon l’ONG d’opposition Iran Human Rights.
De nouvelles manifestations ont agité Téhéran samedi 24 septembre, faisant suite à une semaine de protestations déclenchées par la mort d’une jeune femme, Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour avoir porté son voile de manière “inappropriée”. La répression a fait au moins 41 morts selon un média d’État, 50 selon l’ONG Iran Human Rights.
Dans la province de Guilan, dans le nord du pays, 739 personnes, dont 60 femmes, ont été arrêtées, a annoncé samedi le chef de la police locale, le général Azizollah Maleki, cité par l’agence Tasnim.
Des réformateurs réclament la fin du port obligatoire du voile
Samedi, le principal parti réformateur d’Iran a exhorté l’État à annuler l’obligation du port du voile.
Dans un communiqué, l’Union du peuple de l’Iran islamique, formation des proches de l’ex-président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), “exige” des autorités qu’elles “préparent les éléments juridiques ouvrant la voie à l’annulation de la loi sur le hijab obligatoire”.
Ce parti, qui n’est pas au pouvoir, réclame en outre que la République islamique annonce “officiellement la fin des activités de la police des mœurs” et “autorise les manifestations pacifiques”. Il appelle également à la création d’une commission d’enquête “impartiale” sur la mort de Mahsa Amini et à la “libération immédiate des personnes récemment arrêtées”.
Des manifestations dans 80 villes, selon une ONG d’opposition
Mahsa Amini, âgée de 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour “port de vêtements inappropriés” par la police des mœurs, chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique. Son décès, trois jours plus tard à l’hôpital, a entraîné des manifestations dans les principales villes d’Iran, parmi lesquelles la capitale Téhéran.
L’ONG d’opposition Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a fait état vendredi d’au moins 50 morts dans la répression de manifestations ayant eu lieu, selon cette même source, dans environ 80 villes depuis une semaine.
Dans plusieurs villes iraniennes, des manifestants ont affronté les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon des médias et des militants.
Les images les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l’on voit des Iraniennes brûler leur foulard. En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et n’ont pas le droit de porter des manteaux courts ou serrés.
Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a promis jeudi une enquête sur le décès de la jeune femme, tout en précisant que le médecin légiste n’avait pas fait état d’abus de la part de la police, ce que contestent les manifestants.
Des contre-manifestations prorégime
Face aux protestataires, qualifiés de “contre-révolutionnaires”, “émeutiers” ou “comploteurs”, les autorités ont riposté en organisant leurs propres manifestations après la prière du vendredi.
À l’appel d’un organisme chargé d’organiser des manifestations officielles, des milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes d’Iran, notamment à Téhéran, Qom (nord) ou Ispahan (centre).
À Téhéran, des centaines de personnes, parmi lesquelles des femmes en tchador, ont manifesté avec des drapeaux de la République islamique, des pancartes de soutien et de remerciements aux forces de l’ordre, selon la télévision d’État.
“Mort aux comploteurs”, “Prôner la fin du voile, c’est la politique des Américains”, pouvait-on entendre comme slogans.
Louant les “efforts et les sacrifices de la police”, les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, ont de leur côté assuré que la récente “conspiration de l’ennemi” serait “vouée à l’échec”.
Les autorités avaient fait état jeudi de la mort de cinq membres des forces de l’ordre.
Plusieurs centaines d’Iraniens vivant en France se sont rassemblés samedi à Paris pour protester contre la répression du mouvement de protestation en Iran. Des manifestations de solidarité se sont également tenues ailleurs en Europe, notamment à Stockholm et Athènes.
Avec AFP