Les Angolais sont appelés aux urnes pour les élections législatives le 24 août. Parmi les enjeux majeurs du scrutin : la situation économique. Après cinq ans de récession, l’Angola a renoué avec la croissance en 2021. Mais le “miracle” promis par le président João Lourenço ne s’est pas produit : l’économie de ce pays pétrolier peine à se diversifier et le chômage est au plus haut.
Il y a cinq ans, Pramod Asija a fait l’un des plus gros paris de sa carrière. Ce propriétaire de plusieurs boutiques et restaurants à Luanda, la capitale de l’Angola, a investi 75 000 dollars dans Tupuca, la première start-up de livraison à domicile du pays. Aujourd’hui, la plateforme est un succès avec 1 000 commandes par jour et des franchises dans plusieurs pays de la région.
“Ici, en dehors des diamants et du pétrole, il y a encore beaucoup de secteurs dans lesquels on peut investir”, explique-t-il. “Si vous avez une idée qui n’a pas encore été lancée, et qui marche bien ailleurs, il y a certainement du potentiel pour créer une entreprise.”
Malgré d’importantes réformes, comme la libéralisation de sa monnaie et l’assainissement des finances publiques, l’économie angolaise est à la traîne. Après cinq années de récession, et même si la croissance a repris en 2021, l’inflation atteint 25 % et le taux de chômage est passé de 24 à 30 %.
Chômage en hausse
À Zango, en périphérie de Luanda, Cristina António Salvador est sans emploi depuis mars. “Depuis que j’ai perdu mon emploi, c’est difficile de payer le loyer, les frais de scolarité des enfants, l’électricité…”, déplore cette ancienne serveuse. “C’est vraiment compliqué parce qu’il n’y a que mon mari qui travaille et son salaire ne suffit pas pour tout payer. Là, par exemple, nous n’avons toujours pas payé le loyer.”
En 2017, le président João Lourenço s’était pourtant présenté comme l’homme du miracle économique, promettant de diversifier l’économie et de créer 500 000 emplois.
“L’Angola a l’un des vingt pires environnements d’affaires du monde. Nous n’avons pas d’infrastructures, nous avons des mauvais services d’éducation. Tant que l’État ne s’occupera pas de résoudre ces problèmes, tout en laissant le secteur privé se charger du reste, nous n’arriverons pas à diversifier l’économie”, analyse Carlos Rosado de Carvalho, économiste et journaliste.
En Angola, le pétrole représente encore 30 % du PIB et 90 % des revenus d’exportation.