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Contre-offensive ukrainienne : Kiev pourrait “s’emparer de Kherson avant l’hiver”

Selon le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU, les Ukrainiens, qui mènent actuellement une contre-offensive dans le sud du pays, pourraient s’emparer de toute la rive droite du Dniepr d’ici le mois d’octobre, dont la ville de Kherson.

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Elle était en préparation depuis le début de l’été. La contre-offensive ukrainienne, lancée il y a une semaine dans la région de Kherson, dans le sud du pays, semble porter ses fruits. Malgré le manque d’informations sur les forces engagées et la stratégie adoptée par Kiev, plusieurs indices laissent penser que les Russes subissent l’initiative ukrainienne. 

Le président Volodymyr Zelensky a ainsi revendiqué la reprise de plusieurs localités, tandis que Moscou a annulé les préparatifs du référendum d’annexion par la Russie des régions de Kherson et Zaporijjia.

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Faut-il y voir un tournant dans le conflit qui dure depuis près de sept mois ? Les Ukrainiens ont-ils les moyens de poursuivre cette offensive et de mettre en difficulté l’armée russe ? Éléments de réponse avec le général Dominique Trinquand, spécialiste des questions de défense et ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU.

France 24 : Que sait-on de la mystérieuse contre-offensive menée par Kiev ces derniers jours ?

Général Dominique Trinquand : Les Ukrainiens ont créé un black-out total sur toutes les informations. Les journalistes sont interdits. On a donc beaucoup de mal à savoir où en est la progression des troupes. Cependant, on sait que les offensives se déroulent sur quasiment toute la ligne de front Sud. On pense que les Ukrainiens sont en train de tester les défenses russes de façon à créer des brèches pour ensuite envoyer des renforts. Actuellement, l’axe d’effort russe est dans le Donbass. L’axe d’effort ukrainien est dans la région de Kherson.

Ce que l’on peut dire également, c’est que les Ukrainiens ont préparé méthodiquement cette offensive et concentré les moyens pour réussir. Ils ont commencé par désorganiser le système logistique russe en utilisant l’artillerie à longue distance en frappant les dépôts, les nœuds de communication, les postes de commandement, ainsi que les ponts sur le Dniepr. C’est ce que l’on appelle “façonner le champ de bataille”. Désormais, les troupes russes ont beaucoup de mal à être approvisionnées.

Faut-il voir dans les actes de sabotage perpétrés derrière les lignes ennemies ces dernières semaines un pan de cette stratégie destinée à “façonner le champ de bataille” ?

Bien sûr. Les actions dans la profondeur concourent à cet objectif. Que cela soit avec des maquisards infiltrés, des forces spéciales, de l’artillerie lourde, voire de l’aviation qui est intervenue en force la semaine dernière.

>> À lire : Les explosions en Crimée rappellent le rôle de la résistance ukrainienne en territoire occupé

Cela signifie également que les armements lourds réclamés par Kiev sont bien arrivés sur le front et qu’ils sont efficaces. Y en a-t-il suffisamment ? C’est une autre question.

Peut-on dire que cette offensive fonctionne et qu’elle parvient à mettre en difficulté les Russes ?

Le premier indice de succès dont nous disposons est le discours du président Zelensky, qui indique que l’offensive progresse bien. On peut supposer que s’il commence à en parler malgré le black-out sur les informations, c’est que cela est vrai. Le deuxième indice concerne les réactions des Russes avec l’annulation du référendum sur l’annexion, mais aussi les renforts envoyés dans le sud depuis le Donbass et la Crimée.

Les Russes semblent surpris par la méthode employée. La destruction des dépôts de munitions et des nœuds logistiques, en particulier les voies ferrées, les ont considérablement déstabilisés. Aujourd’hui, si les forces stationnées à l’ouest du Dniepr ne reçoivent plus d’obus, elles ne seront plus capables de se défendre. Si elles ne reçoivent plus de nourriture, cela sera dramatique pour certaines unités. 

Certains officiers ukrainiens assurent que de nombreux soldats russes préfèrent fuir sans combattre devant l’avancée de leurs troupes. Cela vous semble-t-il crédible ?

Cela semble crédible et recoupe un certain nombre d’informations. Cela explique également pourquoi le président Poutine en a récemment appelé aux séparatistes du Donbass. Il semble qu’il y ait une perte de confiance dans ces unités russes qui sont, pour la plupart, au combat depuis quatre ou cinq mois, n’ont pas été remplacées et sont probablement en mauvais état. Les Russes ont de gros problèmes de ressources humaines en ce moment. Ils essayent de recruter à tour de bras mais le président Poutine, ne voulant pas déclarer la guerre, ne peut pas mobiliser. Il veut continuer à donner l’impression que tout se passe normalement.

Je pense qu’avant l’hiver, les Ukrainiens pourraient s’emparer de toute la rive droite du Dniepr dont la ville de Kherson. Il faut se souvenir que cette ville est tombée très rapidement par surprise au début du mois de mars, mais que la population n’est pas favorable du tout à l’occupation russe.

Si l’Ukraine parvenait à atteindre cet objectif, elle réussirait un coup majeur parce que pour la première fois depuis le début du conflit, la Russie aurait reculé. Il pourrait également y avoir un certain nombre de Russes faits prisonniers, ce qui serait très dommageable pour le président Poutine.

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