La fédération Perifem, qui rassemble l’ensemble des acteurs de la distribution pour agir sur les sujets énergétiques ou environnementaux, se mobilise face aux risques de pénuries qui pourraient arriver d’ici la fin de l’année. Elle a défini des “mesures communes et concrètes” pour baisser la consommation d’énergie des supermarchés à compter de l’automne prochain.
Les conséquences énergétiques de la guerre en Ukraine continuent de se faire ressentir en France. Extinction des enseignes lumineuses dès la fermeture, réduction de l’éclairage, voire baisse de la température : face aux inquiétudes sur l’approvisionnement électrique cet hiver, la grande distribution s’est accordée sur “une stratégie forte de réduction” de sa consommation d’énergie, qui doit être déployée à l’automne.
“En prévision d’un manque prévisible d’électricité, E. Leclerc et ses concurrents ont décidé d’être fourmis” et non des cigales, a écrit sur son compte LinkedIn le président du comité stratégique des centres E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc.
La fédération Perifem, qui rassemble l’ensemble des acteurs de la distribution pour agir sur les sujets énergétiques ou environnementaux, évoque “le risque de pénuries d’approvisionnement électrique annoncées par le gouvernement pour cet hiver”, ce qui la pousse à définir des “mesures communes et concrètes” déployées à compter du 15 octobre.
Risque de pénurie
Il est prévu d’éteindre les enseignes lumineuses “dès la fermeture du magasin” – contre en général une heure après la fermeture actuellement – et de “systématiser la baisse d’intensité lumineuse”, en réduisant de moitié l’éclairage de la surface de vente avant l’arrivée du public et de 30 % lors des “périodes critiques de consommation”.
Sont également prévues d’autres mesures comme “la coupure du renouvellement d’air la nuit, le décalage de la production de glace” et des mesures d’urgence prévoyant notamment de baisser la température des points de vente à 17°C cet automne et cet hiver, en cas de demande d’une autorité régulatrice.
Carrefour a, en outre, officialisé lundi un partenariat avec EcoWatt, “météo de l’électricité” développée par RTE (Réseau de transport d’électricité), le gestionnaire du réseau à haute tension, devant lui permettre de réduire ou décaler sa consommation d’électricité lors des périodes tendues.
“C’est une première étape qui est franchie, avec des mesures immédiates, que la ministre avait appelées de ses vœux”, a réagi le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, tout en appelant à “poursuivre ce travail et à aller plus loin”. “Il s’agit de prendre toutes les mesures qui produiront des effets immédiats pour passer le cap de l’hiver, mais aussi pour durablement réduire nos émissions de gaz à effet de serre.”
Le président Emmanuel Macron avait expliqué le 14 juillet que l’État préparait un “plan de sobriété” énergétique pour faire face au risque de pénurie liée à la guerre en Ukraine, appelant à “rentrer collectivement dans une logique de sobriété”.
Ces premières mesures, actées par E.Leclerc, Carrefour, Système U, Les Mousquetaires Intermarché, Auchan, Casino, Franprix, Monoprix, Lidl ou encore Picard, sont aussi des mesures d’économie pour les enseignes, face à la hausse du coût de l’énergie.
“Sobriété énergétique”
Alors que “la facture électrique représentait 30 %” du résultat net des enseignes “avant les récentes envolées des coûts de l’énergie”, il est “essentiel de réduire la facture énergétique et de se mobiliser ensemble pour éviter une répercussion trop importante sur les prix pour les consommateurs”, reconnaît la fédération, alors que la loi Élan prévoit en outre une réduction de la consommation énergétique des magasins de 40 % à horizon 2030.
“L’heure est à la sobriété énergétique, cela va de manière profonde changer nos habitudes de consommation”, a estimé dans le communiqué de Perifem son président, Thierry Cotillard, pour qui ce protocole “doit s’inscrire dans la durée”. La fédération veut croire que ce protocole pourra servir “de base à l’ensemble des fédérations du commerce et de la distribution pour la généralisation de ces mesures”, qui leur seront présentées “lors d’une réunion le 26 juillet”.
Reste à savoir dans quelle mesure ce plan sera appliqué par les magasins sur le terrain, alors que des riverains et associations (comme France nature environnement ou Résistance à l’agression publicitaire) dénoncent régulièrement le non-respect par certains commerces des règles sur l’extinction des enseignes lumineuses la nuit, par exemple.
“Avec les acteurs qui agissent déjà, nous détaillerons une feuille de route dès septembre”, a réagi sur son compte Twitter la ministre déléguée aux PME, au Commerce, à l’Artisanat et au Tourisme, Olivia Grégoire.
Avec AFP