Le premier Tour de France féminin professionnel débute dimanche à Paris. À la veille du grand départ, les coureuses, réunies à Meaux pour la présentation protocolaire, font part de leur impatience.
Une dose d’impatience, beaucoup d’excitation et un peu de pression… À la veille du début du Tour de France Femmes, les 144 coureuses qui prendront le départ de l’épreuve, dimanche 24 juillet, à Paris, connaissent une profusion d’émotions lors de la présentation des 24 équipes.
L’existence même de ce rendez-vous protocolaire, à la veille de la course, constitue déjà une nouveauté pour la plupart des coureuses. À l’image de Barbara Fonseca, une des coureuses Saint-Michel Auber 93 : “Tout est un peu plus grand. Par exemple, on vient faire des photos officielles. D’habitude, on est plutôt dans notre petite bulle à l’hôtel”, sourit-elle.
Pour elle, courir ce Tour de France féminin enfin créé est un accomplissement. La jeune femme de 31 ans a en effet repris le vélo en 2017 avec l’opération “Donnons des elles au vélo J-1”, qui parcourait les étapes la veille des hommes pour militer pour un Tour féminin. “Avec ce Tour de France, la boucle est bouclée”, plaisante-elle.
“Je suis excitée et motivée de prendre le départ ! Le stress montait surtout dans les derniers jours, on avait peur d’attraper le Covid. Mais, ça y est ! On y est”, s’enthousiasme Evita Muzic, de la FDJ – Suez – Futuroscope qui se présente dans un rôle de garde du corps en montagne de ses leaders, Cecilie Uttrup-Ludwig et Marta Cavalli.
Les Françaises au centre de l’attention
Les coureuses profitent de leur notoriété nouvelle, notamment les Françaises qui aimantent l’attention des médias. À l’image de Juliette Labous, parmi les meilleures chances tricolores au classement général final, qui répond à toutes les sollicitations, sous l’œil amusé de sa coéquipière de DSM, Liane Lippert, pourtant vêtue de la tunique de championne d’Allemagne.
“Il me tarde d’être demain. Il y a de l’excitation et aussi un peu de pression”, avoue la vainqueure d’étape sur le Tour d’Italie 2022. “Tout va se jouer sur les deux dernières étapes, ainsi que sur celle des chemins de vigne entre Troyes et Bar-sur-Aube.”
La Franc-Comtoise pourra compter sur une source de motivation supplémentaire pour les deux derniers jours : le tracé du Tour de France 2022 s’achève chez elle, au sommet d’une Planche des Belles filles qu’elle connaît bien.
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Une fin de parcours avec des sommets du Markstein et de la Planche des Belles Filles qui fait peur à une partie du peloton : “On est heureuses d’être là mais il y aussi un peu de peur. Les meilleurs du monde sont là. Tout le monde en a fait un objectif, la semaine va être longue et douloureuse”, prévient Morgane Coston, de l’équipe Arkea Pro Cycling.
On avait quitté Gladys Verhulst lors d’une conférence de presse larmoyante en juin aux championnats de France de Cholet. La Normande avait fini pour la troisième fois sur le podium, battue d’un cheveu par Audrey Cordon-Ragot.
Elle débarque sur ce Tour reboostée et prête à en découdre : “J’aurais aimé porter le maillot bleu-blanc-rouge sur ce Tour, c’est sûr… Mais ça fait que j’ai ma revanche à prendre sur ce Tour”, explique-t-elle.
“Je crois que je ne réalise pas encore totalement que je vais courir le Tour de France. Ce sera sans doute demain, quand on va commencer à se battre pour la victoire sur les Champs-Élysées”, avoue celle qui a toujours rêvé de courir le Tour, confessant avoir “la chair de poule”.
Audrey Cordon-Ragot mesure le chemin parcouru
Du haut de ses 32 ans, Audrey Cordon-Ragot a déjà une longue carrière derrière elle. La championne de France 2022 commençait même à désespérer que le Tour de France Femmes voit le jour.
“Il était temps que l’attente se termine ! On a été extrêmement sollicitées et, maintenant, il est temps que ça s’arrête : place au sport”, lâche la Bretonne. “On va prouver à tous qu’on fait aussi bien que les garçons.”
“Mon objectif était d’arriver sur ce Tour avec le maillot bleu-blanc-rouge. Donc je peux d’ores et déjà dire qu’il est réussi. Maintenant, je vais travailler (comme coéquipière, ndlr) au maximum pour qu’Elisa Balsamo (la championne du monde, nldr) et Elisa Longo Borghini s’imposent”, explique-t-elle, confiant ne pas avoir d’ambitions personnelles.
Avant de s’élancer pour la Grande boucle, la championne française prend le temps de mesurer le chemin parcouru pour le cyclisme féminin : “Je sais d’où on vient, j’ai connu les années de galère, je me suis changée à l’arrière de ma voiture, j’ai eu des collègues qui ont dû arrêter en raison du manque d’argent… Et aujourd’hui, avec le Tour de France, on est loin de tout ça”, note-elle.
La Bretonne espère également que le public sera au rendez-vous au bord des routes, comme il l’est chaque année pour les hommes : “J’avoue que j’ai un peu peur qu’on soit déçues… Mais je me dis que ce sera toujours mieux que d’habitude. Et à nous de leur donner envie de venir nous voir l’an prochain !”