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Le “razball”, jeune sport burkinabè qui rêve des Jeux olympiques

Un filet, un terrain de 30 mètres, et quatre joueurs qui se renvoient un ballon en faisant un tir à ras du sol… Voici le “razball”, un sport créé à Bobo-Dioulasso, ville du sud-ouest du Burkina Faso, en juillet 2021. Un an après sa création, son concepteur burkinabè dresse le bilan d’un jeune sport qui suscite de plus en plus d’engouement, et rêve d’un destin olympique.

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Le mot “razball”, littéralement “balle qui rase le sol”, résume bien le principe du jeu : deux équipes de cinq joueurs au total, avec seulement deux joueurs sur le terrain, qui s’affrontent sur une surface de 30 mètres sur 15, séparée au milieu par un filet à une hauteur d’un mètre.

Mélange de football, de volleyball et de tennis, en voici les principales règles :

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  • Le jeu se déroule avec deux joueurs de chaque côté du filet, et chaque joueur a droit à trois touches de balle maximum. Le jeu peut également se jouer à un contre un.
  • le joueur frappe la balle à ras de terre pour qu’elle passe sous le filet et atterrisse dans une zone du camp adverse ; ils n’ont pas le droit de frapper, ni de faire retomber la balle dans une zone de cinq mètres du filet.
  • si la balle atterrit dans le camp adverse en passant sous le filet, et que l’équipe adverse ne parvient pas à la contrôler du pied ou de la tête, cela équivaut à un but rapportant deux points (appelé Razis).
  • si la balle passe sous le filet, mais est contrôlée par l’équipe adverse, l’échange se poursuit jusqu’à ce qu’une équipe ne puisse plus contrôler la balle, ou que celle-ci sorte du terrain.
  • si la balle touche le filet, l’équipe est sanctionnée d’un malus d’un demi point (appelé Maga, mot dioula signifiant “touché”).
  • si le ballon passe au-dessus du filet, l’équipe est sanctionnée d’un malus d’un point (appelé “Lohni”, mot de la langue San signifiant “en haut”).
  • toucher le ballon avec la main est interdit et équivaut à un “Sibgré”, soit un pénalty pour l’équipe adverse à marquer dans un petit but.
  • l’équipe qui a le plus de points à la fin d’une partie de 50 minutes (deux mi-temps de 25 minutes) remporte le match.

Voici une courte vidéo montrant un échange entre deux équipes.


Le coup d’envoi de ce nouveau sport créé à Bobo-Dioulasso a été donné en juillet 2021 avec le premier tournoi organisé.

Plus récemment, en juillet 2022, 22 équipes ont participé à un tournoi dont la finale a opposé l’équipe de la Cité Universitaire de Bobo-Dioulasso à celle de Nas1. L’équipe Nas1 s’est imposée avec le score de 24,5 à 17.

Schéma d’un terrain de razball. Le “zangayare” désigne la surface de jeu et signifie “clairière” en langue bissa.
Schéma d’un terrain de razball. Le “zangayare” désigne la surface de jeu et signifie “clairière” en langue bissa. © Zakaria Bandaogo

“Nous avons utilisé des mots issus des langues nationales du Burkina Faso pour promouvoir ce sport”

Zakaria Bandaogo, juge au tribunal de Grande instance de Bobo-Dioulasso, est le créateur de ce sport.

J’ai constaté que toutes les disciplines sportives pratiquées aux Jeux olympiques sont créées par des nations principalement occidentales. Au niveau africain, il n’y a aucune discipline reconnue au niveau mondial [selon l’écrivain Mahouignito Dodji, membre de la société française d’exobiologie, l’Afrique serait en réalité le berceau de nombreux sports dont la lutte, la natation, ou la boxe, qui se sont ensuite développés professionnellement en dehors du continent, NDLR]. C’était donc un défi pour moi d’apporter la contribution du Burkina Faso et de l’Afrique au sport mondial.

L’idée m’est venue en mars 2021, et le jeu a été lancé pour la première fois en juillet 2021 à Bobo-Dioulasso. Le razball est une philosophie au-delà du sport : combat, détermination, créativité et innovation. Il faut une grande maîtrise de soi et donc du ballon pour le pratiquer. C’est aussi un sport qui ne nécessite pas beaucoup d’espace, et donc qu’on peut pratiquer assez facilement.

Enfin, et c’est très important : nous avons utilisé les langues nationales du Burkina Faso pour le promouvoir. Il y a plusieurs mots (razi, lohni, maga, sigbré, etc…) qui désignent des coups particuliers du jeu. C’est une façon de rendre hommage à notre culture, et de faire connaître nos langues au niveau international si ce sport devient un jour populaire dans le monde entier.

“La France peut rentrer dans l’histoire en consacrant le premier sport créé sur le continent africain lors des prochains Jeux olympiques”

Un an après la création de ce sport, je dirais que je suis très heureux de son développement. En juillet dernier, nous avons organisé un nouveau tournoi à Bobo-Dioulasso, et ce sont 22 équipes qui y ont participé, soit plus d’une centaine de personnes.

Les autorités locales et régionales s’intéressent beaucoup à ce sport et étaient présentes lors du tournoi. Le jeu est même pratiqué dans mon village natal à Zigla Koulpélé ou encore à Banfora, donc il commence à se développer dans la région. Il n’y a pas encore un décompte exact du nombre de licenciés, mais on sent un engouement pour ce sport.


Pendant un tournoi à Bobo-Dioulasso en juillet 2022, des jeunes burkinabé s’ignitient au razball.

Nous tentons encore d’exporter cette discipline dans la sous-région, voire au niveau mondial. Je suis aussi convaincu que les clubs professionnels de football peuvent même inclure cette pratique dans leurs dispositifs d’entraînements. Il existe également une grosse opportunité économique : ce sport peut faire naître des entraîneurs de razball, des joueurs professionnels… toute une économie pour produire les filets, les poteaux ou le matériel nécessaire à ce jeu pourrait aussi se développer et créer des emplois.

Nous voulons que le razball rayonne d’abord sur le continent africain, puis je l’espère, dans le monde entier. Mon rêve serait que le razball devienne un jour un sport olympique. La France organise les Jeux Olympiques de 2024… pourquoi ne pas y promouvoir un sport jeune et créé dans un pays africain ? Cela resterait dans l’histoire des Jeux olympiques.”


Zakaria Bandaogo, le créateur du jeu, et le gouverneur de la région des Hauts-Bassin, Moussa Diallo, remettent la coupe au capitaine de l’équipe victorieuse en juillet 2022.

“Pourquoi j’aime le razball”

Cheick Adama Sawadogo est un joueur de razball régulier. Il est considéré par ses pairs comme un bon joueur des précédents tournois à Bobo-Dioulasso.

Pourquoi j’aime ce sport ? C’est un jeu qui se pratique dans des petits espaces et qui nécessite d’être bon techniquement avec un ballon. Cela nécessite d’avoir une frappe puissante, d’être un bon passeur si vous jouez avec un coéquipier, et être rapide. Il faut aussi avoir un bon sens du positionnement.

Ce qui est très important pour moi, c’est l’aspect non violent de ce sport. Je suis un ancien joueur de football, et j’ai eu le genou déboîté étant plus jeune. Cela m’a empêché de poursuivre une carrière de footballeur, car je n’ai pas eu accès à une structure de santé pour soigner cette blessure. Dans le razball, il n’y a pas de contact, et donc des blessures peuvent être davantage évitées.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le razball et contacter leur association, n’hésitez pas à vous rendre sur leur page Facebook !

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