Les pompiers en Algérie ont continué, jeudi, de lutter contre les flammes. Les feux de forêts et la sècheresse ont tout ravagé sur leur passage et fait plus de 30 morts dont des familles piégées dans un autocar.
Des scènes de désolation. Les pompiers en Algérie continuaient, jeudi 18 août, de lutter contre 24 feux de forêt dans le nord et l’extrême est du pays, au lendemain de violents incendies qui y ont fait au moins 37 morts dont plus d’une dizaine d’enfants.
Le ministère de la Justice a ouvert une enquête visant à déterminer si les incendies étaient d’origine criminelle après des déclarations du ministre de l’Intérieur selon lesquelles “certains des incendies ont été provoqués”.
Selon la protection civile, 24 feux sont encore en cours dans sept préfectures. Durant les dernières 24 heures, 1 700 pompiers ont été mobilisés pour éteindre 118 foyers à travers 21 préfectures. L’armée et la protection civile utilisent aussi des hélicoptères bombardiers d’eau.
Un phénomène qui prend de l’ampleur
Tous les ans, le nord de l’Algérie est touché par des feux de forêt, mais ce phénomène s’accentue d’année en année sous l’effet du changement climatique, qui augmente la probabilité des canicules et des sécheresses et par ricochet des incendies. Il faisait environ 48 degrés, mercredi, à El Tarf, Guelma et Souk Ahras.
Sur la route vers El Kala, près d’El Tarf, une ville de 100 000 habitants, une équipe de l’AFP a vu des arbres calcinés, des véhicules brûlés, des gens aux yeux hagards.
À El Kala, ils ont constaté “d’importants dégâts dans le parc animalier, la mort d’une personne qui aidait les gens à fuir” et de “12 autres prises au piège dans un autocar” devant ce zoo.
À l’hôpital d’El Kala, sur “72 personnes prises en charge, neuf sont en réanimation, neuf sont mortes et les autres sont reparties”, a déclaré à l’AFP un cadre du secteur de la santé de la wilaya d’El Tarf.
Le Premier ministre, Aymen Benabderrahmane, arrivé jeudi à El Tarf, a présenté les condoléances du président Abdelmadjid Tebboune aux familles et assuré que les “autorités mettaient en œuvre tous les moyens” pour soigner les blessés et éteindre les feux encore en cours.
Scènes de panique
Près de Souk Ahras, à environ 200 km de là, cinq incendies ne sont toujours pas maîtrisés. La veille, le feu avait provoqué des scènes de panique en se rapprochant de cette ville d’un demi-million d’habitants. Au moins 350 familles ont quitté leur logement, un hôpital évacué.
Pour intervenir sur les incendies, les autorités ont mobilisé un bombardier d’eau russe Beriev BE 200, qui est tombé en panne et ne sera pas opérationnel avant samedi, selon le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, mercredi soir.
L’Algérie a récemment annulé un contrat pour l’affrètement de sept bombardiers d’eau à une société espagnole, à la suite d’une brouille avec Madrid après son revirement en faveur de la position marocaine sur le dossier du Sahara occidental.
Les incendies des derniers jours ont ravivé le débat sur le manque de bombardiers d’eau en nombre suffisant, qui avait déjà agité le pays l’an passé quand au moins 90 personnes avaient péri dans le nord du pays, dans les pires incendies depuis l’indépendance.
Pas d’alternative
Lors d’un séminaire algéro-canadien sur la lutte contre les feux de forêt, des spécialistes avaient recommandé en mai dernier “la mise en place d’un dispositif national de lutte au moins équivalent à celui qui existait dans les années 1980”, a indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat un expert qui participait aux débats.
À l’époque, “la DTA (direction du travail aérien) disposait de 22 appareils de type Grumman qui faisaient la fierté de l’Algérie notamment en matière de lutte contre les feux de forêt”, a ajouté l’expert, selon lequel les appareils “ont été vendus au dinar symbolique sans qu’aucune solution de rechange ne soit proposée”.
Pays le plus étendu d’Afrique, l’Algérie compte une surface de zones forestières limitée de 4,1 millions d’hectares, avec un maigre taux de reboisement de 1,76 %.
Avec AFP