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Ons Jabeur, des courts de tennis des hôtels tunisiens à ceux de Wimbledon

À 27 ans, la Tunisienne Ons Jabeur joue samedi à Wimbledon sa première finale d’un tournoi du Grand Chelem. Opposée à la Kazakhe Elena Rybakina, elle pourrait devenir la première joueuse de tennis arabe et africaine à remporter un titre majeur de ce sport. Portrait d’une battante qui veut marquer l’histoire.

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Ons Jabeur est une habituée des grandes premières. La Tunisienne, déjà première joueuse du monde arabe à atteindre les quarts de finale d’un Grand Chelem à l’Open d’Australie en 2020, est la première tenniswoman du continent africain à disputer la finale d’un tournoi majeur, samedi 9 juillet à Wimbledon, face à la Kazakhe Elena Rybakina,.

Sa qualification pour la demi-finale à Londres était déjà historique, puisqu’elle a fait de Ons Jabeur la première joueuse arabe et nord-africaine, hommes et femmes confondus, à atteindre ce stade lors d’un tournoi du Grand Chelem.

En octobre 2021, elle fût la première joueuse de tennis du monde arabe, hommes et femmes confondus à accéder au top 10 mondial. “Ce n’est que le début”, avait déclaré à l’époque la Tunisienne qui répète fréquemment sa fierté de représenter “les Arabes et l’Afrique”.

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Invaincue sur gazon cette saison, après son titre à Berlin le mois dernier, la numéro deux mondiale et sa large panoplie de coups, n’a plus qu’un match à gagner pour entrer dans la légende. Et ce pour le plus grand bonheur des Tunisiens qui suivent avec passion le parcours londonien de celle qu’ils ont élevée au rang d’idole nationale.

“Tout le monde va regarder la finale samedi, ça m’apporte beaucoup de joie et de bonheur de voir autant de Tunisiens qui me supportent, ils vont vraiment m’aider à soulever ce titre-là, avec leurs encouragements et l’énergie qui me donnent, c’est incroyable, a déclaré Ons Jabeur, en conférence de presse, le 7 juillet, après avoir vaincu son amie, l’Allemande Tatjana Maria, en demi-finale de Wimbledon (6-2, 3-6, 6-1). J’ai trop hâte de vivre ces moment-là et de faire vivre aux Tunisiens ces moments incroyables, j’espère vraiment être présente et gagner le titre samedi”.

Le déclic en 2020

Née le 28 août 1994 à Ksar Hellal, dans le gouvernorat de Monastir, dans l’est de la Tunisie, Ons Jabeur a commencé très tôt à jouer au tennis. Très très tôt même puisqu’elle tape ses premières balles à l’âge de 3 ans à Hammam Sousse, banlieue chic de la station balnéaire de Sousse, sous les encouragements de sa maman Samira, elle-même licenciée dans un club de tennis local. Son club a alors pour seuls terrains les courts de tennis des hôtels voisins.

Dix ans plus tard, après avoir participé à des tournois nationaux, la jeune tenniswoman, qui affichait déjà la rage de vaincre qui l’anime aujourd’hui, intègre à 13 ans le lycée sportif de El-Menzah, à Tunis, et commence à jouer sur le circuit mondial junior de la Fédération internationale de tennis (ITF).

En 2011, en pleine révolution tunisienne, la prodige marque les observateurs en remportant le tournoi juniors de Roland-Garros. Ons Jabeur devient au passage la première joueuse nord-africaine sacrée en Grand Chelem dans cette catégorie.

Malgré les sacrifices et son énergie, son passage des juniors aux professionnels est compliqué. Elle confiera que les blessures et les mauvais choix de coachs ont longtemps freiné sa progression et son ambition de tutoyer les sommets.

C’est seulement depuis deux ans que Ons Jabeur affiche une régularité qui lui permet de rester dans le haut du tableau du circuit professionnel. Précisément depuis l’Open d’Australie en janvier 2020, où celle qui n’est alors classée que 78e mondiale ne s’incline qu’en quart de finale, face à l’Américaine Sofia Kenin, future lauréate du tournoi.

C’est le déclic ! En juin 2021, elle remporte le tournoi WTA 250 de Birmingham, le premier titre sur le circuit principal pour une joueuse maghrébine. Puis, la même année, l’ancienne fan de l’Américain Andy Roddick (numéro un mondial en 2003) se hisse en huitièmes de finale… à Wimbledon.

À l’AFP, Ons Jabeur expliquait alors avoir “gagné en expérience et confiance” à partir de l’Open d’Australie: “Les autres joueuses ont commencé à avoir peur de jouer contre moi (…) Ma façon de jouer reflète ma personnalité.”

“Je veux voir plus de joueurs de mon pays, du Moyen-Orient, d’Afrique”

Avec son tennis tout en toucher, de slices et d’amorties, elle a le jeu et le mental pour s’installer durablement au haut du classement WTA, en commençant par faire chavirer de joie tout un pays, samedi après-midi. Un pays qu’elle a quitté à l’âge de 16 ans, mais qui, lui, ne l’a jamais quitté.

Elle y revient régulièrement, notamment avec son entraîneur Issam Jalleli et son mari et préparateur physique, Karim Kamoun, tous les deux Tunisiens, et reste engagée dans plusieurs opérations humanitaires (éducation et santé) en faveur d’une jeunesse tunisienne plombée par la grave crise politico-économique qui sévit dans le pays.

Ons Jabeur profite également de sa notoriété pour envoyer des messages d’espoir à cette jeunesse. “Je joue pour mon pays, a-t-elle confié jeudi. Ce n’est pas seulement Ons Jabeur mais aussi Ons Jabeur la Tunisienne, l’Arabe aussi. Je suis très contente de représenter ces petites jeunes filles qui rêvent d’être là et même les garçons, ce n’est pas impossible d’être là”.

“Je veux aller encore plus haut et être une source d’inspiration pour plus de générations, parce nous voulons voir plus de joueurs venir de cette zone du monde. Je veux voir plus de joueurs de mon pays, du Moyen-Orient, d’Afrique”, a-t-elle ajouté.

“Il y a eu un moment où nous n’avons pas cru que nous pouvions le faire. Et maintenant, j’essaie de démontrer qu’on le peut. J’espère que ça inspirera des gens”, a conclut celle que les Tunisiens ont surnommée “Onstoppable”, un jeu de mots entre son prénom et “unstoppable”, “inarrêtable” en anglais, et “la ministre du Bonheur”.

Un ministère qu’elle veut conserver “pour toujours”.

Avec AFP

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