Cuba fait face dimanche au gigantesque incendie d’un dépôt pétrolier frappé par la foudre. Face à une lutte contre le feu inédite pour l’île, le président cubain Miguel Diaz-Canel a annoncé avoir “demandé l’aide et les conseils de pays amis ayant une expérience dans le secteur pétrolier”. Les États-Unis ont offert leur assistance.
Les offres d’assistance se multiplient après l’appel à l’aide lancé par Cuba. L’île fait face dimanche 7 août au gigantesque incendie d’un dépôt pétrolier frappé la veille par la foudre. Au moins une personne a été tuée, 121 autres ont été blessées et 17 sont portées disparues.
Quelque 1 900 personnes ont été évacuées de la zone sinistrée, située dans la banlieue de Matanzas, ville de 140 000 habitants à 100 kilomètres à l’est de La Havane, d’où était visible l’énorme panache de fumée noire obscurcissant le ciel.
“Un corps a été retrouvé sur le site de l’accident”, a déclaré Luis Armando Wong, directeur de la santé de Matanzas, lors d’une conférence de presse.
Cinq blessés sont dans un état critique, trois dans un état très grave et 28 sérieusement atteints, selon un dernier bilan communiqué sur le compte Twitter de la présidence. Parmi les blessés figure le ministre de l’Énergie, Livan Arronte.
Les 17 personnes disparues sont des pompiers “qui se trouvaient dans la zone la plus proche de l’incendie” lorsqu’une explosion a eu lieu.
L’incendie s’est déclaré vendredi soir quand la foudre a frappé l’un des réservoirs du dépôt pétrolier. Au petit matin, le feu s’est ensuite propagé à un deuxième réservoir.
Des contacts avec les États-Unis
Face à la difficile maîtrise de l’incendie qui “pourrait prendre du temps”, selon le président cubain Miguel Diaz-Canel, Cuba “a demandé l’aide et les conseils de pays amis ayant une expérience dans le secteur pétrolier”.
Les réponses ne se sont pas fait attendre et le président cubain a exprimé sur Twitter sa “profonde gratitude aux gouvernements du Mexique, du Venezuela, de la Russie, du Nicaragua, de l’Argentine et du Chili, qui ont rapidement offert une aide matérielle par solidarité face à cette situation complexe”.
“Nous sommes également reconnaissants de l’offre d’assistance technique des États-Unis”, a-t-il ajouté. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Carlos Fernandez de Cossio, a déclaré que la proposition américaine “est déjà entre les mains de spécialistes pour une coordination adéquate”.
L’ambassade des États-Unis à La Havane avait plus tôt affirmé être “en contact” avec les responsables cubains, précisant que, malgré le régime de sanctions en cours contre le parti unique au pouvoir, “la loi américaine autorise les entités et les organisations américaines à fournir des secours et une réponse aux catastrophes à Cuba”.
“La peur des gens était incontrôlable”
Des hélicoptères étaient à pied d’œuvre pour combattre l’incendie samedi, avec des lances à eau approchées à l’aide de grues.
Ginelva Hernandez, 33 ans, a déclaré qu’elle, son mari et ses trois enfants dormaient lorsqu’ils ont été réveillés par une violente explosion. “On s’est jetés hors du lit. Quand nous sommes sortis dans la rue, le ciel était jaune”, a-t-elle raconté à l’AFP. À ce moment-là, “la peur des gens était incontrôlable”.
Laura Martinez, une habitante proche de la zone sinistrée, a dit à l’AFP avoir “senti la déflagration, comme une onde de choc”.
En entendant une première explosion, Yuney Hernandez, 32 ans, et ses enfants ont fui leur maison située à deux kilomètres du dépôt. Ils sont revenus quelques heures plus tard, puis ils ont entendu d’autres explosions aux premières heures du matin et des bruits “comme si des morceaux du réservoir tombaient”.
Selon Asbel Leal, directeur du commerce et de l’approvisionnement à l’Union cubaine du pétrole (Cupet), le premier réservoir “contenait environ 26 000 mètres cubes de brut domestique, soit environ 50 % de sa capacité maximale” au moment de la catastrophe. Le deuxième réservoir contenait 52 000 mètres cubes de mazout.
Cuba n’a jamais été confronté à un incendie de “l’ampleur de celui d’aujourd’hui”, a-t-il dit.
Selon le quotidien officiel Granma, “il y a eu une défaillance du système de paratonnerre qui n’a pas pu résister à la puissance de la décharge électrique”.
Le dépôt alimente la centrale électrique Antonio Guiteras, la plus grande de Cuba, mais le pompage vers la centrale ne s’est pas arrêté, a précisé Granma.
Cet incendie survient alors que l’île fait face à l’obsolescence des huit centrales thermoélectriques pour répondre à la demande accrue d’électricité due à la chaleur estivale.
Les autorités doivent procéder à des coupures tournantes pouvant aller jusqu’à 12 heures par jour dans certaines régions du pays, déclenchant la colère d’habitants excédés qui ont organisé une vingtaine de manifestations.
Avec AFP