Après l’annonce par le Premier ministre Boris Johnson de sa démission, jeudi, le député Tom Tugendhat, est devenu dans la soirée le premier à se déclarer candidat à la succession du leader conservateur. D’autres prétendants, comme le ministre de la Défense Ben Wallace, ou la secrétaire d’État au Commerce extérieur, Penny Mordaunt, sont pressentis.
La course à la succession de Boris Johnson est lancée vendredi 8 juillet au sein du Parti conservateur britannique, au lendemain de la démission du Premier ministre emporté par une avalanche inédite de défections dans son gouvernement en raison des scandales à répétition.
Sans attendre le calendrier, prévu la semaine prochaine, pour l’élection d’un nouveau leader conservateur, le député Tom Tugendhat, président de la commission des Affaires étrangères au Parlement, a confirmé dès jeudi soir sa candidature, devenant ainsi le premier à se déclarer après l’annonce du départ de Boris Johnson.
Parmi les principaux candidats pressentis pour lui succéder, figurent en haut de tableau le ministre de la Défense Ben Wallace, suivi, selon un sondage YouGov, par la secrétaire d’État au Commerce extérieur, Penny Mordaunt, figure de la campagne en faveur du Brexit.
En annonçant sa démission dans une courte allocution devant Downing Street, Boris Johnson, 58 ans, a précisé qu’il resterait au pouvoir jusqu’à la désignation de son successeur.
“J’ai nommé un nouveau gouvernement qui sera en poste, tout comme moi, jusqu’à ce que le nouveau dirigeant soit en place”, a-t-il déclaré, sans un mot pour la crise ouverte provoquée par la soixantaine de démissions dans son gouvernement depuis mardi, après un énième scandale.
Lors d’un conseil des ministres dans l’après-midi, il a précisé qu’il laisserait les “décisions budgétaires majeures” à son successeur, avant d’annoncer une série de nominations pour regarnir les rangs d’un gouvernement décimé.
L’idée d’un intérim a été immédiatement dénoncée par l’opposition et certains poids lourds conservateurs. L’ex-Premier ministre John Major (1990-1997), a jugé “imprudent et peut-être intenable” que Boris Johnson reste “plus longtemps que nécessaire” à Downing Street.
“Nous n’avons pas besoin d’un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d’un vrai changement de gouvernement”, a fait valoir le chef de l’opposition Keir Starmer.
“Immensément fier”
Une majorité des Britanniques (56 %) veulent aussi que l’intérim soit assurée par quelqu’un d’autre, selon un sondage YouGov. 77 % pensent que Boris Johnson a eu raison de démissionner.
À l’image des sentiments que suscite Boris Johnson, les unes de la presse britannique affichent vendredi un large éventail : d’un affligé “Que diable ont-ils fait ?” (Daily Mail), un reconnaissant “Merci” pour le Brexit (The Sun, Daily Express), au “Pire Premier ministre de tous les temps” (Daily Record), en passant par de plus sobres “Johnson jette l’éponge” (The Times) ou encore “C’est (presque) fini” (The Guardian).
En annonçant sa démission, Boris Johnson s’est dit “immensément fier” de son bilan, en évoquant notamment le Brexit, la campagne de vaccination anti-Covid et son soutien à l’Ukraine.
Après deux ans et 349 jours tumultueux au pouvoir, marqués par le Brexit dont il était le héros, la pandémie, l’invasion russe en Ukraine, une inflation record et une montée des conflits sociaux, Boris Johnson a été poussé vers la sortie par son propre camp, lassé par les scandales à répétition et ses mensonges.
“Nouvelle page”
Après l’annonce de sa démission, Boris Johnson a téléphoné au président ukrainien Volodymyr Zelensky. La présidence ukrainienne l’a remercié pour son soutien “dans les moments les plus difficiles”.
Son départ est “une opportunité pour revenir à l’esprit véritable du partenariat et du respect mutuel dont nous avons besoin”, a de son côté estimé le Premier ministre irlandais Micheal Martin, alors que les relations entre Dublin et Londres sont tendues au sujet de l’Irlande du Nord.
Après des années de relations houleuses, l’Union européenne espère aussi que le départ du champion du Brexit sera l’occasion de renouer le dialogue avec Londres sur l’Irlande du Nord.
Officiellement, la Commission européenne s’est refusée à tout commentaire, mais pour l’ancien négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, “le départ de Boris Johnson ouvre une nouvelle page dans les relations avec la Grande-Bretagne”.
Avec AFP