Le président américain, qui a entamé une tournée au Moyen-Orient, a multiplié, jeudi, les échanges avec des dirigeants israéliens à Jérusalem. Il doit à cette occasion prononcer une “déclaration” qui scelle la coopération des États-Unis et d’Israël face à l’Iran.
Après la diplomatie de courtoisie, place aux dossiers épineux. Le président américain, Joe Biden, multiplie jeudi 14 juillet les échanges avec des dirigeants israéliens à Jérusalem, où il doit endosser une “déclaration” qui scelle la coopération des États-Unis et d’Israël face à l’Iran.
La “Déclaration de Jérusalem sur le partenariat stratégique entre les États-Unis et Israël” sera “le vivant témoignage de la nature unique, de la santé, de l’ampleur, de la profondeur et de l’intimité” de cette relation bilatérale, a indiqué un haut responsable israélien sous couvert d’anonymat.
“Une assez bonne communauté de points de vue”
En particulier, ce document va exprimer “une position très claire et unie contre l’Iran, son programme nucléaire et son agression à travers la région”, a-t-il dit.
Les Américains n’utilisent pas jusqu’à présent l’expression “Déclaration de Jérusalem” pour évoquer ce texte. Mais un haut responsable de la Maison Blanche, qui n’a pas souhaité être nommé, a qualifié ce document de “significatif”.
Il contient “le serment de ne jamais permettre à l’Iran de se doter de l’arme nucléaire”, a-t-il indiqué, assurant que les États-Unis et Israël avaient “une assez bonne communauté de points de vue” sur ce dossier.
L’attitude à adopter vis-à-vis de Téhéran est une source de flottement entre les États-Unis, qui voudraient tenter la voie diplomatique en ressuscitant un accord de 2015 visant à garantir le caractère civil du programme nucléaire iranien, et Israël, adepte de la ligne dure.
“Une erreur gigantesque”
Considéré par les experts comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, Israël accuse l’Iran, son ennemi juré, de chercher à se doter de la bombe atomique, ce que ce pays dément catégoriquement.
En 2018, sous l’administration Trump les États-Unis se sont retirés de l’accord de 2015 et ont rétabli des sanctions contre l’Iran poussant ce dernier à revenir sur certains de ses engagements dictés par ce pacte.
“C’était une erreur gigantesque du dernier président de se retirer de l’accord car ils (les Iraniens) sont plus près de l’arme atomique aujourd’hui qu’ils ne l’étaient auparavant”, a déclaré Joe Biden dans un entretien à la chaîne israélienne 12 diffusé mercredi soir.
Interrogé s’il était prêt à utiliser la force afin de s’assurer que l’Iran n’obtienne pas l’arme atomique, Joe Biden a répondu : “Oui, si c’est en dernier recours”.
Israël craint entre autres qu’une levée des sanctions regarnisse les coffres de l’Iran ce qui lui permettrait d’accroître son soutien à ses alliés régionaux comme le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, bêtes noires de l’État hébreu.
Dans le détail, Joe Biden doit s’entretenir à la mi-journée avec le Premier ministre, Yaïr Lapid.
L’influence américaine
Il participera également à une réunion d’un format appelé “I2U2”, avec les dirigeants israéliens, d’Inde, un allié d’Israël, et des Émirats arabes unis, pays qui a normalisé ses relations en 2020 avec Israël.
À cette réunion sera présenté, selon le haut responsable américain, un projet “à deux milliards de dollars” de développement agricole en Inde.
Joe Biden verra aussi le président Isaac Herzog, qui doit le décorer d’une “médaille d’honneur”, et il ira encourager les athlètes américains participant aux Maccabiades, des rencontres sportives juives organisées tous les quatre ans en Israël.
Enfin, comme c’est l’usage pour un président américain, d’autant qu’Israël est en campagne pour les élections législatives anticipées du 1er novembre, Biden rencontrera l’opposition politique, en l’occurrence l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu.
La visite de Joe Biden – sa dixième au total, mais sa première comme président – vise pour Washington à rappeler son influence dans une région qui n’a jusqu’ici pas été la priorité de l’administration démocrate, surtout obnubilée par la Chine et la Russie.
“Si les deux parties sont prêtes à dialoguer, nous serons là”
Là où toutes les administrations américaines ou presque ont dirigé beaucoup d’efforts diplomatiques vers le Moyen-Orient, à grands coups d’initiatives pour le processus de paix israélo-palestinien, celle de Joe Biden reste jusqu’ici en retrait.
Le président prévoit, selon un haut responsable américain, de faire vendredi, lors d’une rencontre avec le dirigeant palestinien, Mahmoud Abbas, en Cisjordanie occupée, une aide “significative” pour les hôpitaux de Jérusalem-Est, et un projet de développement d’un réseau 4G tant en Cisjordanie qu’à Gaza.
Ce soutien économique “ne remplace pas le besoin, finalement, d’un horizon politique”, a-t-il assuré. “Nous n’allons pas présenter un plan de paix exhaustif” car cela “créerait des attentes qui seraient probablement déçues” mais “si les deux parties sont prêtes à dialoguer, nous serons là”. Après Israël, Joe Biden doit se rendre vendredi en Arabie saoudite.
Avec AFP