Ottawa a confirmé jeudi que la justice canadienne avait réclamé à Paris l’extradition d’un prêtre accusé d’agressions sexuelles sur des enfants inuits. Le père Johannes Rivoire, qui vit désormais à Lyon, fait l’objet d’un mandat d’arrêt au Canada depuis février.
Le Canada a demandé l’extradition d’un prêtre français accusé d’agressions sexuelles sur des enfants inuits il y a plus de 30 ans, devenu pour beaucoup un symbole de l’impunité au sein de l’Église, a confirmé, jeudi 5 août, le ministre canadien de la Justice, David Lametti.
“Je suis au courant du fait qu’une demande d’extradition transmise à la France a été rendue publique, ce que les responsables de mon ministère viennent de confirmer”, a indiqué le ministre fédéral dans un courriel transmis à l’AFP, refusant de donner plus de détails.
“Il est important pour le Canada et ses partenaires internationaux que les crimes graves fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites exhaustives”, a-t-il ajouté.
Un mandat d’arrêt depuis février
Le ministère français des Affaires étrangères a confirmé avoir reçu cette demande, “en cours de traitement par le ministère de la Justice”.
Cette annonce intervient alors que le pape François vient de terminer un voyage au Canada, où il a demandé pardon pour les violences commises dans les pensionnats autochtones, où de nombreux enfants avaient été victimes de sévices.
Le père Johannes Rivoire, qui a passé trois décennies dans le Grand Nord canadien, fait l’objet d’un mandat d’arrêt au Canada depuis février, après le dépôt d’une nouvelle plainte en septembre pour une agression sexuelle survenue il y a environ 47 ans.
Il n’a, pour l’instant, jamais été inquiété et les autorités n’ont pas précisé le nombre total de ses victimes présumées.
Demande auprès du pape
Johannes Rivoire avait déjà fait l’objet d’un mandat d’arrêt entre 1998 et 2017 pour agressions sexuelles contre trois mineurs. Celui-ci n’a jamais été suivi d’effet. Le prêtre a quitté le Canada en 1993 et vit désormais en France, à Lyon.
Le religieux, qui a la double nationalité, représente une “problématique” parce qu’il est “très compliqué” d’extrader des Français, a précisé à l’AFP une source proche du dossier.
Le nonagénaire, interrogé récemment par les médias, clame son innocence.
Dans le Nord canadien, son cas reste emblématique de l’impunité des agresseurs sexuels dans l’Église.
“Nous aimerions que Rivoire soit extradé au Canada pour faire face à ses accusations devant les tribunaux et nous avons demandé au pape d’intervenir pour lui demander de revenir au Canada”, avait confié à l’AFP Kilikvak Kabloona, une représentante des Inuits du Nunavut, lors de la visite du pape.
Avec AFP