Après avoir fui samedi le palais présidentiel assiégé par les manifestants, le président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa en fuite était bloqué mardi à l’aéroport international de Colombo.
Après sa fuite sous la pression des manifestants, le président Gotabaya Rajapaksa était bloqué mardi 12 juillet à l’aéroport de Colombo. Le chef d’État contesté, qui a promis d’annoncer sa démission mercredi, a été confronté à un face-à-face humiliant avec les agents de l’immigration l’empêchant de s’exiler à l’étranger, selon des sources officielles.
Les responsables de l’immigration ont refusé à Gotabaya Rajapaksa l’accès au salon VIP pour faire viser son passeport, alors que le chef de l’État voulait éviter le terminal ouvert au public, craignant la réaction de la population.
>> À lire : Acculé par les crises économique et politique, le Sri Lanka à l’arrêt
Protestations
N’ayant pas encore démissionné, ce qu’il a promis de faire mercredi pour une “transition pacifique du pouvoir”, M. Rajapaksa bénéficie d’une immunité présidentielle. Il pourrait vouloir en profiter pour trouver refuge à l’étranger.
Le chef de l’État et sa femme ont passé la nuit précédente dans une base militaire proche de l’aéroport international après avoir manqué quatre vols qui auraient pu les conduire vers les Émirats arabes unis.
Son plus jeune frère Basil, qui a démissionné en avril de son poste de ministre des Finances, a aussi manqué son avion pour Dubaï après une confrontation similaire avec l’immigration.
Basil a essayé d’utiliser un service de conciergerie payant pour les voyageurs d’affaires, mais le personnel de l’aéroport et de l’immigration a annoncé la suppression de ce service rapide avec effet immédiat.
“Certains autres passagers ont protesté contre l’embarquement de Basil sur leur vol”, a rapporté à l’AFP un responsable de l’aéroport. “C’était une situation tendue, donc il a quitté l’aéroport précipitamment”.
Avion ou bateau
Basil, qui possède aussi la nationalité américaine, devait demander un nouveau passeport après avoir laissé le sien dans le palais présidentiel au moment de la fuite de la famille Rajapaksa samedi face à l’assaut de milliers de manifestants, selon une source diplomatique.
Le président srilankais a laissé derrière lui une valise remplie de documents et 17,85 millions de roupies (49 000 euros) en liquide, désormais sous scellés.
Le bureau de la présidence ne communique pas sur sa situation, mais M. Rajapaksa demeure le commandant en chef des armées, disposant ainsi de moyens militaires.
Il a alors toujours la possibilité de prendre un navire militaire pour se rendre en Inde ou aux Maldives, selon une source de la défense.
Si le chef de l’État démissionne comme promis, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe sera automatiquement nommé président par intérim jusqu’à l’élection par le parlement d’un député qui exercera le pouvoir jusqu’à la fin du mandat en cours, c’est-à-dire novembre 2024.
Le président par intérim contesté
M. Wickremesinghe est toutefois aussi contesté par les manifestants qui campent devant le Secrétariat présidentiel depuis plus de trois mois pour demander la démission du président en raison de la crise économique sans précédent que traverse le pays.
M. Rajapaksa est accusé d’avoir mal géré l’économie, menant à l’incapacité du pays, en manque de devises étrangères, à financer les importations les plus essentielles à cette population de 22 millions d’habitants.
Colombo a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars en avril et est en pourparlers avec le FMI pour un éventuel renflouement.
Le Sri Lanka a presque épuisé ses réserves d’essence. Le gouvernement a ordonné la fermeture des bureaux non essentiels et des écoles afin de réduire les déplacements et d’économiser du carburant.
Avec AFP et Reuters