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Italie : M5S divisé, incinérateur romain… pourquoi Mario Draghi a présenté sa démission

Mario Draghi, à la tête d’un gouvernement d’union depuis février 2021 en Italie, a souhaité démissionner, jeudi, après le boycott par le Mouvement 5 Etoiles (M5S) d’un vote de confiance sur un texte au Sénat. Une démission rejetée par le chef de l’État qui lui a demandé de rester à son poste. Si rien ne s’arrange, des élections législatives anticipées pourraient être organisées pour sortir de l’impasse politique.

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Après un an et cinq mois aux manettes de l’exécutif italien, Mario Draghi s’est finalement heurté aux vicissitudes politiques d’un pays où seule Rome est éternelle. Et si la coalition gouvernementale ne retrouve pas son unité rapidement, la seule option sera de convoquer des élections anticipées à l’automne, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui a quitté le M5S avec une soixantaine d’élus du mouvement à la fin juin pour continuer à soutenir l’action de Mario Draghi. 

Le président du conseil italien, Mario Draghi, a démissionné le 14 juillet 2022.
Le président du conseil italien, Mario Draghi, a démissionné le 14 juillet 2022. © Pierre Teyssot, AFP

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Comment en est-on arrivés là ? Voici cinq choses à savoir sur la crise qui a mené Draghi à présenter jeudi soir sa démission au président Sergio Mattarella, qui la lui a refusée.

• Des dissensions au sein de la coalition d’unité nationale

À la tête de l’exécutif italien depuis février 2021, Mario Draghi a succédé à Giuseppe Conte, chef du Mouvement 5 Étoiles, une formation anti-système créée à la fin des années 2000 et qui, depuis, est largement rentrée dans le rang. Et c’est notamment le positionnement de ce groupe dans la grande coalition d’unité nationale de Draghi qui suscite des dissensions internes, entre les partisans de Conte, gardiens de la doctrine originelle du parti, et Luigi Di Maio, chef de la diplomatie, qui joue désormais à fond la carte de l’ancien patron de la BCE.

Ces tensions politiques, doublées de rivalités personnelles, se sont aggravées avec la crise ukrainienne, Conte s’opposant à la livraison d’armes à Kiev. Le M5S estime par ailleurs que le gouvernement ne fait pas assez pour les plus modestes et la transition écologique. Di Maio a fini par claquer la porte et fonder son propre parti début juillet.

Surtout qu’en parallèle, le M5S fait face à une baisse de popularité auprès de ses électeurs. Vainqueur des dernières élections législatives en 2018, avec 32 % des voix et une majorité relative au Parlement, n’a cessé depuis de dégringoler dans les intentions de vote, aujourd’hui à 10 %-11 %. Après leur déroute aux élections locales partielles du printemps qui ont mis au jour leur faible ancrage dans les territoires, ils se cherchent un nouveau souffle. Giuseppe Conte peut compter sur le soutien du fondateur du mouvement, l’ancien comédien Beppe Grillo, pour qui les élus 5 Etoiles ne sont pas là pour passer les plats: “Le M5S fait du M5S”, dit-il.

• Un incinérateur romain au cœur des tensions

Rome a la sinistre – et méritée – réputation d’être une ville sale : les ordures sont ramassées de façon aléatoire et des hordes de sangliers en profitent pour faire leur marché les quartiers périphériques. L’ex-maire M5S de la capitale italienne, Virginia Raggi, a tenté d’y remédier, en vain. Les autorités dénoncent la mainmise de groupes mafieux sur le réseau de collecte et l’absentéisme chronique des agents.

Depuis, c’est un maire du Parti démocrate qui a été élu. Et avec le gouvernement, décision a été prise de construire un incinérateur. Or le fameux texte boycotté par le M5S au Sénat prévoit des pouvoirs extraordinaires au maire pour mener le projet à son terme. Inacceptable pour le M5S, qui estime que cet incinérateur va polluer, coûter une fortune et surtout qu’il ne règlera pas le problème immédiat puisqu’il faudra des années pour le construire.

• Draghi conserve la majorité, pourquoi vouloir partir ?

Même si la pandémie de Covid-19 a fait exploser les critères stricts de déficit défendus par Bruxelles, Mario Draghi, ancien banquier central à Francfort, est perçu par la Commission européenne et les marchés comme un chevalier blanc de l’orthodoxie budgétaire, un gage de rigueur (ou d’austérité selon ses détracteurs) dans un pays politiquement instable et économiquement fragile.

Seulement, à 74 ans, cet économiste qui n’a jamais sollicité de mandat électif ne veut pas être entraîné dans les jeux traditionnels de la politique italienne. Il a été investi sur son nom, pour éviter à l’Italie de vivre “un cauchemar grec” après la pandémie qui a fait plonger le PIB de la troisième économie de la zone euro et privé des millions de travailleurs de revenus. Et si au nom de cette urgence vitale, il a accueilli dans son équipe la carpe et le lapin, de la gauche à la Ligue de Matteo Salvini, ce n’est pas pour jouer les arbitres de cour de récréation.

>> À voir : “Italie : l’éventuel départ du chef du gouvernement Mario Draghi inquiète les milieux économiques”

• Quel bilan pour Mario Draghi ?

Un peu moins de 200 milliards d’euros entre 2021 et 2026 : telle est la manne négociée par Mario Draghi auprès de ses partenaires européens pour maintenir l’Italie à flot. Aucun autre pays n’a reçu autant. Bruxelles a déjà décaissé 45,9 milliards, à mesure que les réformes exigées en contrepartie ont été engagées, par exemple celle de la justice, une des plus lentes et inefficaces d’Europe.

“Mais beaucoup des réformes les plus délicates et politiquement controversées sont en attente”, constate Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien. “Il aurait dû trouver le plus petit dénominateur commun pour faire au moins les réformes prévues par le plan de relance et considérées comme assez neutres. Mais mettre ensemble des forces (politiques, ndlr) aussi diverses est une mission presque impossible”.

Avec AFP 

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