Le prince héritier Mohammed ben Salmane et le président américain Joe Biden ont, lors de leur rencontre en Arabie saoudite, brièvement évoqué l’affaire Jamal Khashoggi. Si pour MBS, ce meurtre est une “tragédie”, c’est aussi une affaire classée. MBS a également souligné les “erreurs” des États-Unis, notamment en Irak.
L’Arabie saoudite a fait savoir samedi 16 juillet que l’assassinat du journaliste critique Jamal Khashoggi était une “tragédie” sur laquelle il était inutile d’épiloguer, après que le président américain Joe Biden l’a évoqué lors de sa visite dans la monarchie du Golfe.
Joe Biden, qui a entamé son premier voyage au Moyen-Orient en tant que président par une visite en Israël, cherche à profiter de sa rencontre, samedi, avec des dirigeants arabes à Djeddah, pour intégrer Israël dans un nouvel axe largement motivé par le dossier iranien
Le président américain a tenu une série de réunions avec les dirigeants de l’Irak, de l’Égypte et des Émirats arabes unis samedi, auprès desquels il a plaidé en faveur d’un rapprochement avec Israël et d’un renforcement des capacités régionales de défense.
Joe Biden s’est efforcé tout au cours de son déplacement de ménager le pouvoir saoudien qu’il avait pourtant promis de traiter en “paria” en raison de son implication dans la mort du journaliste Jamal Khashoggi.
Riyad pointe les “erreurs” américaines
Critique du pouvoir après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été assassiné dans le consulat saoudien d’Istanbul en 2018. Les services de renseignement américains ont pointé la responsabilité du prince héritier Mohamed ben Salmane, envenimant les relations entre Riyad et Washington.
Surnommé MBS, le dirigeant de facto du royaume, recevant le président américain vendredi, “a expliqué (à Joe Biden) qu’il s’agissait d’une tragédie pour l’Arabie saoudite”, selon le ministre d’État aux Affaires étrangères Adel al-Jubeir.
Le responsable saoudien a, par ailleurs, mis en avant les “erreurs” des États-Unis, citant l’affaire d’Abou Ghraib, cette prison irakienne où des militaires américains ont pratiqué torture et traitements humiliants.
Le prince héritier a assuré que “les responsables avaient fait l’objet d’une enquête, avaient été confrontés à la justice et payaient désormais pour le crime”, a-t-il ajouté dans une interview avec CNN.
Interrogé sur un rapport du renseignement américain désignant MBS comme le commanditaire de l’opération, le ministre saoudien a lancé : “Nous savons bien ce qu’avait conclu le renseignement à propos des armes de destruction massive de Saddam Hussein”, qui n’ont jamais existé.
Des coupables “punis”
Adel al-Jubeir a également précisé que le royaume estimait que l’affaire Khashoggi avait été suffisamment traitée, même si la dépouille du journaliste n’a jamais été retrouvée.
En 2020, un tribunal saoudien a condamné huit personnes à des peines allant de sept à vingt ans de prison pour ce meurtre. Leurs noms n’ont jamais été publiés, et la fiancée de Khashoggi a qualifié le jugement de “farce”.
“Le Royaume d’Arabie saoudite a enquêté sur ce crime. Le Royaume d’Arabie saoudite a demandé des comptes à ceux qui en sont responsables, et ils paient le prix du crime qu’ils ont commis en ce moment même”, a déclaré Adel al-Jubeir.
“Nous avons enquêté, nous avons puni et nous avons mis en place des procédures pour que cela ne se reproduise pas. C’est ce que font les pays dans des situations comme celle-ci.”
La fiancée de Jamal Khashoggi, a exprimé son indignation quant à la rencontre entre Joe Biden et Mohammed ben Salmane, imaginant ce que son compagnon aurait pensé de cette visite. “Est-ce là votre façon de faire rendre des comptes aux responsables de mon meurtre ? Le sang de la prochaine victime de MBS (surnom de Mohammed ben Salmane, NDLR) est sur vos mains”, a-t-elle tweeté vendredi.
Avec Reuters et AFP