Près de Zaporijjia, dans le sud-est de l’Ukraine, un grand centre accueille les populations déplacées. Nombre d’Ukrainiens arrivent de la région occupée de Kherson, après avoir traversé des “passages de filtration” russes. Auprès de France 24, ils confessent leur désarroi, leur colère, mais aussi la peur pour leurs proches restés derrière.
Les autorités ukrainiennes continuent d’exhorter les civils à fuir les territoires occupés par les troupes russes, dans le sud du pays notamment, où l’armée ukrainienne affirme préparer une importante contre-offensive. La ville de Zaporijjia est ainsi devenue un important lieu d’accueil pour des populations parfois très éprouvées.
Dans ce centre pour personnes déplacées situé près de Zaporijjia, ils sont nombreux à arriver du Sud, où ils ont fui les territoires occupés par les Russes.
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Parmi eux, Ioulia, déplacée de Kherson, arrive à peine. “On a l’impression d’être dans un autre monde. Dès qu’on est arrivés, on a tout de suite compris qu’on était dans un pays libre, et puis c’est propre. Là bas, tout est tellement sale et laissé à l’abandon, il y a des soldats russes partout”, raconte-t-elle au micro de France 24.
Ces familles viennent de traverser ce que les Russes appellent des “passages de filtration”. Des voyages qui peuvent durer des jours entiers, entre attente dans les voitures et cars, et nuits à la belle étoile.
“Nos merveilleux soldats nous ont accueillis, on les a embrassés, on était en larmes”, relatent d’autres déplacées. Celles-ci n’ont pas voulu être filmées, par souci de sécurité pour leurs proches restés derrière. Elles ont décidé de partir parce que l’armée ukrainienne le leur demandait. “Ils disent : ‘Aidez-nous à continuer le combat, évacuez avec vos enfants'”, expliquent-elles. “De toute façon, nos enfants allaient à l’école ukrainienne, et maintenant, les Russes établissent leurs écoles là-bas avec leurs programmes, et on n’en veut pas.”
“Marioupol n’existe plus”
La plupart des déplacés arrivent de Kherson. Ceux de Marioupol, plus rares, peuvent solliciter l’aide de leur administration locale. La municipalité en exil de la ville portuaire, décimée par la guerre, a installé une dizaine de centres d’accueil comme celui-ci dans le pays.
“Je ne ressens plus rien à propos des Russes”, confesse, émue, Svetlana, déplacée de Marioupol. “Je me sens offensée, et j’ai de la colère aussi, parce qu’on n’a plus rien désormais, Marioupol n’existe plus.”
“95 % de Marioupol est en ruines”, affirme Irina Krobka, directrice du centre de soutien pour les déplacés de Marioupol. “Les gens qui ont vécu cette tragédie, ceux qui ont perdu des proches, sont extrêmement affectés psychologiquement. Ils ont besoin de beaucoup de temps, de soutien, de thérapie.”