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Au moins 77 migrants meurent dans le naufrage d’un bateau parti du Liban





Au moins 77 morts dans le naufrage d’un bateau parti du Liban – InfoMigrants

































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Un navire de la marine libanaise emmène les membres de la famille de migrants disparus depuis le naufrage d'un bateau en avril 2022, au large de Tripoli. Crédit : Reuters
Un navire de la marine libanaise emmène les membres de la famille de migrants disparus depuis le naufrage d’un bateau en avril 2022, au large de Tripoli. Crédit : Reuters

Un naufrage survenu au large des côtes syriennes a fait au moins 77 victimes, ont indiqué vendredi les autorités syriennes. L’embarcation partie du nord du Liban transportait, selon les survivants, entre 120 et 150 personnes. Vingt personnes ont été hospitalisées, mais les recherches continuent pour retrouver les disparus.

Le bilan est déjà dramatique, et il ne cesse de s’alourdir. Au moins 77 personnes sont mortes jeudi 22 septembre, dans le naufrage de leur embarcation au large de la ville de Tartous, à l’ouest de la Syrie. Un précédent bilan faisait état de 53 morts. D’après le ministre syrien de la Santé, Hassan al-Ghabach “20 personnes sont soignées à l’hôpital Al-Basel “a-t-il déclaré dans un communiqué. Parmi les personnes secourues figuraient cinq Libanais, avait indiqué plus tôt à l’AFP le ministre libanais des Transports, Ali Hamie.

“Selon certains survivants, l’embarcation est partie mardi de la région de Minié, dans le nord du Liban, transportant entre 120 et 150 personnes”, a indiqué pour sa part le directeur général des ports syriens, Samer Kbrasli. Un premier corps, celui d’un jeune homme, a été découvert près de l’île d’Arwad, en face de la ville de Tartous, a précisé le responsable, ajoutant qu’un enfant figure parmi les victimes, sans préciser son âge.

L'embarcation a fait naufrage au large de la ville syrienne de Tartous. Crédit : Google maps
L’embarcation a fait naufrage au large de la ville syrienne de Tartous. Crédit : Google maps

Des efforts pour trouver d’éventuels survivants du naufrage sont toujours en cours. Les recherches couvrent “une vaste zone qui s’étend sur toute la côte syrienne”, d’après un responsable du ministère syrien des Transports, Sleiman Khalil, affirmant que de hautes vagues compliquaient les opérations de secours. Un hélicoptère de l’armée russe survole également la zone à la recherche de survivants.

Pour l’expert libanais en navigation Mohamed Nour, l’embarcation se dirigeait très probablement vers Chypre. “Les routes empruntées par les bateaux précédents vers l’Italie évitaient de naviguer vers le nord, le long de la côte syrienne”.

“Vivre une vie normale”

Depuis plusieurs mois, des bateaux chargés de candidats à l’exil quittent le littoral nord libanais à destination de l’Europe, pour fuir la grave crise économique qui secoue le pays. Preuve de cette augmentation des départs en mer : l’essor de la vente de bateaux de pêche en bois, “en particulier les bateaux pouvant transporter 150 personnes ou plus”, assure à InfoMigrants Mohamed Nour.

Mon frère “ne pouvait pas couvrir ses dépenses quotidiennes, ni les frais d’inscription de ses enfants à l’école”, a révélé à l’AFP Ahmad, le frère d’un survivant hospitalisé actuellement, originaire du Akkar, une région pauvre du nord du Liban. Les corps de ses deux filles, âgées de cinq et neuf ans, ont été rapatriés dans le pays et enterrés vendredi. La mère des deux fillettes, ainsi que leurs deux frères sont toujours portés disparus.

“Mon frère n’avait plus d’avenir dans ce pays, a déploré lui aussi un jeune homme à InfoMigrants, depuis le Liban. Il avait deux options : mourir à petits feux ou partir. Depuis deux ans, il cherche du travail, et avec les conditions économiques qui se détériorent, il lui est même devenu difficile d’acheter du pain pour nourrir ses enfants”. Et d’ajouter : “[Dans ce pays] nous mourons mille fois par jour [et on survit] sans électricité, sans eau, sans éducation, sans médicaments, sans travail, sans assurance maladie… La liste est longue. Ce que nous voulons, c’est vivre une vie normale”.

À Bab al-Raml, l’un des quartiers les plus pauvres de la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, la famille de Moustafa, une autre victime du naufrage, pleure sa mort. Un de ses proches, Jihad al-Maneh, a révélé à l’AFP que Moustafa avait payé aux passeurs entre 3 000 et 5 000 dollars, après avoir vendu sa voiture et emprunté de l’argent à ses frères. Sa mère a même vendu ses bijoux pour lui venir en aide. Chauffeur de taxi, “Moustafa ne rêvait pas d’obtenir une autre nationalité, mais tout simplement d’inscrire ses enfants à l’école et de les nourrir”, a-t-il déclaré. Il a péri en mer avec ses trois enfants. Seule sa femme a survécu.

Des naufrages à répétition

Sur cette route dangereuse en mer Méditerranée, les drames sont réguliers. Le 13 septembre, les garde-côtes turcs ont annoncé la mort de six migrants parmi lesquels deux bébés, et secouru 73 personnes qui tentaient de gagner l’Europe, au large de la province de Mugla, dans le sud-ouest de la Turquie. D’après Ankara, ces migrants auraient embarqué depuis le port libanais de Tripoli, et avaient été refoulés par les garde-côtes grecs près de l’île de Rhodes.

Le 24 avril, un bateau a coulé, lui, à cinq kilomètres du port de Tripoli. Le soir même du drame, sept corps avaient été retrouvés – dont celui d’une fillette – et 48 survivants avaient été repêchés. Le 26 août, les restes d’au moins sept autres personnes ont été retrouvés par un sous-marin à 450 mètres de profondeur. Le bateau transportait au total 80 migrants – des Libanais, des Syriens et des Palestiniens – qui tentaient de rejoindre l’Italie.

>> À (re)lire : Méditerranée : un bateau de 250 migrants, parti du Liban, finalement secouru au large de Malte

Selon l’ONU, au moins 38 bateaux transportant plus de 1 500 personnes ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer depuis 2020.

Ahmed, un réfugié palestinien du camp de réfugiés palestiniens de Beddawi au nord du Liban, s’apprête lui aussi, malgré les dangers, à prendre la mer. “Je serai traité de fou par certains, et de courageux pour les autres, assure-t-il à InfoMigrants. Mais pour moi, la décision d’émigrer est ferme et sans retour.”

 

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