Le joueur de tennis suisse Roger Federer a annoncé jeudi qu’il prendra sa retraite après la Laver Cup, une compétition par équipes qui se déroulera du 23 au 25 septembre à Londres.
Fin de partie pour Roger Federer. Le joueur de tennis suisse a annoncé jeudi 15 septembre dans un communiqué qu’il prendra sa retraite après la Laver Cup, une compétition par équipe qui se déroulera du 23 au 25 septembre à Londres.
Agé de 41 ans, l’ancien numéro un mondial n’a plus joué depuis le tournoi de Wimbledon en 2021 en raison d’une blessure à un genou.
Il a écrit quelques-unes des plus belles pages de l’histoire du tennis, un sport qu’il a marqué à jamais de ses vingt titres du Grand Chelem, de ses coups de génie et de son élégance.
Numéro 1 dans les cœurs
Est-il le plus grand joueur de tous les temps ? Au nombre des titres majeurs, deux autres champions le surpassent : Rafael Nadal, son plus grand rival, qui en est à 22 titres, et Novak Djokovic, dont le compteur est à 21.
Mais au-delà des chiffres, dans les cœurs, le Suisse restera presque partout le numéro un. A Wimbledon, son terrain de jeu préféré où il s’est imposé huit fois, à Roland-Garros où le public a été soulagé de le voir compléter sa collection de Grands Chelems en 2009, et dans tous les tournois où ses fans le soutenaient inconditionnellement, au besoin contre leurs nationaux.
C’est que Federer avait tous les attributs du champion idéal, dont avant tout un jeu à nul autre pareil, esthétique, offensif, enthousiasmant par les risques qu’il comportait et les frissons qu’il faisait courir sur l’échine des spectateurs énamourés.
L’opposition de style avec Nadal a fait de leur rivalité une légende, doublée d’une amitié qui ne s’est jamais démentie. C’est d’ailleurs l’Espagnol qui en est sorti avec le plus de victoires (24 à 16), surtout sur terre battue (14 à 2, dont 4 finales de Roland-Garros).
“Tout est parfait chez lui”
Pour l’Espagnol, grand admirateur du classicisme de son rival, le mot “parfait” résume le tennis de Federer : “Il a un service parfait, une volée parfaite, un coup droit plus que parfait, un revers parfait (à une main); il est très rapide, tout est parfait chez lui”.
Pour ceux qui suivent le tennis de plus loin, le Suisse est aussi une sorte de gendre idéal : amoureux depuis près de vingt ans de Mirka Vavrinec, une ancienne joueuse de tennis d’origine slovaque qu’il a rencontrée aux Jeux de Sydney en 2000, père attentionné de quatre enfants (deux jumelles et deux jumeaux), engagé dans l’action caritative, notamment en Afrique du Sud, le pays d’origine de sa mère, l’ami de Tiger Woods et de Pete Sampras fait presque l’unanimité, même chez ceux qu’il a martyrisés sur le court. “J’aimerais te détester, mais tu es trop sympa”, lui a dit Roddick après une finale de Wimbledon.
Le Suisse a toujours aimé “donner l’image de quelqu’un de bien”, y compris en soignant sa communication lors d’interminables séances d’interviews accordées sans rechigner dans les quatre langues qu’il maîtrise (suisse allemand, anglais, français, allemand).
Son palmarès est gigantesque. Aux titres du Grand Chelem il faut ajouter six Masters, une Coupe Davis et même une médaille d’or olympique (en double avec Stan Wawrinka), l’or du simple restant le seul trophée important qui lui fasse défaut.
Au total, il a raflé 103 titres sur le circuit de l’ATP et passé 310 semaines à la première place mondiale, un record que Djokovic est toutefois en mesure de lui prendre dès 2021.
Un “diamant brut à polir”
Cette grandeur n’est pas tombée du ciel. Certes, le talent a été précocement détecté chez ce garçon né à Bâle en 1981. Mais ce “diamant brut à polir”, selon sa propre expression, a dû réprimer un côté dilettante et une vilaine tendance à balancer sa raquette quand les choses ne tournaient pas comme il le voulait.
C’est pour cela que, contrairement aux Borg, Connors, Sampras ou Nadal, il a dû attendre sa sixième année sur le circuit pour soulever son premier trophée majeur, sur l’herbe de Wimbledon en 2003, à presque 23 ans.
Cet accomplissement dans le tournoi qu’il chérit entre tous a sonné le début d’un festin de titres du Grand Chelem: onze en quatre saisons de 2004 à 2007. La concurrence d’alors, Lleyton Hewitt et Andy Roddick au premier rang, est écrabouillée.
Les choses se corseront lorsqu’arriveront à maturité Nadal et Djokovic, mais Federer continuera à gagner et la légende s’enrichira de matches épiques, comme les deux finales de Wimbledon de 2007 (gagnée) et 2008 (perdue) contre l’Espagnol.
Sur le déclin (provisoirement) à partir de 2011, il a signé un époustouflant retour au premier plan en 2017 et 2018 et ajouté à sa collection trois nouveaux titres du Grand Chelem pour la porter à huit Wimbledon, six Open d’Australie, cinq US Open et un Roland-Garros.
Un “ego de champion”
D’un physique apparemment ordinaire (1,85 m) mais doté en réalité de qualités de vitesse et d’endurance exceptionnelles, il a eu l’avantage de n’être presque jamais blessé jusqu’à plus de 35 ans. Il a subi la première opération de sa vie, à un genou, en 2016, après s’être fait mal… en donnant le bain à ses filles.
Federer était habité d’une intarissable soif de victoires. Aucun record ne pouvait rassasier son ego de champion et les années n’altéraient pas sa conviction qu’il pouvait toujours battre les meilleurs et gagner les plus beaux trophées.
Il a approché des records de longévité – sa dernière victoire à l’Open d’Australie en avait fait le deuxième vainqueur le plus vieux d’un tournoi du Grand Chelem derrière Ken Rosewall – lorsque son genou récalcitrant a mis un terme à sa fabuleuse épopée, à plus de quarante ans. Un genou qui l’a privé du retour qu’il espérait tant.
Avec AFP