Plusieurs vidéos montrent des maisons inondées à Kryvyï Rih, au centre de l’Ukraine. Une conséquence du bombardement d’un barrage hydraulique par les forces russes, mercredi 14 septembre, qui a provoqué la crue de la rivière Inhoulets et l’évacuation de civils dans la ville située à quelques kilomètres.
Depuis le 24 février dernier et le début de l’invasion de l’Ukraine, les forces armées russes visent régulièrement des installations civiles ukrainiennes stratégiques.
Mercredi 14 septembre dans l’après-midi, plusieurs missiles ont touché le barrage hydraulique de Karachun, à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Kryvyï Rih, dans l’oblast de Dnipropetrovsk. Dans un message diffusé le jour-même sur Telegram, le chef de l’administration militaire de la ville, Oleksandr Vilkoul, évoquait “huit missiles de croisière, [tirés] dans une tentative d’inonder une partie de la ville”.
Dam in Kryvyi Rih, destroyed today by Russian missiles. The water in river Inhulets is still rising. Russian propagandists are praising the attack on critical civilian infrastructure. No doubt Russia is a terrorist state. pic.twitter.com/EijD0P0Wge
— Maria Avdeeva (@maria_avdv) September 14, 2022
Les missiles ont endommagé le haut du barrage, entraînant une augmentation du débit de la rivière Inhoulets. © Sauveteurs locaux
Selon l’Institut pour l’étude de la guerre, groupe de réflexion américain, l’objectif de ces frappes était vraisemblablement de ralentir la contre-offensive ukrainienne lancée quelques jours plus tôt.
8 Russian rocket strikes on Kryvyi Rih today.
Rockets were directed at hydraulic structures.
This caused water level of Inhulets river to increase, threatening the city.
Russia obviously wants to cause a crisis situation, – deputy head of Presidential office Kyrylo Tymoshenko pic.twitter.com/t7jf6E1qT0
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) September 14, 2022
Un pont flottant a notamment été détruit par la montée des eaux.
Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent plusieurs rues submergées dans la ville :
Selon Kyrylo Tymoshenko, chef adjoint du cabinet de Volodymyr Zelensky, le niveau d’eau de la rivière Inhoulets a pratiquement doublé après ces frappes. Les caves et rez-de-chaussée de nombreux habitants ont été touchés, et les autorités locales ont fait évacuer plusieurs quartiers de Kryvyï Rih dès la première nuit. Sur les images accompagnant le message de Kyrylo Tymoshenko, on peut voir des sauveteurs en canots pneumatiques évacuer des habitants.
Situation sous contrôle
Malgré des dégâts matériels, la situation sur place a été visiblement moins catastrophique que redoutée par les autorités de la ville. Contacté par notre équipe vendredi, notre Observateur Pavlo habite à Kryvyï Rih :
Je vis assez loin du barrage qui a été touché. Et aussi assez loin de la rivière elle-même. Notre district est approvisionné en eau par un autre réservoir, qui est situé au sud de la ville. Je n’ai presque pas été affecté. Mais certaines zones sont toujours sans approvisionnement en eau, et les personnes vivant dans des maisons près de la rivière ont été évacuées la première nuit.
Panic buying of water pic.twitter.com/cSGvO35pqr
— C4H10FO2P (@markito0171) September 14, 2022
Cette vidéo d’habitants de Kryvyï Rih achetant des packs d’eau suite aux frappes russes a beaucoup circulé, l’approvisionnement en eau d’une partie de la ville ayant été touché.
Les Russes ont essayé de frapper le barrage depuis trois jours. Il y a encore eu trois ou quatre explosions aujourd’hui.
Deux jours après le bombardement du barrage, la rivière Inhoulets s’est teintée de rouge. En cause, la création d’écluses pour faire baisser le niveau d’eau, remplies avec des “gravats, de la terre glaise et de la pierre concassée” fournis par des entreprises de la région.
Des échantillons prélevés par l’Inspection environnementale de l’État ont toutefois fait état d’une présence anormalement élevée de fer et d’azote ammoniacal dans les eaux de la rivière, qui poursuit sa décrue.
Notre Observateur Pavlo, joint ce lundi matin, estimait que “le niveau d’eau semblait presque revenu à la normale”.