Les sondages sont “mensongers” a lancé mercredi le président brésilien Jair Bolsonaro, donné battu à la présidentielle par l’ex-chef d’État de gauche Lula, lors d’un discours enflammé devant des dizaines de milliers de sympathisants réunis à Brasilia pour le bicentenaire de l’indépendance.
À l’occasion du bicentenaire de l’indépendance de son pays, le président brésilien Jair Bolsonaro, donné battu à la présidentielle par son rival Lula, a déclaré que les sondages sont “mensongers”.
“Ici ce n’est pas la mensongère Datafolha, ici règne la vérité”, a-t-il affirmé au sujet de l’institut de référence qui lui accorde seulement 32 % des intentions de vote, loin derrière l’ancien chef de l’État Luiz Inacio Lula da Silva, à 45 %, au premier tour le 2 octobre.
“Ils veulent retourner sur la scène du crime”, a ajouté le président au sujet du Parti des travailleurs (PT) de Lula qui a gouverné le Brésil durant 14 ans. Ils ne reviendront pas !”, a-t-il assuré, tandis que la foule scandait : “Lula, voleur !”.
Une démonstration de force
Jair Bolsonaro entend faire de la commémoration du bicentenaire une démonstration de force, à moins de quatre semaines du scrutin le plus polarisé de l’Histoire récente du Brésil. “Jamais je n’ai vu une mer aussi grande avec ses couleurs vert et jaune”, celles du drapeau national, a-t-il lancé devant la foule qui emplissait la gigantesque Esplanade des ministères de la capitale.
En revanche ni les présidents de la Cour suprême, du Sénat ou de la Chambre des députés n’étaient présents, contrairement à la tradition. “Venez dans les rues, il est encore temps, vêtus de vert et de jaune”, les couleurs nationales, avait lancé Bolosonaro aux Brésiliens, lors d’un entretien à TV Brasil avant le défilé militaire qui a inauguré les célébrations.
Cette journée se déroule sous tension, l’opposition accusant Bolsonaro de vouloir “usurper” la fête nationale à des fins électorales. L’an dernier, le 7-Septembre avait été marqué par des mots d’ordre putschistes dans les cortèges pro-Bolsonaro. Le chef de l’État avait attaqué les institutions et juré que “seul Dieu” pourrait le chasser du pouvoir.
Des milliers de fervents partisans
Le défilé militaire, annulé en 2020 et en 2021 en raison du Covid-19, a été entouré d’un dispositif de sécurité exceptionnel. Jair Bolsonaro devait poursuivre les célébrations du bicentenaire à Rio de Janeiro, le long de la plage de Copacabana où a eu lieu une parade de dizaines de jet-skis et où des milliers de fervents sympathisants étaient déjà rassemblés en fin de matinée.
Parmi eux, Suely Ferreira, 64 ans, arborait une bannière appelant Bolsonaro “à mettre en action les forces armées pour destituer les juges de la Cour suprême”, bêtes noires de son héros. “Une dictature en toge (qui) ruine le pays”, selon elle. “Il va gagner, ce n’est pas possible autrement”, dit-elle, “cette manifestation est très importante pour montrer au monde que notre président est aimé”.
Traditionnellement, le défilé militaire de Rio se tient à une quinzaine de kilomètres de là. Mais le chef de l’État a insisté pour que cette année, les soldats défilent à l’endroit où se déroulent habituellement les manifestations de bolsonaristes. Cette décision a pris de court la mairie : l’avenue Atlantica, qui suit le littoral à Copacabana, est bien moins large que celle du centre.
Un compromis a finalement été trouvé : il n’y aura pas de blindés près de la plage, mais des vaisseaux de guerre sur l’océan et des avions militaires dans le ciel, ainsi que des démonstrations de parachutistes.
Jair Bolsonaro devrait d’abord saluer une foule de motards qui promettent un cortège pétaradant vers Copacabana, avant de haranguer les manifestants sur une vaste estrade louée par des pasteurs de puissantes églises évangéliques. Une intense campagne a été menée sur les réseaux sociaux pour rallier un maximum de manifestants et des youtubeurs bolsonaristes ont lancé des appels aux dons en ligne.
L’un des fils du chef de l’État, le député pro-arme Eduardo Bolsonaro, a pour sa part invité les Brésiliens qui “ont acheté une arme légalement” à s’engager comme bénévoles dans la campagne de son père. Il reste à voir si le discours de Bolsonaro à Rio sera radical.
Il a quelque peu modéré son discours ces dernières semaines, même s’il a traité samedi de “voyou” le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, qui a notamment fait ouvrir plusieurs enquêtes contre lui pour désinformation.
Avec AFP