Si la contre-offensive de Kiev a pris de court les troupes russes, l’étendue de son succès a tout autant surpris des soldats ukrainiens. Notre journaliste est allée à la rencontre de plusieurs d’entre eux dans le Donbass. Reportage.
Dans le conflit en Ukraine, les forces russes ont enchaîné les échecs en septembre, avec leur retraite d’une large partie du nord-est du pays face à une contre-offensive éclair des Ukrainiens dans la région de Kharkiv. Les troupes de Kiev ont également repris du terrain, mais plus lentement, dans le sud.
Un soldat ukrainien rend compte de sa surprise au moment de la contre-offensive ukrainienne : “On est montés à l’assaut, on a capturé une position, on l’a occupée et on l’a fortifiée. Trois jours plus tard, le front a avancé et ils (les soldats russes) ont commencé à partir en masse. On se tenait prêts à combattre, alors imaginer qu’ils allaient quitter l’ensemble du front, on ne l’avait pas prévu”.
Des soldats ukrainiens s’affairent à remettre en marche le matériel abandonné par l’ennemi. “C’est la nouvelle génération de véhicules Oural russe qu’ils avaient préparé pour l’invasion… Eh bien maintenant, ils vont travailler pour nous”, explique ce soldat ukrainien.
La déroute de l’armée russe se constate partout. Ces hommes, tout juste arrivés pour sécuriser le territoire, découvrent les anciennes positions russes. Les lignes adversaires se sont disloquées. Ici ne reste que des affiches de Lénine, d’une pin-up et des journaux au style soviétique sans mauvaises nouvelles.
L’histoire de ce succès tactique tient en partie à la ruse utilisée par le commandement ukrainien quelques semaines avant la contre-offensive.
C’est ce que révèle Andriy Malakhov, officier des forces spéciales ukrainiennes. Il a été blessé par balle pendant l’opération : “J’ai dirigé l’assaut, ma manœuvre principale était la diversion, au sud de Balaklia. En fait, la plus grosse percée s’est faite par l’Ouest, mais le renseignement a répandu partout l’information que l’attaque aurait lieu au Sud.”
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Un succès d’autant plus rare que ses troupes, dit-il, étaient trois fois moins nombreuses que l’ennemi lors de l’attaque.