Alors qu’un nombre grandissant de pays abandonnent les réglementations relatives au Covid-19, la plupart des régions de Chine continuent d’imposer des politiques strictes de quarantaine et de tests, et ce malgré les plaintes de la population. Dans la province méridionale du Guangdong, les mesures préventives sont particulièrement sévères. Une récente panne du passe sanitaire de la province dans la ville industrielle de Shenzhen a déclenché de nouvelles protestations.
Si le reste du monde se résout à coexister avec le Covid-19, la Chine reste inflexible sur sa politique du zéro Covid en adoptant des règles strictes de confinement et de test.
Ces derniers jours, Shenzhen, une ville de plus de 17 millions d’habitants située dans la province de Guangdong, a été témoin d’une recrudescence des cas de Covid-19, ce qui a poussé le gouvernement à renforcer les mesures préventives. La ville est connue pour avoir l’un des programmes de PCR les plus stricts du pays, l’intervalle entre les tests PCR étant passé de 72 heures au début de l’année à 48 heures, puis à 24 heures.
La province utilise un système électronique de laissez-passer Covid, le Code sanitaire de Guangdong, connu sous le nom de Yuekang, pour surveiller les déplacements des citoyens et leur statut infectieux. Les habitants de la province s’appuient sur les applications Yuekang installées sur leurs téléphones pour mener leur vie quotidienne, en flashant les codes QR pour entrer dans des zones fermées telles que leur résidence ou leur lieu de travail. Ils ne sont autorisés à entrer que si un test PCR récent montre qu’ils sont négatifs au Covid et qu’ils n’ont pas été en contact étroit avec des patients.
La plateforme de Yuekang a rencontré un problème technique le 31 août, le système s’étant entièrement planté à Shenzhen pendant plusieurs heures, ce qui a empêché les résidents d’obtenir des tests PCR et de se déplacer dans la ville.
Le hashtag “#Panne du test PCR de Shenzhen” a circulé sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter. Les utilisateurs ont exprimé leur mécontentement face à ce cas de figure inattendu, se plaignant de la façon dont leur travail a été mis en suspens parce qu’ils n’ont pas pu renouveler leur statut “vert” d’exemption de Covid-10 sur le système de Yuekang.
Code vert obligatoire pour entrer
Notre observatrice Yujun (prénom modifié pour des raisons de sécurité) nous a expliqué comment fonctionne le système du code sanitaire dans la province du Guangdong, où se trouve Shenzhen.
Chaque province chinoise a son propre système de code de santé. Le nôtre s’appelle le code de santé du Guangdong (GHC), ou Yuekang.
Actuellement, à Shenzhen, tant que vous avez le code vert, vous pouvez entrer partout, avec ou sans vaccination.
L’objectif principal du GHC est de suivre l’historique des déplacements des personnes. Par exemple, si vous allez au cinéma, vous verrez un code QR à l’entrée. Vous le scannez sur votre téléphone, puis l’application envoie votre localisation et l’heure de votre visite au système central de Yuekang. Plus tard, si l’emplacement confirme un cas de Covid-19, votre visite apparaîtra dans la base de données et votre code personnel Yuekang pourrait devenir jaune ou rouge.
Cependant, étant donné que la fonction de géolocalisation de l’application n’est pas toujours précise, il arrive assez souvent que les données soient erronées, et que votre code devienne jaune ou rouge par erreur.
“Comment pouvez-vous attendre des gens qu’ils fassent un test PCR toutes les 24 heures ?”
À la suite de la récente escalade de la pandémie à Shenzhen, nous avons parlé avec une autre Observatrice de la ville, Xiaohua (prénom modifié). Elle a partagé avec nous sa routine quotidienne :
Je fais un test tous les jours après le travail.
À Shenzhen, les files d’attente pour un test PCR sont bien organisées, mais elles peuvent être vraiment longues.
Je n’avais jamais vu une queue aussi longue que lorsque la situation a commencé à devenir plus instable la semaine dernière. Elle devait faire au moins 1,5 km de long. Il m’a fallu plus d’une heure pour passer le test.
C’est assez stressant d’attendre le résultat du PCR. Par exemple, je travaille dans un immeuble de bureaux, et si je ne reçois pas mon résultat négatif à temps, je ne peux pas entrer dans le bâtiment pour travailler.
Ces derniers jours, comme le nombre de cas confirmés a recommencé à augmenter, les agents de sécurité de l’immeuble ont même commencé à vérifier les historiques de localisation sur notre application Yuekang pour voir si nous nous sommes rendus dans des zones à haut risque.
Mais comment pouvez-vous demander aux gens de faire un test PCR toutes les 24 heures ? Nous sommes des êtres humains et, en tant que tel, il est inévitable que nous fassions une erreur. Il y aura certainement un moment où nous oublierons de faire un test ou ne parviendrons pas à en faire un, et pourtant nous devrons aller travailler le jour suivant.
Ce n’est pas que les gens fassent exprès de ne pas faire leur test, parfois, on fait simplement une erreur.
“Les gens utilisent de faux codes pour contourner les règles”
Linqian (nom modifié), également originaire de Shenzhen, a raconté à notre rédaction les conditions qui l’ont temporairement paralysée le 31 août, le jour de la panne.
Mon certificat sanitaire est soudainement devenu jaune. J’ai dû passer un test PCR pour que mon code redevienne vert.
J’étais dans un endroit éloigné lorsque cela s’est produit. L’application m’a dit de me rendre dans un centre de dépistage de statut jaune, mais c’était très loin. Avec mon code jaune, je ne pouvais prendre ni le métro ou ni un taxi.
Finalement, j’ai utilisé un faux code pour prendre un taxi. Avec toutes les restrictions, beaucoup de gens utilisent de faux codes pour contourner les règles.
Je savais que le système était en panne et que de nombreuses personnes attendaient des heures pour passer un test PCR. Je pensais que j’allais devoir attendre longtemps moi aussi, mais finalement, l’attente n’a pas été longue.
Mon résultat négatif a été enregistré dans l’application, mais il a fallu quatre heures pour que mon statut redevienne vert. Cela prend toujours quelques heures.
Et je ne m’étais même pas rendue à l’endroit où, selon eux, j’avais été en contact étroit avec le virus ! Je n’ai aucune idée de comment cela a pu se produire.