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William Ruto investi président du Kenya après plusieurs semaines de controverse

William Ruto, qui a vu sa victoire validée par la Cour suprême la semaine dernière après des accusations de fraudes portées par son rival Raila Odinga, a officiellement pris la tête d’un Kenya profondément divisé et confronté à des défis économiques majeurs.

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Il est devenu le cinquième président du Kenya : William Ruto a été officiellement investi mardi 13 septembre lors d’une cérémonie marquant la fin de semaines de controverse après une élection serrée mais pacifique dans ce pays stable d’Afrique de l’Est.

Une main posée sur la Constitution, l’autre tenant une bible, le nouveau chef de l’État, âgé de 55 ans, a prêté serment à 12 h 45 (9 h 45 GMT) au stade Kasarani de Nairobi.

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“Moi, William Samoei Ruto (…), jure de préserver, protéger et défendre la Constitution du Kenya (…) en tant que président”, a-t-il déclaré, dans un vacarme assourdissant de cris de joie et de vuvuzelas.

Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement – parmi lesquels de nombreux voisins (Éthiopie, Ouganda, Somalie, Tanzanie…) et d’autres du continent africain (République démocratique du Congo, Tchad, Zimbabwe…) – étaient présents parmi les 60 000 spectateurs réunis dans le plus grand stade de la capitale kényane.

L’enceinte affichait complet avant 9 h, remplie notamment de partisans de William Ruto arborant vêtements et casques jaunes, la couleur du parti du nouveau président. Quelques personnes ont été blessées après qu’une foule a essayé de forcer l’entrée, selon des médias locaux.

Vice-président sortant, William Ruto a vu sa victoire à la présidentielle du 9 août validée par la Cour suprême la semaine dernière. Les juges ont rejeté à l’unanimité les accusations de fraudes de son adversaire Raila Odinga, figure historique de la politique kényane âgée de 77 ans, qui avait reçu le soutien du président Uhuru Kenyatta.

William Ruto a devancé Raila Odinga d’environ 233 000 voix sur un total de 14 millions de votes. Ce dernier, qui a dit “respecter” la décision de la Cour suprême même s’il la “désapprouve”, n’a pas assisté à la cérémonie.

Un pays profondément divisé

Cette élection était scrutée de près par la communauté internationale, qui considère le Kenya comme un havre de stabilité démocratique et une locomotive économique dans la région tourmentée de la Corne de l’Afrique.

Les observateurs indépendants ont loué la bonne tenue de l’élection qui, malgré un scrutin serré et contesté, n’a pas donné lieu à des violences comme le pays a pu connaître par le passé.

Uhuru Kenyatta avait promis une transition “en douceur” avec son ancien vice-président, avec qui il était en conflit ouvert depuis plusieurs années.

>> À voir : Présidentielle au Kenya : la pauvreté, un défi de taille

Son élection validée par la Cour suprême, William Ruto a appelé à l’unité, tendant une “main fraternelle” à ses opposants. “Nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes tous des Kényans”, avait-il déclaré dans son premier discours de président élu.

Les journaux kényans annonçaient mardi matin “L’aube de l’ère Ruto” (The Standard) et “L’heure de Ruto” (The Star).

Mais selon de nombreux analystes, William Ruto hérite d’un pays profondément divisé, au terme d’une campagne tendue.

De nombreux Kényans se sont détournés des urnes, alors que le pays fait face à une forte inflation et à une dette qui atteint 70 milliards d’euros, environ 67 % de son PIB.

La fin de l’ère Kenyatta

Issu d’une famille modeste avant de devenir un des hommes les plus riches du pays, le nouveau président s’est présenté comme le héraut des “débrouillards” du petit peuple, promettant de créer des emplois et de s’attaquer à l’inflation qui frappe notamment les carburants, les produits alimentaires, les semences et les engrais.

Pour sortir le pays du “gouffre économique” dans lequel il se trouve, il a promis la création d’un “fonds des débrouillards” d’un montant de 50 milliards de shillings kényans (environ 410 millions d’euros) permettant d’accorder des prêts aux petites entreprises.

Mais la tâche s’annonce difficile pour le nouveau président sur le terrain économique, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

Si les élections kényanes ont été un “exemple pour la région”, le nouveau chef de l’État doit répondre “à d’énormes attentes et à une économie en mauvaise posture”, souligne l’ICG, qui prévient : “Gouverner sera plus dur que faire campagne.”

Cette cérémonie met fin à près d’une décennie de présidence d’Uhuru Kenyatta, élu président en 2013 et réélu en 2017, qui ne pouvait briguer de troisième mandat.

Issu d’une des familles les plus riches du pays, le fils du premier président Jomo Kenyatta – considéré comme le père de l’indépendance en 1963 – percevra une somme forfaitaire non imposable de 324 000 euros, un salaire annuel de 600 000 euros et une allocation mensuelle de 10 000 euros.

Il aura également droit à des bureaux meublés, des dizaines d’assistants, des gardes du corps et des voitures neuves de son choix remplacées tous les trois ans.

Avec AFP

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