Lorsqu’il a prêté serment le 7 août , Gustavo Petro, le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie a promis “une paix totale”. Samedi, à l’occasion de la prise de fonction officielle du nouveau commandement de l’armée, il a appelé les militaires à construire “une armée de la paix”.
Après des années de violences “fratricides” en Colombie, l’armée colombienne a vocation à “construire la paix” et à devenir “une armée de paix”, a plaidé samedi 20 août, dans la soirée, le président Gustavo Petro, à l’occasion de la prise de fonction officielle du nouveau commandement de l’armée.
Au cours d’une cérémonie avec revue des troupes dans une école militaire de Bogota, les nouveaux chef des armées, de l’armée de terre, de l’air et de la marine ont prêté serment devant le premier président de gauche de l’histoire du pays, élu en juin dernier.
“Je vous invite à une réflexion sur la signification de l’élection (…) : la population a voté pour un changement“, a lancé Gustavo Petro devant un parterre d’officiers, accompagné de son ministre de la Défense récemment nommé, Ivan Velasquez Gomez. Après des “décennies de massacres” à “nous tuer les uns les autres dans une guerre fratricide, une violence permanente, (…) le changement veut dire sortir de cette guerre perpétuelle et construire la paix (…), c’est un ordre du peuple”.
“Que cela signifie-t-il pour l’armée? (…) Il ne s’agit pas de remplacer un général par un autre (…). L’armée doit non seulement se préparer à la guerre, mais elle doit aussi se préparer à la paix, terminer comme une armée de paix”, a souligné le président de 62 ans, ancien membre d’une guérilla urbaine d’extrême-gauche dans les années 1980 et que l’armée colombienne avait alors durement combattue.
“Réduire la violence et la criminalité”
Le 12 août, le nouveau chef de l’État a remplacé tout le commandement militaire, police compris, soulignant que sa mission serait désormais “la réduction de la violence, de la criminalité, et une augmentation substantielle du respect des droits de l’homme et des libertés publiques”.
Le nouveau pouvoir de gauche a ainsi précipité le départ d’une trentaine de généraux de l’armée et de la police, du jamais-vu et un séisme à la tête de cette institution.
Après six décennies de conflit contre la guérilla des FARC (désarmés avec l’accord de paix de 2016), toujours en lutte contre les multiples groupes armés opérant dans les provinces du pays (et notamment les dissident des FARC et la guérilla guévariste de l’ELN), l’armée continue de bénéficier d’un large soutien populaire.
Mais des scandales ont entaché sa réputation : des alliances avec les paramilitaires sanguinaires, des cas de complicité avec le Clan del Golfo (le plus grand gang de la drogue du pays) ou encore l’exécution de plus de 6 000 civils faussement présentés comme des guérilleros tués au combat entre 2002 et 2008.
L’armée a d’abord vocation à “défendre les citoyens”, a-t-il répété samedi. Elle devra lutter contre le “narcotrafic, les cartels étrangers dont la puissance croissante menace notre souveraineté”. Elle devra aussi protéger l’environnement, et “la forêt amazonienne” en particulier.
Ces bouleversements à la tête de la grande muette interviennent alors que Gustavo Petro entend relancer les négociations de paix avec l’ELN, discuter avec les narcotrafiquants pour qu’ils se soumettent à la justice, et reprendre des relations normales avec le Venezuela voisin, alors que les deux pays étaient à couteaux tirés depuis des années.
“Nous passerons à l’histoire si nous construisons la paix. Nous sommes à ce moment de l’histoire, nous pouvons l’assumer, ou non…”, a prévenu le nouveau président devant les généraux.
Avec AFP